"Sans brûler les étapes, l'adoption des énergies alternatives peut s'accélérer !"
Pouvez-vous nous rappeler votre itinéraire et nous dire à quel moment vous avez été confronté à l'enjeu des énergies alternatives dans l'automobile ?
J'ai toujours été attiré par l'industrie automobile et je suis sorti diplômé de l'Ecole d'Ingénieurs de Genève en 1976. J'ai d'ailleurs effectué mon mémoire sur le gaz naturel ! J'ai ensuite travaillé sur le développement d'un châssis pour véhicule électrique avant de rejoindre GM dès 1987. A partir de cette date, j'ai occupé différentes fonctions dans le groupe, en Suisse, mais aussi en Allemagne, aux Etats-Unis et en France. En 2007, j'ai accepté de prendre un nouveau poste qui s'ouvrait sur la problématique de l'hydrogène et de la pile à combustible. Nous avons notamment mis en place une flotte-test à Berlin. L'Allemagne est assez avancée sur l'hydrogène et il ne manque en fait que le réseau de distribution. Actuellement, nous avons 30 véhicules de cette nature en Allemagne et une centaine dans le monde, pour plus de 4 millions de km déjà parcourus.
La formidable accélération de la médiatisation des énergies alternatives et son écho auprès de l'opinion publique vous ont-ils surpris ces dernières années ?
Non, à dire le vrai, je m'y attendais et j'attends même plus encore ! Sans brûler les étapes, je pense que l'adoption des énergies alternatives peut s'accélérer. Les flottes ont assurément un rôle important à jouer dans ce domaine, et il faut d'ailleurs intégrer les hybrides dans l'équation. En effet, les VE à batteries représentent encore un choix un peu extrême. Pour les particuliers, vu leurs limites actuelles, ces véhicules concernent le marché de la 2e ou de la 3e voiture. Voire celui des jeunes, eu égard à la nouvelle donne servicielle qui s'esquisse.
Avec l'Ampera, vous avez fait le choix intermédiaire du range extender. Quelque temps après le lancement du modèle, faut-il voir le verre à moitié vide ou à moitié plein ?
L'Ampera est leader de son segment, c'est déjà significatif. Par ailleurs, notre offre est transparente, même si le prix du modèle demeure élevé, c'est vrai. Deux éléments méritent d'être soulignés. Il y a une forte corrélation entre le niveau des ventes et les incentives en vigueur dans les différents pays. Ce n'est pas un hasard si la Hollande, avec son super-bonus, représente notre marché le plus porteur, devant les USA ou la France. Par ailleurs, le modèle jouit d'une très bonne notoriété, mais il faut encore déployer des efforts de pédagogie auprès des acheteurs potentiels.
Comme vous l'évoquiez à l'instant, est-ce le segment des flottes qui va créer l'étincelle pour le développement du marché ?
Je pense que ce sera effectivement le cas. Cependant, le segment des "early adopters", par essence réduit, est très dynamique. Pour l'Ampera, comme pour beaucoup de nouvelles technologies, l'essayer c'est l'adopter. C'est donc à nous de créer le contact avec les consommateurs. C'est dans cet esprit que nous avons, par exemple, intégré l'Ampera dans l'offre Opel Rent.
Par rapport à la pile à combustible, à quel horizon peut-on envisager sa démocratisation, entre guillemets, sachant que de nombreux constructeurs évoquent déjà une mise à la route de petites séries ?
Pour cette technologie, plusieurs freins doivent encore être levés, notamment sous l'angle des coûts. Je pense qu'elle sera mûre en 2020, même s'il y aura auparavant une multiplication des pilotes et des petites flottes.
L'électromobilité rime-t-elle vraiment avec un changement de paradigme, comme on l'entend régulièrement, parfois sans plus de précisions ?
Le véhicule électrique et des nouveaux services, comme l'auto-partage par exemple, n'étaient qu'un murmure ces vingt dernières années. Mais le véritable changement se profile désormais bien plus nettement ! Ces nouvelles solutions vont décoller et cela induit effectivement le changement de paradigme auquel vous faites référence.
Dans un esprit similaire, peut-on vraiment dire que le véhicule électrique est plus adapté à la ville qu'à la campagne ?
Cela dépend des différentes solutions envisagées. Le VE à batteries est particulièrement adapté à la ville. Une Ampera, avec son range extender, répond à toutes les configurations, c'est d'ailleurs pour cela qu'elle est éligible à la 1re voiture du foyer. Bref, une chose est sûre : la voiture électrique représente l'avenir. Toutefois, il ne faut pas aller plus vite que la musique et malheureusement, quand on parle d'électromobilité, on raisonne trop souvent en "tout ou rien". Ce n'est pas le propos. On s'oriente vers un mix de solutions technologiques, dont le gaz naturel d'ailleurs. Chez Opel, nous sommes prêts, et d'une manière générale, à l'échelle de l'industrie automobile, nous sommes en mesure d'accélérer le mouvement s'il le faut.
Pour conclure, quelle votre définition du développement durable appliqué aux transports ?
L'enjeu de la proximité demeure central et névralgique. Cela passe par une utilisation intelligente et optimisée des nouvelles technologies et des différents modes de transports. Dans ce nouveau schéma, la voiture a naturellement sa place, une voiture évidemment électrifiée.
Article écrit pour la Newsletter du véhicule électrique - Collaboration Avere-France - Journal de l’Automobile
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