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Les indépendants, la crise et 2009

Publié le 16 janvier 2009

Par Armindo Dias
5 min de lecture
Les baisses de ventes automobiles n'ont pas épargné les sociétés de crédit indépendantes à la fin 2008. Elles s'en sont toutefois globalement bien sorties. Ces entités ont à la fois bénéficié de leur statut de filiales...
Les baisses de ventes automobiles n'ont pas épargné les sociétés de crédit indépendantes à la fin 2008. Elles s'en sont toutefois globalement bien sorties. Ces entités ont à la fois bénéficié de leur statut de filiales...
...de banques et de la suspension de certaines offres chez des captives de constructeurs.

"Nous avons assisté à un net ralentissement de la production de crédit dans le secteur auto, la baisse du marché ayant entraîné une baisse du crédit et la baisse du crédit ayant entraîné une baisse du marché." Voilà la problématique à laquelle ont dû faire face tous les établissements financiers sur la période septembre-novembre 2008, selon Guillaume Mouren, le directeur du pôle auto de la société d'études Xerfi. Et bien évidemment, les sociétés de crédit indépendantes n'ont pas été épargnées : en octobre dernier, leur production de crédits affectés a diminué de 12,5 % au niveau du VN et de 14,3 % au niveau du VO. Et cela s'est confirmé en novembre (voir encadré page suivante avec les dernières données de l'Association française des Sociétés Financières ou ASF).

 "En revanche, la baisse a été seulement de 2,4 % au niveau de la LOA sur le VN", poursuit Guillaume Mouren, cette "faible" diminution s'expliquant sans doute par le fait que cette technique permet de véritablement masquer le coût du crédit. Au final, et toujours sur le seul mois d'octobre 2008, les organismes de crédit indépendants ont vu leur production globale, c'est-à-dire incluant à la fois les techniques du crédit classique et de la LOA, diminuer de 8,5% au niveau du VN.

"En cumul, et par rapport à la même période de 2007, leurs productions de crédits affectés sur le VN et le VO ont augmenté respectivement de 3,7% et 1% sur la période janvier-octobre 2008, ajoute Guillaume Mouren, de Xerfi (Ndlr : la hausse a été de 7,3% en ce qui concerne la LOA sur le VN). La hausse moyenne de production s'est établie à environ 5%, toutes techniques de financement confondues." Est-ce à dire que les établissements de crédit indépendants ont traversé moins de difficultés que les captives de constructeurs, notamment sur la période septembre-novembre 2008 ? Nous pouvons le penser : ces organismes ont bénéficié de la suspension de certaines offres chez des captives et ils ont moins restreint leurs accès aux crédits que ces dernières, selon le directeur du pôle auto de Xerfi. "Les entités non-filiales d'établissements bancaires ont, par ailleurs, toujours plus de difficultés pour trouver des liquidités à des taux intéressants", rappelle Pierre Blanc, associé au sein du cabinet de consulting Athling Management. Ce responsable considère toutefois que si les captives des deux grands constructeurs français ont pu se refinancer grâce aux droits de tirage supplémentaires qui leur ont été accordés récemment (RCI Banque et Banque PSA Finance ont eu "droit" chacune à 500 millions d'euros), la situation reste préoccupante. La nouvelle année devrait être difficile pour tout le monde.

La résistance attendue de la LOA

"La production de crédits affectés devrait être particulièrement touchée, prédit Guillaume Mouren, de Xerfi. Cette technique concernant surtout des ménages modestes, elle devrait logiquement enregistrer une baisse plus importante que celle du marché auto, les ventes de véhicules neufs devant chuter de 5 % à 10 % cette année dans l'Hexagone." A l'inverse, la LOA devrait continuer à bien résister : elle permet plus que jamais de masquer le coût du crédit. "Les organismes de crédit indépendants devraient donc toujours chercher à développer de nouveaux partenariats", enchaîne Pierre Blanc, de chez Athling Management, lesdits partenariats devant notamment reposer sur de nouvelles offres produits, que ces dernières soient centrées sur les financements ou les services (entretien, réparation…)*. "Ils doivent, en plus, chercher à devenir les banquiers des distributeurs, s'attacher à concevoir des prestations susceptibles d'intéresser des concessionnaires de marques différentes, les captives ayant l'avantage de proposer des services et prestations conçus et développés spécialement pour leurs réseaux", poursuit Pierre Blanc, de chez Athling Management.

Le tout sans oublier de suivre au plus près l'actualité juridique du crédit à la consommation. Elle a, en effet, de fortes chances d'évoluer avec la modification à venir de la réglementation sur le crédit revolving et plus largement sur la transposition de la directive européenne du crédit aux consommateurs. Il est envisagé, entre autres, des mesures sur la publicité, sur la sollicitation des clients, sur l'évaluation de la solvabilité des futurs clients et sur l'information précontractuelle ou contractuelle. "Son champ d'application étant le crédit à la consommation, il y aura un impact non négligeable sur le financement auto, en particulier pour les organismes qui proposent du financement auto sous la forme de crédit à la consommation", confirme Pierre Blanc, de chez Athling Management. Et parmi eux, il y a bien sûr toutes les banques qui chapeautent une société de crédit indépendante… C'est sûr : cette nouvelle année sera particulièrement agitée.

*Guillaume Mouren considère que les offres packagées devraient continuer à se développer cette année mais que les clients y seront beaucoup moins réceptifs pour des raisons de budgets.

Photo : Pierre Blanc, associé au sein du cabinet de consulting Athling Management.

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