Seules les règles changent
L’été est passé et a emporté avec lui les avertisseurs de radar. Le projet de loi proposé en mai dernier par le gouvernement poursuit son cheminement. Les panneaux signalant la présence des cabines de contrôle de vitesse disparaîtront et, tout aussi logiquement, les boîtiers remplissant la même fonction suivront la voie. Avant que cette mesure ne soit prise, le marché était pourtant florissant. Peut-être le seul où les fabricants disaient avoir encore de belles perspectives de croissance (voir JA n° 1138), d’autant que les boîtiers entraient dans une ère de communautarisme et de communication en temps réel.
Au 28 novembre prochain, cette époque sera définitivement révolue, selon le protocole d’accord signé par le gouvernement et les fabricants. A cette échéance, en effet, les avertisseurs de radar deviendront officiellement et définitivement des assistants d’aide à la conduite. Derrière cette appellation, il faut comprendre qu’il n’est plus possible d’indiquer où se trouvent les radars fixes, mais qu’il est autorisé de prévenir des zones dangereuses, autrement dit, des zones accidentogènes. “La fonctionnalité reste quasiment la même, l’avantage est qu’il n’y a plus de débat sur notre légalité dès lors que nous sommes intégrés au texte de loi”, se réjouit Fabien Pierlot, président de Coyote, qui rappelle que Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, les considère “d’utilité publique”.
Au préalable, “l’approche marketing est néanmoins à repenser”, s’accordent les différents acteurs. Il faut se mettre en ligne avec la nouvelle philosophie. Une course contre la montre s’est d’ailleurs engagée entre eux, afin d’être le premier à être aux “normes” sur les présentoirs, dans leur PLV et sur leurs sites Internet respectifs. Chez Inforad, on se dit confiants. “Depuis longtemps, nous avions intégré une logique de zone dangereuse, ce changement abonde donc en notre sens”, explique Jean-Georges Schwartz, le président dont les produits “n’ont jamais indiqué la position précise des cabines”. Pour Loïc Rattier, le travail est un peu plus conséquent et concerne surtout la formulation des annonces faites par les Wikango. Il a établi que ses appareils placeront les points à déclarer au milieu d’une zone signalée accidentogène de 300 mètres en agglomération, de 2 km sur route nationale et de 4 km sur autoroute.
Coyote chez un constructeur
Mettre les informations à jour implique bien entendu de reprogrammer les serveurs. Là se trouve la tâche principale des fabricants. En effet, les nouveaux clients, au même titre que les utilisateurs de plus longue date, devront faire évoluer leur logiciel sur sa base de données car les produits vendus actuellement sont issus d’anciennes livraisons. “Sur la période juillet-août, les ventes ont augmenté de 22 % et, en août, les téléchargements se sont accrus de 26,7 %”, rapporte Jean-Georges Schwartz, d’Inforad. Une bonne nouvelle faisant suite à “un coup d’arrêt des ventes de produits communautaires, dû à une incertitude quant à l’avenir”, observe Loïc Rattier. Il est vrai que la question de ce qu’ils allaient devenir s’est posée, si bien “que les clients se sont rabattus sur les entrées de gamme”, poursuit-on l’analyse chez Wikango.
Un retard dans les ventes qui pourrait avoir un impact sur l’ensemble de la chaîne. Certes, à l’instar de Coyote, des intervenants opèrent en flux tendu. Les réserves en point de vente sont donc faibles mais si, à fin novembre, les produits réformés sont encore en stock, alors “il faudra envisager une reprise pour repartir à zéro”, signale Fabien Pierlot. Un coût non négligeable. Fort heureusement, tous assurent qu’il n’y aura aucune perte de revenu des abonnements, dont la grille tarifaire ne va pas évoluer, ceux-ci restant valides du fait que le communautarisme et la communication ne sont pas prohibés.
Tandis que Loïc Rattier rappelle volontiers “que cette refonte coûtera beaucoup en réinvestissement et tout cela sans soutien d’aucune part”, chez Coyote on relativise : “Toute cette affaire est un mal pour un bien”, affirme Fabien Pierlot. Depuis que les conditions ont changé, le patron de Coyote reçoit un accueil favorable auprès des sociétés, un marché jusque-là prudent vis-à-vis de son offre. Selon ses estimations, cela pourrait le conduire à enregistrer une progression de 50 %, en 2012 (boîtiers et applications) et le rend “encore plus confiant face à la concurrence”. Sa prochaine cible ? Les constructeurs. “Nous allons intégrer la gamme d’un Français, dès l’an prochain”, révèle-t-il. Du côté d’Inforad, on mise sur la technologie. Sans trop se dévoiler, Jean-Georges Schwartz confirme travailler sur un avertisseur de somnolence, en plus de l’amplification du signal hors couverture GPS et l’adjonction d’un accéléromètre au printemps prochain.
Il faut noter toutefois que les fabricants de PND ne sont pas signataires de ce protocole et n’y sont donc pas soumis à ce jour. “Nous sommes restés en marge des discussions, mais nous pourrions entrer dans le débat puisque nos produits ont un aspect sécuritaire certain dans leur fonctionnalité”, souligne l’un d’eux.
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