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TomTom : "Etendre les zones de test de nos clients"

Publié le 21 septembre 2016

Par Gredy Raffin
6 min de lecture
A quelques jours du Mondial de Paris, Antoine Saucier, le directeur de la division Automobile de TomTom, a évoqué les projets nourris par le cartographe. Au menu s'affichent évidemment la conduite autonome et ses subtilités, dont l'extension prochaine de la couverture haute définition. Entretien.

JOURNAL DE L'AUTOMOBILE. Six mois après votre dernière rencontre avec le Journal de l'Automobile, quel est l'état de la situation dans l'univers de la cartographie ?

ANTOINE SAUCIER. Le paysage se clarifie. Après une période de prospection et de recherche, chacun trouve sa place. Il est évident que la cartographie va tenir un rôle important dans le futur de l'automobile et deux compétiteurs dont la stratégie consiste à accompagner les constructeurs, TomTom et Here ont été identifiés et confortés dans leur position. Viennent les étapes successives de la mise en concert des différentes technologies pour que la voiture autonome fonctionne, puis l'éducation des utilisateurs. On note à ce moment de l'histoire que tout converge à nouveau vers la cartographie, car un véhicule autonome a d'abord besoin d'un point de destination.

JA. On comprend que, pour vous également, l'interface homme-machine tiendra un rôle crucial ?

AS. En effet, il faudra rendre le véhicule intelligible. Prenons un exemple: après avoir renseigné sa destination, le conducteur aura le choix entre différents trajets. Le système devra alors être en mesure d'expliquer que la différence pourrait résider dans le temps d'autonomie de la conduite dont il pourra profiter. Peut-être le conducteur préférera-t-il un trajet plus long, mais qui lui laisse les mains libres, s'il n'est pas pressé par le temps. L'algorithme va se complexifier, mais, en façade, nous devons rester simples pour l'utilisateur. Voilà un des nouveaux défis à relever si l'on veut encourager l'emploi des fonctionnalités.

JA. Existe-t-il d'autres problématiques dont vous avez pris conscience ?

AS. Quand un conducteur est au volant, nous lui donnons des instructions, mais quand le véhicule se conduit tout seul, nous devons apporter des explications sur les choix qui sont faits, et le rassurer. Nous allons donc devoir trouver des solutions.

JA. Partant de ce constat, vos travaux de recherche vous poussent-ils à envisager des partenariats dans l'IHM ?

AS. Nous voyons des équipementiers explorer les pistes de l'éclairage intelligent dans les habitacles. Ce n'est pas directement lié au véhicule autonome, mais nous cherchons à nous interfacer avec ce type de solutions car nous pourrions apporter des innovations, comme un éclairage calculé sur la fluidité du trafic ou, plus important encore, sur la gestion des zones de transition entre la conduite autonome et la conduite manuelle. C'est-à-dire que la voiture comprendra grâce à la donnée cartographique qu'il faut préparer le conducteur à reprendre le contrôle.  

JA. Sous quel signe allez-vous placer le Mondial de l'Automobile 2016 ?

AS. Je crois que nous allons le placer sous le signe de cette période charnière que je viens de décrire. Cette phase qui nous fait passer de la navigation traditionnelle, celle qui a fait notre succès, à la navigation de très haute définition, en réponse aux attentes des constructeurs, révolution de véhicules autonomes. Le Mondial de Paris va être l'opportunité de faire la démonstration de nos dernières avancées technologiques.

JA. L'actualité a été plutôt calme de ce côté, qu'en est-il des signatures de contrats ?

AS. L'an passé, nous avions un objectif de 100 millions d'euros de prises de commandes et avons terminé à 300 millions environ. Nous sommes dans une phase de croissance, en termes de résultats et de commandes. Le marché européen repart un petit peu. Il y a de nouveaux lancements, comme ceux de PSA.  

JA. Avec plus de hauteur, dans quelle dynamique se trouve le marché ?

AS. Nous avons gagné un contrat chez Volvo de fourniture de logiciel, de cartographie et de services à l'échelle mondiale, dans une vision que l'on connaît, celle de réduire à zéro le nombre de morts. Une conquête de marché significative. Je crois qu'il y a un véritable élan de construction de partenariats. Les industriels calculent les projets sur le long terme. Tout ce que nous avons bâti dans l'info-divertissement résulte de cette logique visionnaire et trouve un débouché naturel dans le véhicule autonome. L'avantage étant que nous ne sommes ainsi pas déconnectés des attentes clients.

JA. Et comment cela va-t-il se traduire au Mondial 2016 ?

AS. Il y aura des annonces fortes au Mondial, qui concernent aussi bien des élargissements de périmètre que des nouveaux contrats. Prenons l'exemple de Fiat. Nous travaillons de longue date avec le groupe et, depuis, nous avons intégré Alfa Romeo et Lancia. Prochainement, TomTom aura des produits destinés à d'autres véhicules du groupe Fiat Chrysler. Nous discutons par ailleurs avec les constructeurs asiatiques, tels que Nissan et Toyota, entre autres.

JA. Depuis que l'Onuci a pris position, les gouvernements donnent des possibilités d'expérimentation du véhicule autonome, qu'est-il prévu chez TomTom ?

AS. Nous nous réjouissons de ces avancées législatives, réalisées dans les temps. En tant que partie prenante engagée dans la conduite autonome, nous aurons des annonces à faire dans ce domaine. Nous allons pouvoir étendre les zones de test de nos clients.

JA. Aura-t-on, par exemple, une cartographie en haute définition de Paris pour le Mondial ?

AS. Par exemple (sourire).

JA. Aussi puissant soit le groupe, les capacités d'investissements ne sont pas infinies. Quels sont vos arbitrages stratégiques ?

AS. Nous ciblons le développement de territoires. Nous couvrons à ce jour vingt Etats américains et une partie de l'Allemagne. TomTom veut couvrir l'intégralité des routes principales aux Etats-Unis et en Europe, avant la fin 2017. Nous choisissons les axes en fonction de nos convictions et des demandes des clients. En fait, ce n'est pas un problème de taux de couverture, mais de pertinence. J'en veux pour preuve l'arrivée prochaine des robot-taxis qui vont inviter à se concentrer sur des périmètres très précis dans un but que l'on connaît.

JA. Justement, vos accords avec Volvo, qui s'est associé à Uber pour concevoir des robot-taxis, pourrait-il s'étendre au-delà de Pittsburg ?

AS. Oui, très clairement, ce n'est pas à exclure.

JA. Où en est-on de l'établissement d'un format de données ?

AS. TomTom a toujours été ouvert, d'où notre contribution au sein du consortium NDS. Ce format technologique est arrivé à maturité. Maintenant, il reste à savoir comment les travaux de chacun, sur les composants, vont s'accorder de sorte à ce que tout fonctionne.

JA. Quels sont les freins ?  

AS. Il n'y a pas de blocage, mais un travail de R&D qui demande du temps. Rien d'anormal. Bien entendu, il demeure une part de secret industriel qui protège un savoir-faire, mais dans le véhicule autonome, il est question d'interconnexion au-delà de tout ce qu'on n'a jamais réalisé.

JA. Plus personnellement, quelle est votre conviction ?

AS. Je suis intimement convaincu que le standard doit être mondial. Il n'est pas envisageable que les véhicules autonomes intègrent des notions de régionalité, par continent ou par pays. Ensuite, je pense qu'il y aura une phase de transition avec une intégration progressive des technologies, sauf pour les robot-taxis, qui débarqueront dans leur forme définitive, à savoir sans chauffeur.

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