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Uber reprend Careem et suscite des interrogations

Publié le 27 mars 2019

Par Gredy Raffin
3 min de lecture
Le géant mondial de VTC a finalisé la reprise intégrale de son alter ego, Careem, dont le périmètre est centré sur le Moyen-Orient. Une opération scellée pour 3,1 milliards de dollars à des conditions qui ne manquent d'attirer l'attention.
Magnus Olsson, Dr Abdulla Elyas et Mudassir Sheikha, les cofondateurs de Careem.

 

Uber devient le roi du VTC au Moyen Orient. Le géant californien s'est en effet porté acquéreur de l'intégralité des actifs de Careem, la plateforme VTC de référence dans la région. Une transaction dont le montant atteint 3,1 milliards de dollars, selon les éléments communiqués par le groupe américain. Il explique avoir offert 1,4 milliard de dollars en liquide et 1,7 milliard de dollars en billets convertibles et s'attend à boucler le dossier, au premier trimestre 2020 après avoir reçu les validations légales.

 

Uber a fait savoir que l'entité restera indépendante. Mudassir Sheikha en restera le PDG. Depuis sa création, en 2012, Careem s'est établi dans 120 villes de 15 pays différents. Une croissance soutenue par Iris Capital, le tout premier actionnaire d'envergure de la start-up dont la plateforme intégrait à la fois le service de transport de personnes, mais aussi la livraison de marchandise et une solution de paiement digital en propre. Un volant d'activité qui avait été évalué à un peu plus de 2 milliards de dollars, il y a encore peu de temps.  

 

Avantage aux investisseurs

 

"La croissance a été rapide pour devenir la plus importante plateforme de la région, note Angus Paterson, associé chez Iris Capital. Il y a véritable potentiel au Moyen Orient où les solutions de transport publics sont pauvres". Mais cela ne manque d'interpeller. Le choix calendrier surprend. "C'est assez rare que les sociétés privées se lancent dans un rachat juste avant leur entrée en bourse. En général, les acquisitions de ce type se font après", relève Meziane Lasfer, professeur à Cass Business School, à Londres. En effet, Uber prévoit de s'introduire la place boursière, au cours du mois avril.

 

Si l'IPO doit permettre de lever des fonds pour financer des développements, alors pourquoi lancer les hostilités, dès maintenant ? Les 1,7 milliard de dollars promis ne seront convertis que si la valeur des actions d'Uber dépassent 55 dollars. "Pour simplifier, la valeur qu'Uber accorde à Careem est très incertaine, résume le professeur. La somme minimum garantie est donc de 3,1 milliards, mais en réalité cette évaluation dépend essentiellement du cours des actions d’Uber après son introduction en bourse. A titre d’exemple, si le prix d'Uber monte à 110 $ l'action, cela signifie que la valeur réelle de Careem est de 4,8 milliards de dollars". L'avantage est donc donné aux investisseurs de Careem.

 

A l'inverse, les clients peuvent en souffrir, d'après les observateurs. Uber contrôlera les deux plateformes principales et pourrait faire grimper les prix. A moins que l'intérêt se trouve ailleurs. Les cités les plus aisées du Moyen Orient se montrent disposées à accueillir des solutions de transport autonomes en tout genre, Uber préempte ainsi une région commerciale à laquelle il pourra vendre, dans des proportions très larges, des robot-taxis, une fois la technologie mise au point. Cela pourrait être une des réponses à la question de la précipitation. "La mobilité, le paiement dématérialisé et l'e-commerce sont des secteurs porteurs que nous allons continuer d'investir", ne cache pas pour sa part Angus Paterson. D'autres licornes autour du Golfe persique ?  

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