La production s’affermit et la loi Lagarde pose déjà question
La fin de la prime à la casse a eu des effets, y compris début 2011. C’est en tout cas ce qui ressort des dernières données fournies par l’Association française des Sociétés Financières (ASF). Les financements de véhicules neufs peuvent en effet expliquer à eux seuls la hausse de production des nouveaux crédits à la consommation enregistrée au premier trimestre et en cumul sur trois mois (+ 8,9 % à 9,9 milliards d’euros). Ils ont bondi de 18,7 % à 1,704 milliard d’euros, avec des financements en crédit classique de 1,215 milliard d’euros (+ 24,2 %) et des financements en LOA de 490 millions d’euros (+ 6,8 %)*. “C’est là le signe que l’impact des nombreuses opérations initiées en décembre dernier, juste avant l’arrêt des mesures de soutien du marché automobile, n’a pas encore cessé de produire ses effets”, analyse l’ASF. L’association estime en outre, à propos de la production globale de nouveaux crédits du premier trimestre, que si la tendance de fond paraît assez favorable, on doit aussi noter qu’en volume, le montant des nouvelles opérations réalisées au cours du premier trimestre demeure encore inférieur de 8 % à celui des trois premiers mois de 2008. “La production de nouveaux crédits à la consommation n’a pas retrouvé son niveau d’avant crise”, résume Françoise Palle-Guillabert, déléguée générale de l’ASF. Si elle a enregistré une croissance de 2,1 % en 2010 à 38,7 milliards d’euros, elle reste encore bien en deçà des niveaux atteints en 2005 (43,9 milliards), 2006 (45,2 milliards), 2007 (46,7 milliards) et 2008 (44,7 milliards). Qu’en sera-t-il en 2011 ? Nul ne le sait, conscient que le nouvel exercice sera fortement impacté par l’entrée en vigueur définitive de la loi Lagarde. En plus d’encadrer la publicité sur le crédit, de faire passer le délai de rétractation de 7 à 14 jours et d’instaurer une co-responsabilité emprunteurs-prêteurs avec la mise en place de fiches d’information pré-contractuelles, elle prévoit une réforme des taux de l’usure par tranches de crédit et non plus par nature, ce qui entraînera un rapprochement des taux de crédits personnels et de crédits renouvelables avec un plein effet prévu pour 2013.
“La loi Lagarde a été vidée de son contenu”
“Elle impactera le mix des financements et le niveau des encours”, estime Bruno Salmon, le président de l’ASF. “Dans le seul domaine du financement en concession, elle va simplement entraîner un plus grand formalisme”, considère pour sa part Eric Spielrein, le secrétaire général de RCI Banque. A ses yeux, certains commerciaux risquent aussi de se désengager un temps de la vente de produits périphériques. Une chose est sûre. Certaines mesures de la loi suscitent déjà le scepticisme. Denis Cotte, un spécialiste du secteur et fondateur du site www.moncreditpropre.com, estime par exemple que jusqu’au 1er avril 2013, les établissements de crédit pourront toujours refuser d’octroyer des prêts personnels à la clientèle la plus faible afin de mieux l’aiguiller vers des crédits renouvelables, “toujours aussi toxiques”. A ses yeux, l’obligation de proposer un prêt personnel alternatif à tout financement d’un bien supérieur à 1 000 euros ne produira ses premiers effets qu’à compter du 1er avril 2013. “Comment imaginer qu’un prêteur proposant un crédit renouvelable à 19 % puisse être contraint de proposer dans le même temps un prêt personnel alternatif à moins de 8 % ?”, s’interroge Denis Cotte. Aussi, il estime que tant que les taux plafonds applicables à ces deux produits ne seront pas strictement identiques, cette mesure ne pourra qu’être contournée par les établissements de crédit. Pour ce faire, ils ne proposeront par exemple des prêts personnels que sur des durées de quatre mois, “inacceptables pour la majorité des consommateurs ne pouvant pas assumer un montant de remboursement mensuel aussi important”. “La loi Lagarde a été consciencieusement vidée de son contenu par les lobbys, qui sont parvenus soit à torpiller certaines de ses mesures phares, soit à en retarder au maximum les effets”, considère Denis Cotte.
*Les financements affectés de véhicules d’occasion ont progressé de seulement 2,4 % (730 millions d’euros de production cumulée de début janvier à fin mars 2011).
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