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IDVroom : "La part de ceux qui veulent des parcours d'un autre type augmente"

Publié le 18 octobre 2016

Par Gredy Raffin
7 min de lecture
Il y a un an, quand la SNCF a lancé IDVroom, elle a placé Frédérique Ville à la direction générale. La filiale dédiée au covoiturage a pris ses quartiers au Mondial de Paris dans l'optique de faire étalage de ses solutions. Bilan des compétences.

 

JOURNAL DE L'AUTOMOBILE. Que peut-on dire de l'activité d'IDVroom, le service de covoiturage de la SNCF ?

 

FREDERIQUE VILLE. Nous sommes présents sur l'ensemble du territoire national, auprès du grand public, des entreprises et des collectivités. En un an, grâce à la mise en relation des individus, nous avons multiplié par trois notre activité, en nombre d'inscrits et de covoiturages effectués. IDVroom totalise, à fin septembre, plus de 160000 clients actifs et nous voulons atteindre la barre des 250000 d'ici à fin 2016.

 

JA. Comment estimez-vous ces chiffres ?

 

FV. Il est vrai que chacun applique sa méthode de calcul puisque rien n'est encore standardisé. Chez IDVroom, nous considérons comme actifs les membres qui ont proposé ou profité de trajets partagés au cours des dix-huit derniers mois.

 

JA. Quel est le taux de répétition ?

 

FV. Sur du trajet domicile-travail, la moyenne s'établit à trois fois par semaine. A côté, il y a des usagers plus occasionnels, à la fréquence d'utilisation variée, en complément des solutions de transport en commun. Un exemple récurrent est celui du cadre d'entreprise qui termine tard un soir et qui cherche une alternative. En fait, selon la densité des zones, on obtient des résultats variables.

 

JA. Plus en détail, quel est le cas d'usage d'IDVroom ?

 

FV. Nos usagers parcourent en moyenne 35km par trajet. Souvent, ils se mettent en relation à la dernière minute, ce qui accentue cette véritable notion de temps réel. Sur des trajets domicile-travail, les gens finissent par se retrouver, mais nous observons des élans d'ouverture et de rencontres ponctuelles. Un phénomène que nous facilitons depuis cet été avec une fonctionnalité de réservation en un clic.

 

JA. Quel est le mix client ?

 

FV. Les utilisateurs du service cherchaient majoritairement des trajets domicile-travail. C'était notre cible de départ. Toutefois, la part de ceux qui veulent des parcours d'un autre type augmente de manière significative. Nous avons aussi des entreprises dans notre portefeuille. Elles souhaitent proposer des alternatives aux transports en commun du fait de leur éloignement géographique des zones couvertes. Elles ont, en plus, une nouvelle approche liée à la loi de transition énergétique, applicable dès 2018, qui les poussera à intégrer le covoiturage dans leur plan de déplacement en entreprise.

 

JA. Que proposez-vous aux entreprises ?

 

FV. Nous leur proposons de créer des communautés privées. Ce que nous avons fait pour L'Oreal ou Capgemini. Les employés peuvent se contacter facilement ou trouver des membres externes lambda. Il y a aussi une formule en marque blanche, comme chez Safran ou Humanis, avec un site à leur image de marque et en relation avec l'ensemble de la base de clients IDVroom. La dernière catégorie, les collectivités locales, nous sollicitent pour répondre à des besoins parfois urgents, notamment quand de nouveaux quartiers se construisent et que les populations investissent les lieux avant que les transports ne les desservent. Nantes, l'Alsace, Sophia Antipolis figurent parmi nos clients.

 

JA. Combien d'institutionnels au total emploient des solutions d'IDVroom ?

 

FV. 150 sociétés et collectivités locales utilisent nos plateformes de manière officielle. Le marché BtoB va connaître une véritable explosion et les volumes vont augmenter rapidement, encouragés par la loi de transition énergétique, par notre garantie de retour, notre programme de fidélisation et nos solutions de formation.

 

JA. Quels sont les services qui pourraient venir compléter ?

