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“Notre modèle économique est susceptible d’évoluer, si besoin”

Publié le 23 juillet 2015

Par Gredy Raffin
4 min de lecture
A la tête de la filiale française du deuxième opérateur européen et représentante de la branche “Exploitants” à la Fédération nationale des métiers du stationnement (FNMS), Michèle Salvadoretti partage sa vision claire du métier d’exploitant de parking.
Michèle Salvadoretti, directrice générale de Q-Park France.

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Dans un marché en effervescence, quelles sont vos positions ?

MICHELE SALVADORETTI. Nous sommes entrés dans une période de bouleversement qui est propre à toute l’industrie de la gestion de parcs de stationnement. Nous observons beaucoup les évolutions, qu’elles soient technologiques ou comportementales, car elles vont, je ne saurais dire dans quelle mesure exactement, transformer notre métier.

JA. Avant d’entrer dans le débat, quel constat faites-vous de votre activité ?

MS. Nous avons toujours deux typologies de clients. Il y a le consommateur horaire, occasionnel, et il y a les abonnés. Ces derniers s’élèvent à 38 000 personnes en France. Leur consommation respective suit la même tendance, soit un ralentissement de 1,5 % environ, que nous ressentons dans notre activité.

JA. A quoi cela peut-il être attribué ?

MS. Il y a une baisse de la consommation des ménages, mais il y a aussi une préparation plus fine de leurs déplacements. Ils ont maintenant tous les outils décisionnels, qui incluent les prix, et cela peut encourager des arbitrages en notre défaveur. Nous constatons, en parallèle, une réduction de budget au sein de nos clients entreprises.

JA. Quels sont les remèdes à cette tendance ?

MS. Le recul de 1,5 % n’a rien d’inquiétant, mais nous rappelle à nos obligations de vigilance. Nous avons lancé Q-Park Resa fin 2013 et rencontrons le succès. Nos études montrent un taux de satisfaction de 92 %. En réalité, il y a un gros travail de pédagogie à mener car, si les Français ont le réflexe de se renseigner lorsqu’ils vont à l’aéroport, ils n’ont pas encore intégré nos services dans le cadre d’un stationnement urbain.

JA. Y a-t-il d’autres axes stratégiques ?

MS. A l’instar de ce que nous avons réalisé avec Toyota et sa gamme hybride, ou encore BlaBlaCar, nous mettons l’accent sur les partenariats avec des acteurs de la mobilité durable. Nos annonces iront en ce sens.

JA. Sous-entendez-vous un accord avec Autolib’ comme l’ont fait vos concurrents ?

MS. Les parkings sont soumis à une législation très stricte en matière de prévention des risques incendies. Les coûts de mises aux normes sont importants, ce qui a freiné le déploiement d’Autolib’ et l’a même poussé à investir en surface dans un premier temps. Le législateur n’a pas été aussi loin qu’imaginé pour autant et les craintes se sont dissipées, d’où les partenariats récemment annoncés. Nous attendons le rapport du délégué ministériel de la mission Parc de stationnement, qui va confirmer les dispositifs sécuritaires. A partir de là, les emplacements pour les VE pourront se multiplier. Mais, très honnêtement, les 2 à 3 places spécifiques par parking que nous avons aménagées suffisent pour l’instant à couvrir les besoins.

JA. Que faire face à la montée en puissance des solutions disruptives ?

MS. Nous devons être ouverts et prêts à faire évoluer notre modèle économique. Outre l’électromobilité, la voiture va aussi vers une utilisation plus partagée. Il nous faut nous adapter, par du réaménagement d’espace, mais aussi par l’introduction de technologies dans notre parcours client. Nous avons des produits correspondants, reste à opérer de manière étroite avec les clients.

JA. N’y a-t-il pas du bon dans leurs idées ?

MS. Ces initiatives de pure-players sont intéressantes, mais elles s’affranchissent de toutes les règles auxquelles nous sommes soumis au titre d’établissement recevant du public (ERP, N.D.L.R.). C’est un jeu déloyal et le législateur doit y mettre de la clarté. Nous défendons néanmoins cette vision qui s’inscrit dans un mouvement de développement durable. Pourquoi creuser le déficit de communes pour construire des aires quand certaines ressources immobilières sont sous-exploitées ?

JA. Allez-vous donc entrer sur ce terrain ?

MS. Nous n’excluons pas de nous positionner, puisqu’il y a une demande des établissements privés, et nous avons répondu à des appels offres en cours. Q-Park n’a pas encore déterminé, cependant, sous quelle marque commerciale cela se fera, voire même si notre nom apparaîtra.

JA. Quelle vision du stationnement en ville défendez-vous ?

MS. Le parking de demain pourrait être une plate-forme de service au cœur de la mobilité urbaine. Une forme de contribution à la logistique, où il serait possible de livrer des produits, par exemple. Mais il y a encore des barrières à ces idées, qu’il faut lever.

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FOCUS

Q-Park en chiffres

• 10 pays
• 5 800 parkings, dont 190 dans 80 villes de France
• 800 000 places de stationnement, dont 115 000 en France
• 700 millions d’euros de CA, dont 100 millions en France
• 2 700 employés, dont 460 en France

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