Le casse-tête des recycleurs
Le succès de la prime à la casse ne profite pas vraiment aux professionnels du recyclage automobile. Si le surplus se chiffre à 150 000 véhicules (300 000 véhicules d'ici la fin de l'année selon le CNPA), il ne représente que 10 % du marché des véhicules en fin de vie. Il pose, bien sûr quelques problèmes d'encombrement : "J'ai un adhérent qui traitait une centaine de véhicules par jour avant la mise en place de la prime, indique Bertrand de Lavilléon, directeur général délégué de Caréco, aujourd'hui il en reçoit 300 par jour comment peut-il y faire face ?" Mais ces soucis ne concernent en fait qu'une minorité : 300 centres de recyclage seulement sur les 1 400 entreprises agréées en France. Pourquoi ? La plupart d'entre elles refusent de passer par les gestionnaires distributeurs "imposés" par les constructeurs aux concessionnaires. Ces acteurs feraient payer des frais de gestion très importants, 35 euros pour un véhicule qui en vaut 30, aux recycleurs. "De nombreuses entreprises de recyclage d'automobiles sont capables de gérer le surplus généré par la prime à la casse, commente Patrick Poincelet, président des recycleurs au CNPA, mais à condition que les concessions traitent en direct avec elles. Nous montons le ton lorsque nous entendons parler d'engorgement, les entreprises qui acceptent de payer les véhicules au prix fort sont souvent peu structurées".
Eviter les gestionnaires-distributeurs
"La profession a été capable de gérer les Juppette et Balladurette (mesures d'incitation mises en place respectivement en 1994 et 1996, NDLR), qui représentaient 600 000 véhicules, là les quantités sont divisées par deux", intervient Patrick Poincelet.
Finalement, pour le président des recycleurs au CNPA, la prime n'aurait pas dû être mise en place : "Elle déstabilise tout le marché, nous avons une année pleine puis un grand trou, ce n'est pas bon pour la profession. La prime est là pour compenser la mauvaise gestion des constructeurs", juge-
t-il. Selon lui, la prime a encouragé les automobilistes à abandonner des véhicules encore en bon état dans les centres de recyclage. "C'est un gâchis sur le plan environnemental, ajoute-t-il. Avec l'encombrement, les centres de recyclage n'ont pas le temps de faire de la revalorisation, le broyage est favorisé. Et quand on détruit, on produit des émissions de CO2 !".
Nouveau marché
FOCUSChère prime… Le ministère de l'Industrie a affirmé que le coût de la prime à la casse serait supérieur aux 220 millions d'euros prévus initialement. Le dispositif pourrait être prolongé de quelques mois pour éviter aux professionnels de l'automobile un "trou d'air"début 2010. |
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