Les 20 ans du contrôle technique en 10 points
1- Un peu d’histoire
Entre 1985 et 1992, les centres de contrôle technique se montent, et commencent à travailler, sur la base d’une obligation uniquement dans le cadre d’une transaction. Depuis le début, la réglementation est claire et inchangée. Le contrôle technique est une délégation de service public, confiée à des opérateurs, réseaux ou indépendants, chargés d’appliquer sur le territoire français des directives transposées du droit européen, le seul référant en la matière.
Dès 1992, la visite devient obligatoire pour tous les véhicules légers, dès son cinquième anniversaire, puis tous les trois ans, jusqu’à la fin de la vie de l’auto. Une périodicité qui sera rapidement revue puisque, aujourd’hui, un véhicule léger se voit contraint de passer sa première visite à quatre ans, puis tous les deux ans.
Dès son lancement, mal “vendu” par les autorités, le contrôle technique est immédiatement perçu comme un impôt par les automobilistes, qui lui reprochent alors son manque de pertinence. Une image négative dont souffre encore la filière…
2- Le cas particulier du poids lourd
En 2005, le contrôle technique des poids lourds, jusque-là opéré par les Drire, est privatisé. Les réseaux s’engouffrent dans la brèche afin d’augmenter le maillage national et ainsi permettre aux clients professionnels de parcourir moins de kilomètres pour effectuer les visites obligatoires. Aujourd’hui, le CT PL représente près d’un million de visites par an, réparties sur environ 500 centres, dont une centaine d’auxiliaires, qui sont actuellement remis en question sur la base d’une plainte déposée par les opérateurs indépendants, qui reprochent au législateur de n’avoir autorisé l’exploitation des centres auxiliaires qu’aux seuls opérateurs réseaux.
3- Le marché
Chaque année, 21 millions de CT sont pratiqués, dont 17 à 18 millions de visites initiales, sur un parc regroupant 34 millions de VP ; 5 800 centres se partagent le gâteau des visites obligatoires, un maillage trop important, de l’avis de tous les acteurs, qui estiment le juste chiffre à 4 500 centres. Malheureusement, le législateur se refuse à imposer un numerus clausus. Du coup, même si certains réseaux limitent leurs ouvertures, rien n’empêche un candidat de monter son centre sous d’autres couleurs ou comme indépendant.
4- Rentabilité
Signe de la fin d’une époque, en 2011, quelques centres (très peu) ont, pour la première année, fermé boutique en raison de difficultés financières. En conséquence, on assiste à des concentrations, comme c’est le cas dans le monde de la distribution automobile. De larges plaques de centres se constituent, les exploitants utilisant ce stratagème pour mailler une zone en exclusivité ou pour faire tourner les contrôleurs sur différents centres en fonction de leur charge.
5- La concurrence
Aujourd’hui, avec la concurrence exacerbée que se livrent les centres, la différence peut prendre plusieurs formes. La première consiste à essayer de tirer les tarifs vers le bas, pour attirer une clientèle plus nombreuse. C’est le cas de l’initiative de CT Easy, lancée l’an passé, qui propose un CT à 1 euro, à certaines dates et heures.
L’autre arme consiste à fidéliser au maximum les clients existants autour de services associés, puisqu’il est impossible de faire varier le contenu réglementaire des visites. Pour Autosur, en 2012, il sera question de mettre encore plus l’accent sur la communication auprès du client final : explications du procès-verbal, flexibilité sur les RDV, développement de la prise de RDV en ligne… “La croissance est à ce prix, résume Bernard Desbouvry, directeur général de Secta-Autosur. Le marché a cru de 3 à 4 %, tandis que, dans le même temps, le nombre de centres a gonflé de 4 à 5 % ! Les mathématiques ne sont donc pas en faveur du marché !”
6- Véhicules de collection
En octobre 2009, les véhicules de plus de 30 ans et disposant d’une carte grise ad hoc sont soumis à un contrôle technique, alors qu’ils en étaient exonérés jusque-là. Certains centres de contrôle ou réseau, Autosur en tête, en feront même une spécialité (300 centres labellisés Autosur Classic), car ces véhicules nécessitent des procédures et des attentions particulières.
7- Chantiers
L’avenir du contrôle technique, vu par les réseaux, passe par la future mise en place du contrôle technique des deux-roues qui, malgré son report, devrait bien voir le jour, désormais soutenu par l’Ascem, l’Association des constructeurs européens de motocycles, mais sans doute pas avant 2013. Il sera aussi question pour les contrôleurs d’obtenir le droit d’établir des certificats d’immatriculation, au même titre que les autres professionnels de l’automobile, qui peuvent y prétendre depuis l’avènement du nouveau SIV en 2010. Les réseaux militent également pour une extension des visites initiales aux véhicules spécifiques tels que les caravanes, les quads, les véhicules sans permis.
8- Contre-visite
Age du véhicule Taux de contre-visites
4 ans 6,5 %
5/7 ans 11,6 %
8/10 ans 18,3 %
11 ans et plus 29,1 %
La moyenne des contre-visites émarge à 20,6 %. L’âge du véhicule a une influence directe sur le nombre et la gravité des défauts, d’où la recommandation des réseaux de passer à un contrôle annuel pour les véhicules de plus de 10 ans.
9- Evolutions en 2012
En vingt ans, le nombre de points de contrôle est passé de 52 à 125. En 2012, la nomenclature s’enrichit de 7 nouveaux points de contrôle, dont un soumis à contre-visite, lié à une détérioration importante du neiman. De plus, 6 à 8 défauts de l’ancienne nomenclature passent en contre-visite. Ces changements généreront une visite plus longue d’environ cinq minutes, et les coûts devraient se répercuter sur le tarif de la visite pour le client final.
10- Accréditation des centres VL
Obligatoire pour les centres PL, l’accréditation des centres valide une obligation de résultats, en plus de l’obligation de moyens, symbolisée par le seul agrément. Si l’accréditation des centres VL était décidée, comme le demandent certains réseaux, cela permettrait sans doute de limiter quelque peu la prolifération des centres…
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