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L’assurance emprunteur dans le collimateur

Publié le 21 octobre 2005

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Le décret d'application sur l'intermédiation en assurance devrait sortir début 2006. Alors que les lobbies de la bancassurance et des constructeurs font leur travail, on évoque un risque pour l'assurance décès mais, en contrepartie, un allégement des contraintes de formation. A...
Le décret d'application sur l'intermédiation en assurance devrait sortir début 2006. Alors que les lobbies de la bancassurance et des constructeurs font leur travail, on évoque un risque pour l'assurance décès mais, en contrepartie, un allégement des contraintes de formation. A...

...l'heure actuelle la vente d'assurances associées au financement est libre. Une habilitation n'est exigée que pour la vente d'assurance dommages qui, du coup, peine à se développer en concession. Elle nécessite pour le vendeur l'obtention de la carte professionnelle d'assurance au terme d'une formation de 150 heures minimum dispensée par un organisme agréé. Mais la directive 2002/92/CE, qui devrait être transposée en droit français depuis janvier 2005, pourrait tout remettre en question en élargissant la notion d'assurance à celles dites de groupe : chômage, décès, invalidité, incapacité. Un sujet d'inquiétude pour la profession qui craint de voir disparaître une manne financière importante, sauf à réaliser des formations longues et coûteuses.
"Le projet de loi est déposé, on attend le décret d'application pour le premier trimestre 2006", explique Laurent Aubineau qui suit le dossier au sein de Crédipar. Pour l'instant, l'assurance Décès Invalidité serait dans le collimateur "mais le lobbying est toujours en cours", dit-il, avant de prêcher pour sa paroisse : "Cette assurance emprunteur est incluse dans la mensualité chez Crédipar. Ce n'est pas le cas chez certains établissements financiers qui rémunèrent leurs prescripteurs pour la vente de cette assurance. Ce n'est pas notre cas et cela peut faire la différence", souligne-t-il.
Autre élément à prendre en compte : "Il est possible que la formation obligatoire passe de 150 heures à 50 heures", croit savoir Bertrand Besson de Volkswagen Finance qui, du coup, y voit une opportunité pour former son réseau à la vente d'assurance automobile. Même son de cloche chez GMAC Banque : "D'après les informations que nous avons reçues de nos compagnies d'assurance, un dispositif plus "light" serait peut-être en train de voir le jour", confirme Christophe Michaëli. "Des tractations sont en cours actuellement. Si effectivement, une formation à un nombre d'heures allégé voyait le jour, nous jouerions le jeu. En revanche, si la formation de 150 heures était maintenue nous serions contre." En effet, analyse Jean-Paul Duparc de FC France, "je vois mal l'intérêt pour les captives de former des vendeurs pendant 150 heures au regard du turn-over existant dans ce domaine. Nous préférons largement orienter les clients vers une plate-forme téléphonique où un vendeur habilité réalisera la vente". Jean-Pierre Framezelle, directeur commercial de la Diac, est du même avis : "On ne peut pas transformer tous les vendeurs en courtier", s'insurge-t-il. L'alternative : "Nous réfléchissons à un fonctionnement proche de celui que nous avons pour l'assurance dommages", c'est-à-dire via une plateforme téléphonique.
Serge Naudin de BMW Financial Services, n'apprécie pas cette méthode de vente. Pour lui, la solution passera nécessairement par l'habilitation : "Nous voulons laisser aux concessionnaires leurs compétences car le réseau maîtrise bien ces produits et il n'y a aucune raison de leur retirer ce rôle. Même si toutes les modalités ne sont pas encore arrêtées, nos spécialistes dispenseront la formation nécessaire le moment venu. Cette méthode correspond mieux à notre philosophie".
Michel Brun de Financo reste pour sa part confiant : "Le groupe Crédit Mutuel possède une filiale assurance, nommée Suravenir, qui aurait dans cette éventualité forcément un rôle à jouer". Par ailleurs, il ne croit pas au grand bouleversement. "Il y a de fortes chances que les constructeurs exercent divers moyens de pression afin de ne pas voir un grain de sable dérégler leur captive si rentable".
Jean-Marie Thierry, directeur de Viaxel, conclut. Au-delà des problèmes de formation et de coût, une telle mesure serait un "mauvais calcul" et une "distorsion flagrante de concurrence". Cette attitude serait par ailleurs dangereuse pour les assureurs eux-mêmes car "nous sommes, nous et nos concurrents, les plus gros vendeurs d'assurances liées au financement." Elles sont en effet souscrites à raison d'une et demi par dossier en moyenne et parfois à plus de deux (chez Citroën Financement). Comme un cri du cœur, Jean-Marie Thierry lance : "On ne luttera pas contre le chômage en mettant systématiquement des obstacles au commerce !" Mais la confiance reste de mise : "Le bon sens va l'emporter !"


 Xavier Champagne

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