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“Simplauto offre aux internautes une visibilité sur les prix et sur les centres les plus performants”

Publié le 4 février 2015

Par Frédéric Richard
8 min de lecture
Un an après son lancement, le comparateur de prix de contrôle technique Simplauto séduit incontestablement les automobilistes. Un succès qui n’est pas sans irriter la profession, qui considère que l’initiative attise la guerre des prix. Le fondateur s’exprime sans détour.
Mickaël Barbosa, co-fondateur de Simplauto et Viken Kojakian, son associé.

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Pouvez-vous revenir sur la genèse du concept Simplauto ?
MICKAEL BARBOSA.
Avec Viken Kojakian, mon associé, nous avons lancé le site en février 2013, au terme d’une année de développement. Nous sommes tous deux étudiants à l’EM Lyon au sein d’un master entrepreneur et, dans le cadre de notre cursus, nous devions plancher sur un projet de création entreprise. A cette époque, je travaillais aussi chez Smart et, en discutant avec un client de l’atelier également propriétaire d’un centre de contrôle technique, je me suis aperçu qu’il avait des problèmes de remplissage de son point de vente à certaines périodes. Parallèlement, en cherchant moi-même à passer une visite obligatoire pour un véhicule, j’ai pu constater que peu d’infos circulaient sur Internet concernant le contrôle technique, notamment sur les prix, alors que de grosses disparités existent. C’est de ces constats que nous sommes partis pour créer le comparateur Simplauto.

JA. Pourquoi ce nom, “Simplauto”, et pas une dénomination plus en rapport avec le contrôle technique ?
MB.
Durant la phase de développement, en naviguant sur les sites des grands opérateurs du contrôle technique, nous avons très rapidement compris que beaucoup de choses restaient à entreprendre sur le Web dans ce secteur. Par exemple, les réservations prenaient à l’époque une douzaine de pages, avant de parvenir à un résultat. Nous pouvions faire mieux, plus rapidement et plus simplement. D’où l’idée de Simplauto, puisque le site propose également la réservation en ligne pour certains de ses adhérents. Par ailleurs, en prenant le nom Simplauto, nous avons aussi anticipé des développements futurs, qui ne seront pas forcément liés au seul univers du contrôle technique.

JA. Comment récupérez-vous les données prix des centres ?
MB.
C’est en fait notre outil informatique qui va chercher les tarifs affichés sur les sites Internet des opérateurs, puis les met en forme et les agrège sur Simplauto. Mais il a fallu aller plus loin, puisque seuls 50 % des centres affichent leurs tarifs sur le Net. Nous avons donc mis en place une plate-forme d’appels téléphoniques, pour obtenir les tarifs de l’autre moitié du marché. Et nous n’avons pas vraiment besoin de pratiquer des mises à jour ponctuelles, puisque, dans le cas d’un centre qui baisse ses tarifs, c’est en général lui qui nous contacte pour que nous affichions le nouveau prix sur Simplauto. Enfin, nous avons passé le cap du million de visiteurs uniques sur le site. Du coup, nos utilisateurs constituent eux aussi une remontée complémentaire d’informations pour nous.

Aujourd’hui, nous recensons ainsi les prix de 5 600 centres dans la base, sur les 6 200 qui quadrillent la France. En ce qui concerne les restants, ce sont souvent les plus chers, qui ne voulaient pas donner leurs tarifs. Ce n’est finalement pas très grave, puisque l’automobiliste recherche parmi les meilleurs prix sur sa zone.

JA. Pouvez-vous nous parler de votre modèle économique ?
MB.
D’abord, nous donnons des repères à l’internaute sur les prix pratiqués sur sa zone. Par ailleurs, nous sommes là pour remplir les créneaux vides des centres. Nous proposons ainsi à ceux qui deviennent partenaires de pratiquer des remises sur ces créneaux, afin de réduire leur impact néfaste sur les coûts fixes de leur entreprise. Bien sûr, le centre affilié ne discounte que les créneaux qu’il désire, en fonction de sa charge.

Le modèle est bien entendu totalement gratuit pour l’internaute, il peut même obtenir une remise supplémentaire grâce à notre service. La présence des centres est également gratuite sur Simplauto, nous ne faisons payer que ceux qui veulent devenir partenaires affiliés, c’est-à-dire bénéficier de services supplémentaires, comme l’offre de prise de rendez-vous directe sur le site de Simplauto par exemple. Pour cela, nous proposions auparavant des formules par abonnement, mais nous avons abandonné pour des raisons de transparence vis-à-vis des centres. Désormais, nous ne fonctionnons plus que par commission, et le centre partenaire ne nous rémunère que lorsque nous lui apportons un client. Il est également tenu de proposer une remise supplémentaire de minimum 10 %, en tant qu’affilié.

JA. Avec un an de recul, le monde du contrôle technique vous a-t-il bien accueilli ?
MB.
Nous n’étions pas dupes, nous savions que les réseaux ne verraient pas notre initiative d’un bon œil. Sur une seule page Web, nous mettons en lumière les disparités qui peuvent exister sur des zones de seulement 5 kilomètres, et qui peuvent parfois aller de 52 euros à 98 euros pour une même visite ! D’ailleurs, nous présentons chaque année une étude détaillée qui montre ces disparités.

