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Pour les constructeurs automobiles, la révolution SDV implique de courir vite et de partir à point

Publié le 14 juin 2024

Par La Rédaction
5 min de lecture
TRIBUNE - Aux antipodes des Formule 1, la révolution du "software defined vehicle" dit bien les attentes des nouveaux conducteurs, plus passagers que pilotes : confort, personnalisation, sécurité, automatisation. La voiture de demain arrive à toute vitesse, il ne faut pas louper le virage !
Software defined vehicle
Arnaud Lerond, VP Automobile Expleo. ©Expleo

Pour les constructeurs automobiles, la révolution SDV implique de courir vite et de partir à point

 

Le principe est simple : il ne faut plus imaginer l’automobile comme un simple véhicule mais comme une extension de nos appareils connectés. Mis à jour 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, personnalisé, automatisé à l’envie et surtout chargé de nombreuses fonctionnalités. Ces smartphones à quatre roues existent déjà, Tesla en est le meilleur exemple, mais la firme d’Elon Musk qui a été longtemps pionnière n’est plus la seule sur le marché. Renault multiplie les investissements et a passé la phase d’exploration, se lançant dans des projets très concrets, Hyundai va de son côté investir 12,6 milliards de dollars dans le développement de logiciel d’ici 2030 et General Motors s’attaque au sujet en lui consacrant une équipe projet dédiée.

 

Constructeurs, équipementiers et grands acteurs de l’IT sont donc tous sur le pont. Un seul mot d’ordre : intégrer vite et bien le SDV pour ne pas manquer cette révolution qui va bousculer les usages de notre mobilité ! Un enjeu majeur de survie pour ne pas terminer comme un célèbre constructeur de téléphone finlandais ou un fournisseur de pellicules argentiques…

 

Mais attention, si le SDV fait rêver, il implique, aussi, de profonds changements d’organisation et de grandes responsabilités. Les constructeurs doivent faire évoluer leur business model et combiner des expertises jusqu’ici étrangères les unes aux autres… Mais surtout l’un des enjeux majeurs pour les constructeurs, les équipementiers, ou les usagers sera de sécuriser ce nouveau terminal, de protéger les datas stockées.

 

Un nouveau business model à designer ?

 

Aujourd’hui, de la phase de conception à sa mise à la casse, la durée de vie d’un véhicule est d’une quinzaine d’années. Le SDV (associé aux véhicules électriques) qui permettra la mise à jour permanente du véhicule aura un impact important sur sa durée de vie. Combien de temps ? Quelques années ? Il est encore trop tôt pour le dire. Mais si le SDV permet une mise à jour automatique de ses fonctionnalités les plus essentielles, cela signifie aussi moins de passages dans le réseau après-vente. Le SAV, source de forte profitabilité des constructeurs doit-il craindre son effondrement ? Pas tout à fait, et c’est la raison du développement en interne, chez les constructeurs, d’entités dédiées au SDV. Leur mission : construire un panel de fonctionnalités à télécharger par leur client sur toute la durée de vie de leur véhicule. En d’autres termes, on continuera de consommer des fonctionnalités dernier cri tant que le véhicule sera capable de rouler. C’est donc l’opportunité pour les constructeurs et leurs parties prenantes de créer demain un véhicule plus confortable, plus désirable et plus durable.

 

De nouveaux métiers à faire coexister ?

 

Quid des équipes, et des expertises extrêmement variées qui seront sollicitées pour développer et mettre au point ces "véhicules définis par logiciel" ? Difficile d’imaginer aujourd’hui comment un pur mécanicien pourra travailler main dans la main avec un développeur d’applications web. Le mariage, déjà bien amorcé, du digital avec l’ensemble des métiers historiques de l’automobile devra aller bien plus loin. Une opportunité pour les organisations : celle de faire naitre de nouveaux écosystèmes d’ingénieurs et de concepteurs capables de penser et de concevoir ensemble les véhicules, leurs fonctionnalités, leurs performances, comme autant d’applications pouvant être affinées, nourries et perfectionnées. Sans oublier que si un véhicule doit répondre à des critères subjectifs de confort, de performance, de praticité, il est un élément sur lequel il est impossible de transiger : la sécurité.

 

Le conducteur est-il prêt à lâcher son volant ?

 

Autre défi : les consommateurs de plus en plus scrupuleux à confier leurs informations privées (47 % des internautes américains ne font "pas beaucoup ou pas du tout confiance " à Google, l’indice monte à 72 % quand il s’agit de Facebook/Meta) auront un œil plus qu’attentif à la préservation de leurs données personnelles. Dans ces conditions, la sécurité et la cybersécurité entourant le SDV seront des enjeux cruciaux pour les constructeurs qui risquent de devoir se transformer en Gafam. Ils devront être capables d’assurer la sécurité la plus optimale pour que les données de leurs "utilisateurs" ne craignent aucune fuite, attaque ou usage malveillant. Enfin et surtout, le vrai challenge du SDV, c’est le conducteur qui va devoir abandonner, peu à peu, d’anciennes habitudes très marquées en termes d’usage de son véhicule, du rôle même que son véhicule tient dans sa vie.

 

Les constructeurs sont-ils prêts à basculer dans ce nouveau monde du software ?

 

Les constructeurs le savent mais il est bon de le leur rappeler, prendre le virage digital n’est pas sans risque, et les récents crashs de nombreuses start-up de la French Tech en sont la preuve. En résumé, les grands acteurs de l’automobile sont prévenus, le SDV implique des changements en profondeur qui doivent s’opérer en un laps de temps très court : il faut donc courir vite, partir à point, et surtout, bien s’entourer pour éviter la sortie de route !

Arnaud Lerond - Expleo

 

Acteur global de l’ingénierie, de la technologie et du conseil, Expleo s’appuie sur plus de 40 ans d’expérience dans le développement de produits complexes, l’optimisation des processus de fabrication et la qualité des systèmes d’information. Expleo met sa connaissance sectorielle approfondie et son expertise dans des domaines variés tels que l’ingénierie de l’IA, la digitalisation, l’hyperautomatisation, la cybersécurité ou encore la science des données au service de sa mission : stimuler l’innovation à chaque étape de la chaîne de valeur.

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