“Sur l’hybride, nous sommes limités par l’offre constructeurs”
JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Pouvez-vous nous présenter le parc automobile d’Eiffage ?
LAURENT JOLIVET. Au global, le parc d’Eiffage est composé d’un peu plus de 23 000 véhicules. Pour la branche Construction, dont je suis responsable, ce sont 4 000 véhicules. La répartition, qui est sensiblement la même, est de 70 % de VUL et 30 % de VP. Ce parc, financé à 90 % en LLD, est uniquement composé de véhicules de marques françaises. Ce sont tous des Diesel, pour des raisons de fiscalité. La durée moyenne des contrats court sur quarante-huit mois.
JA. Comment financez-vous les 10 % restants ?
LJ. Selon l’activité, il faut savoir que nous utilisons des véhicules qui nécessitent d’être transformés, et qui ne peuvent donc être loués. C’est le cas pour les nacelles ou les véhicules équipés de bras télescopiques. Pour ces véhicules-là, nous avons opté pour le crédit-bail. En outre, nous avons un parc de véhicules en propriété qui est obsolète, et nous essayons de le céder. Nous rentrons dans une ère où nous voulons maîtriser tous les coûts. Nous améliorons donc du mieux que nous pouvons ce taux restant.
JA. Pourquoi ce recours massif à la LLD ?
LJ. La LLD, c’est le choix d’une certaine facilité économique. C’est une alternative à l’achat pur, pour des véhicules qui pâtissent d’une dépréciation forte. Pour Eiffage, détenir un véhicule et le vendre ensuite n’est pas viable. Cela nécessite une maîtrise des risques pendant la durée d’utilisation, puis, soi-même, trouver les canaux de vente… Ce n’est pas notre métier ! De plus, la LLD permet à l’entreprise de maîtriser ses dépenses car les loyers sont identiques chaque mois.
JA. Avec qui travaillez-vous ?
LJ. Nous fonctionnons avec les trois loueurs que sont ALD Automotive, Overlease et Arval. Nous les avons sélectionnés parce qu’ils ont été les meilleurs lors des appels d’offres. Les différenciations entre les loueurs se font sur la performance économique ainsi que sur les services associés. Et mon rôle est de trouver ce bon équilibre.
JA. Vous déclarez ne faire appel qu’aux marques françaises. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
LJ. Tout d’abord, nous sommes un groupe français. Il apparaît “naturel” de travailler avec les marques françaises. Cela a toujours été le cas. Notre choix est aussi orienté sur une offre produits de plusieurs modèles, avec un taux d’équipement intéressant tant en termes de confort que de sécurité. Et chez les constructeurs, il y a de quoi bâtir un référencement allant jusqu’au Premium, avec des modèles qui se rapprochent de l’offre allemande.
JA. En termes de services, quelle démarche adoptez-vous ?
LJ. Dès le départ, il faut se donner un cadre général. Tous nos contrats LLD contiennent au minimum l’entretien et l’assistance. En revanche, sur le carburant, les pneumatiques, l’assurance ainsi que le véhicule de remplacement, nous externalisons. Passer en direct avec d’autres sociétés sur ces items nous permet d’affiner les besoins et d’éviter une offre standard. Il y a quelques années, il y avait un grand fossé entre les offres tout compris des loueurs et les offres en direct des entreprises de services. Mais ces fournisseurs, qu’ils soient de vitrage, de pneumatiques ou autres, ont revu tout cela et se sont adaptés.
L’association de ces deux modes de fonctionnement nous permet de maîtriser les aspects tarifaires et de service.
JA. Quelles difficultés rencontrez-vous avec la LLD ?
LJ. Avec la location longue durée, il faut essayer de tout prévoir à l’avance. Or, nous ne sommes pas devins. Il y a de multiples points sensibles dans cette gestion. Par exemple, on a beau avoir assuré toutes les économies possibles sur le contrat, si les frais de restitution sont trop élevés, l’équation de départ n’est plus bonne.
Il existe de nombreux items à sélectionner lorsqu’on choisit un loueur. Du choix du produit jusqu’à la restitution, il faut tout déterminer par écrit. Ceci pour éviter qu’à la fin du contrat, l’histoire ne soit plus aussi belle qu’elle ne le paraissait. Cela demande un travail de fond et des échanges constructifs avec les partenaires.
JA. Au quotidien, comment effectuez-vous le suivi de la flotte ?
LJ. La mission de gestionnaire est variable. Le rôle opérationnel n’est jamais écrit. Notre fonction première est orientée vers les collaborateurs de l’entreprise. Et puis, il y a une partie conséquente sur l’aspect financier. Il faut établir le TCO prévisionnel, et faire en sorte qu’il coïncide avec le TCO réel.
Il faut trouver les meilleurs référencements pour les services, et s’attacher au suivi financier en termes de consommation, de maintenance et d’accidentologie. Le logiciel Gac Technology nous aide dans ces missions.
Il ne faut pas non plus négliger les remontées terrain. Elles nous permettent en premier lieu de veiller à la sécurité des collaborateurs. “Est-ce que le véhicule est bon ?”, “Y a-t-il des anomalies moteur ?”… Nous avons pour cela une gestion régionale. Nous échangeons sur les bonnes pratiques par téléphone ou e-mail. Si, par exemple, nous nous rendons compte que la consommation est importante, nous prenons des mesures.
JA. En termes d’équipements justement, qu’avez-vous déterminé ?
LJ. Dans notre grille, nous ne faisons pas de concessions sur les équipements de sécurité. Si l’on prend les VUL par exemple, ils étaient à l’origine dépourvus d’options comme l’ESP ou l’airbag passager. Ce sont des équipements que nous demandons, même si cela implique des coûts supplémentaires. Tous nos VP sont équipés du régulateur de vitesse, très souvent du GPS ou de l’aide au stationnement. Nous veillons à de nombreux autres points, notamment la charge supportée sur nos VUL.
Avec la direction de la prévention, nous sensibilisons au risque routier et à la façon de conduire, le but étant d’éviter des dérives d’utilisation. Nous avons une charte interne que nous faisons lire, contenant des règles et des engagements. C’est le point de départ pour tout nouveau collaborateur. Nous veillons ainsi en amont sur leur sécurité.
JA. Comment maîtrisez-vous la facture énergétique ?
LJ. Quotidiennement, nous essayons de baisser nos taux d’émissions de CO2. Cela commence avec le travail des constructeurs et les produits qu’ils proposent. De notre côté, nous avons déterminé qu’il n’y aurait pas de véhicule soumis au malus écologique dans notre grille. Nous souhaitons, aussi, favoriser l’hybride, mais nous sommes limités par l’offre. Il faut mettre cela, petit à petit, dans notre car policy. Nous faisons déjà confiance à Citroën et Peugeot.
Du côté des véhicules électriques, nous nous efforçons d’en déployer dans notre parc, avec le Kangoo ZE par exemple. Nous avons également commandé des Renault Zoé, qui nous servent de véhicules de pool. A l’horizon 2015, nous tablons sur 300 véhicules propres. Notre seule contrainte est de rassurer les collaborateurs sur l’autonomie de ces véhicules. Il faut voir ensemble si leur activité est susceptible ou non de dépasser les 150 km quotidiens. A nous ensuite de toujours mieux maîtriser le TCO avec ce type de véhicule dans notre référencement.
Nous pouvons compter sur les constructeurs et les loueurs pour nous accompagner dans ce domaine.
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