 

FV. Nous préparons un service qui doit provoquer une rupture en termes d'usage. Il sera prêt pour la fin de l'année. Il va être proposé à l'ensemble des clients d'IDVroom et les institutionnels pourraient volontiers s'en emparer à leur compte

 

JA. La mise à disposition d'un véhicule loué pour solutionner des problématiques de trajets entre-t-elle dans le champ des possibles ?

 

FV. Nous l'avons déjà testée et il y a quelque chose de très intéressant. Les personnes posaient une alerte pour des trajets similaires et nous nous autorisions l'initiative de les mettre en contact. Mais rappelons que nous sommes spécialistes du trajet quotidien. La location de véhicule rend davantage service sur des longs trajets.

 

JA. Entre les start-up qui investissent votre créneau de la courte distance, BlaBlacar qui règne sur la longue distance, quelle position adopter ?

 

FV. Il y a des longs trajets sur notre site, mais ce n'est pas notre cœur de cible. Quant aux courts trajets, nous avons une offre différenciante qui consiste à aller d'adresse à adresse ou d'aire de covoiturage à  adresse, et non de ville à ville. Ce qui ancre davantage IDVroom dans le quotidien des Français. Maintenant, s'il faut comparer, je n'ai entendu aucun concurrent de ce créneau annoncer plus 50000 ou 60000 membres, toutes méthodes de calcul confondues.

 

JA. Vous étiez directrice de l'innovation chez Voyage SNCF, le sujet de l'intermodalité ne vous est donc pas étranger. Comment l'inscrire chez IDVroom ?

 

FV. Nous sommes présents dans l'application SNCF. Les utilisateurs ne vont pas venir chez nous pour des transports en commun, mais pour pallier un manque de solutions. Nous avons donc fait le choix d'ouvrir nos API aux services d'aide à la mobilité. Ils nous référencent alors parmi les moyens existants.

 

JA. A la veille du Mondial, PSA a dévoilé sa plateforme Free2Move. Ce qui traduit un mouvement des constructeurs. Comment les envisagez-vous ?   

 

FV. Comme les services d'aide à la mobilité. Nous sommes ouverts à des collaborations. Nous avons une interface d'ores et déjà disponible et intégrée dans des applications. Notre présence au Mondial n'est pas due au hasard. Nous avons réfléchi à des parcours utilisateurs et pourrions, à titre d'exemple, devenir une fonctionnalité du système de navigation. Un recoupement de données permettrait de générer des services de covoiturage.

 

JA. L'autopartage pourrait entraîner la réduction du nombre de véhicules mis à la route. Peut-on vous voir comme une menace pour le marché automobile ?

 

FV. Le covoiturage peut permettre d'économiser 2000€ par an aux conducteurs. En augmentant la taille de la communauté, on augmente leurs chances d'atteindre ce niveau et, de fait, lors du passage en concession, de s'autoriser à acheter un véhicule plus haut de gamme.

 

JA. Revenons au débat : s'intégrer est une chose, mais pourriez-vous, à l'inverse, devenir le maître de l'écosystème avec votre propre plateforme ?

 

FV. Nous testons ces pistes, mais nous souhaitons conserver une forme de rationalité pour que le parcours client soit facile. Selon les régions, les consommateurs ont leurs habitudes, Nous devons être capables de présenter notre offre avec la plus grande fluidité là où des réflexes sont établis.

 

JA. Que peut-on dire de l'internationalisation ?

 

FV. Nous avons beaucoup de trajets transfrontaliers, vers l'Allemagne, la Belgique, la Suisse. Selon les pays, les habitudes de consommation du covoiturage de courte distance sont encore variées, nous y trouvons des inspirations.

 

JA. Va-t-on au devant d'une concentration ?

 

FV. Nous pensons que la consolidation se fera à l'échelle européenne, mais les disparités que j'évoquais vont retarder le phénomène de concentration. Je pense que l'année 2017 va être une année charnière.

 

JA. Quels pays vous intéressent ?

 

FV. Toute l'Europe. Il y a beaucoup de covoiturages dans les pays nordiques et peut-être, de fait, un très fort potentiel en Allemagne. Nous en reparlerons.

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