JA. Le risque n’est-il pas grand de voir certains professionnels utiliser vos services pour discounter tous leurs créneaux horaires et ainsi faire de l’achat de parts de marché, favorisant une guerre des prix dommageable pour toute la filière ?
MB.
Bien sûr, cela arrive. Mais je souligne que les grands opérateurs ne nous ont pas attendus pour faire des ventes flash. Après, c’est la loi du marché et de la concurrence. Je pense qu’il faut se montrer cohérent quand on adresse une telle critique. Nous sommes là pour afficher les tarifs tels qu’ils existent. Les prix sont libres en France. On ne peut pas s’en satisfaire et empêcher des outils favorisant la libre concurrence, comme Simplauto !

Les réseaux nous critiquent aussi sur les remises proposées sur Simplauto, mais à titre personnel, j’ai moi-même reçu trois courriers de réseaux différents un mois avant l’échéance d’une visite pour une voiture, avec une grosse remise proposée par lesdits réseaux, dans le cadre d’une offre nationale, basée sur le fichier 3A. Et je parle là d’une remise globale, pas uniquement valable sur les seuls créneaux à faible charge. Qui mène la guerre des prix dans ce cas ?

JA. Avez-vous eu l’occasion de présenter votre offre aux réseaux, et de leur présenter éventuel un accord-cadre ?
MB.
Notre métier consiste à aller chercher des clients sur le Net. En cela, nous faisons peur car, du jour au lendemain, nous sommes devenus la seconde audience du secteur. Ils ne s’attendaient pas à ce que l’on draine autant d’utilisateurs. Les réseaux sont parfaitement conscients que notre système fonctionne. Nous avons rencontré la plupart des responsables, certains même avant que notre service soit disponible. Ils sont curieux de notre démarche. Ils ont eu un peu peur au début d’une initiative qui compare les prix et peut en quelque sorte bouleverser l’ordre établi. Je pense qu’actuellement, tout le monde se regarde et attend de voir la démarche de l’autre sur le sujet.

JA. Quelles sont les raisons qui poussent les centres à devenir partenaires ?
MB.
Certains centres se demandent pourquoi leur tête de réseau ne communique pas plus dans les médias pour amener du trafic chez eux, alors que c’est aussi pour cela qu’ils paient une redevance sur chaque contrôle. Nous sommes là pour leur apporter cette visibilité sur Internet, que leur tête de réseau ne leur donne pas à la même hauteur. Nous avons l’exemple d’un centre qui s’est créé en partant de zéro. Il a choisi de nous rejoindre et, au bout d’un mois, nous lui avions apporté 40 clients.

JA. Mais alors, en quoi votre initiative diffère-t-elle des offres ponctuelles des réseaux ?
MB.
Il n’y a rien de révolutionnaire dans ce que nous faisons. Nous affichons juste sur une même page des tarifs d’acteurs parfois concurrents, qui sont publics. Nous considérons que certaines zones ou villes souffrent d’abus et que, du fait que les prix sont libres, il y a de la place pour des acteurs qui veulent pratiquer des contrôles moins chers sur les périodes où ils sont les moins chargés. Mais attention, proposer des visites à 1 euro ou 9,99 euros n’est pas dans notre démarche.

Et pour étayer ce discours, je vous annonce que, sur la version 2 du site prévue pour le printemps, les centres partenaires pourront également afficher leurs créneaux classiques non remisés. Un service qui permettra aux affiliés qui le souhaitent d’externaliser complètement leurs prises de rendez-vous en bénéficiant de notre audience. Ils pourront même exporter notre agenda sur leur propre site, afin de n’exploiter qu’un seul système de réservation.

JA. Disposez-vous de statistiques claires concernant le business additionnel que peut apporter le service Simplauto ?
MB.
Nous ne raisonnons pas en ces termes, car la pertinence du modèle varie d’une zone à l’autre. Nous pouvons apporter 120 clients par mois dans certaines villes, et d’autres dans lesquelles nous apportons 10 contrôles. Mais, de toute façon, l’exploitant de centre ne paie que s’il tire un bénéfice de nos services. D’ailleurs, nous proposons également des essais gratuits sur un mois pour tester le modèle sur une zone.

JA. Que répondez-vous au CNPA, qui affirme que vos statistiques annuelles concernant les prix du CT en France sont erronées ?
MB.
Le CNPA, par la voix de Nicolas Bouvier, également président de Dekra, affirme que la visite moyenne est facturée 40 euros HT. Tout d’abord, je trouve cela très limite de parler en hors taxe. Quel particulier s’y intéresse ? De plus, je pense que les gens ne sont pas dupes, ils savent parfaitement combien ils ont payé leur dernière visite, et que la moyenne se situe bien au-dessus de 48 euros TTC. Nous l’avons établie à 65 euros. Enfin, critiquer nos chiffres est ridicule, puisqu’ils proviennent uniquement des propres sites Internet des réseaux. Nous n’avons rien inventé ! Et ce ne sont pas les 5 % de remise accordés ponctuellement à un automobiliste qui bouleversent la donne.
 

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