Véhicule autonome : à force d'attendre, la France va-t-elle laisser le champ libre aux acteurs chinois ?
La France est-elle prête pour accueillir les véhicules autonomes ? Un rapport piloté par Anne-Marie Idrac, présidente de France Logistique, relayé par le média Contexte, fait le bilan de la stratégie nationale 2023-2024 pour le véhicule autonome. Ce document, réalisé avec six ministères et France véhicule autonome (une entité de la PFA), met aussi en évidence des propositions pour les deux ans à venir.
Selon Anne-Marie Idrac, la stratégie engagée par la France depuis 2018 pour permettre la conduite automatisée se trouve sur la bonne voie. Rappelons que l’Hexagone, d’un point de vue législatif, a encadré la "mobilité routière automatisée et connectée" via un texte publié en 2021. Une législation jugée "complète" pour le "transport de personnes depuis 2022" mais qui devait être étoffée pour préparer le terrain pour le transport de marchandises avec la publication d’un décret.
Pour mémoire, le décret actuel autorise la conduite automatisée pour les véhicules autonomes de niveau 3 sur les routes séparées par un terre-plein central. Notons que la vitesse de la voiture doit être limitée à 60 km/h.
En revanche, la directrice de France Logistique considère, auprès de nos confrères de Contexte, que le retard vient de "l’investissement privé", précisant que les véhicules autonomes peuvent rouler dans l’Hexagone, mais qu’"il n’y a pas de marché". Anne-Marie Idrac précise, qu’actuellement, la conduite automatisée ne dépasse pas le stade de l'expérimentation.
Dans le rapport, la présidente de France Logistique insiste sur le fait de devoir passer à l’étape du “déploiement” pour les deux prochaines années. Elle recommande pour cela de se rapprocher d’acteurs internationaux par le biais de partenariat, en particulier chinois. Des collaborations qui devront porter sur "certaines briques technologiques".
La place est libre pour les acteurs chinois
En effet, si les acteurs américains se concentrent sur leur marché local, les entreprises chinoises spécialisées dans le domaine commencent à montrer de l'intérêt hors de leurs frontières. À coup de milliards de dollars, les entreprises chinoises ont massivement investi dans la conduite automatisée depuis le début des années 2010.
Ainsi, d’ici à la fin de l’année 2025, Baidu espère tester pour la première fois des taxis autonomes en Suisse, selon un contact auprès de l’agence de presse AFP. Le géant chinois de la tech serait, selon le Wall Street Journal, en pourparlers pour mettre en place son service de robot-taxi Apollo Go avec la filiale de la Poste Suisse spécialisée dans l'exploitation de réseaux de bus régionaux et urbains, CarPostal.
Au cœur de la fédération helvétique, le terreau législatif semble être fertile pour l’implantation de la conduite automatisée. En effet, l’un des rivaux de Baidu, WeRide, a par exemple annoncé en janvier 2025 avoir été choisi dans le cadre d’un projet pilote sur le véhicule autonome en Suisse. Ailleurs en Europe, Pony.ai, autre spécialiste du véhicule autonome, a annoncé avoir obtenu les permis pour mettre à l’essai ses véhicules autonomes au Luxembourg.
Quid des acteurs européens sur le robot-taxi ?
En Europe, les acteurs 100 % européens qui prévoient l’implantation de services de robot-taxi se font rares. Pour le moment, seule la marque croate spécialisée dans le véhicule électrique, Rimac, a l’ambition de lancer des robots-taxis d'ici à 2026. Dans l’Hexagone, des start-up ont tenté l’aventure autonome par le biais des navettes automatisées, qui ont dû voir leurs ambitions stoppées nettes, faute d’investissements.
"D’emblée, elles ont voulu tout faire, tout maîtriser dans la chaîne des briques technologiques. Elles ont également subi des changements intempestifs de dirigeant et de stratégie, avait précisé dans nos colonnes Anne-Marie Idrac. Il faut tirer les conclusions de cette séquence parce que ces entreprises ont mis à la route des navettes autonomes qui circulent encore aujourd’hui partout dans le monde."
La présidente de France Logistique, en tant que haute représentante du gouvernement sur la voiture autonome, propose d’ailleurs espère "standardiser les démonstrations de sécurité et les processus d’homologation", encore coûteux, qui freine le passage à l’échelle du véhicule autonome.
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