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"Fournir des informations est plus compliqué qu’on ne l’imagine"

Publié le 7 novembre 2011

Par Gredy Raffin
5 min de lecture
Hans Puvogel, manager général d’Inrix Europe - Le marché de l’information embarquée prenant sérieusement son envol, Inrix tient à consolider ses positions. Le patron européen du groupe revient sur les récents investissements, entre rachat et ouvertures de bureaux à l’étranger.
Hans Puvogel, manager général d’Inrix Europe.

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Pouvez-vous revenir sur les opérations de
l’été ?
HANS PUVOGEL.
Nous avons complété le rachat d’Itis, en Angleterre, pour ainsi accroître le nombre de salariés à 160 personnes en Europe. Cette opération nous a permis d’acquérir des technologies et un portefeuille clients qui inclut toutes les marques à l’exception du groupe Volkswagen, avec qui nous travaillons néanmoins en Allemagne. En Angleterre, le constructeur allemand passe par une centrale d’achat qui a retenu un concurrent.

JA. De quel type de technologie parlez-vous ?
HP.
Nous avons repris les moyens de collecter et de traiter des messages journalistiques, ainsi que la remontée de données mobiles, on et off-call, comme nous le faisons déjà en Allemagne et en Australie avec BMW notamment. Cela nous rend plus précis par un accroissement du volume de sources et notre indice de performance (KPI, N.D.L.R.) a de fait progressé de 100 %.

JA. Après cette reprise, quel est le plan d’Inrix ?
HP.
Nous nous occupons actuellement de l’intégration d’Itis tout en gardant un œil sur le marché. Nous remarquons que la demande en solutions connectées pousse très fort. Pour preuve, tous les constructeurs, sans exception, se positionnent sérieusement sur des projets à court terme. Ce ne sera plus des services réservés aux marques et aux véhicules Premium.

JA. Quelle feuille de route avez-vous définie ?
HP.
Il y a eu des ruptures technologiques, il y a dix-huit mois environ, mais je n’aurais pas cru en une telle rapidité de développement et de déploiement. L’information trafic est notre cœur de métier historique. On y a ajouté les services d’informations en temps réel pour la mobilité automobile. Nous nous focalisons sur le véhicule électrique qui demande des données relatives aux stations de recharge et autres. Il nous incombe aussi d’alimenter les bases de données servant une mobilité multimodale. Les grands constructeurs investissent dans cette voie, notamment en Asie. En Europe, nous essayons de combler le retard, ce qui est une aubaine pour nous, qui avons des systèmes en production avec BMW, Audi, Ford, Toyota, Continental ou encore Pioneer.

JA. Quelles sont alors vos prévisions de marché ?
HP.
Inrix enregistre une croissance de 60 à 75 % de son chiffre d’affaires annuel, soit au-dessus du potentiel du marché, qui est pourtant énorme. Considérant que la Chine va dépasser les autres pays d’ici à 2012, il est impératif pour nous d’y être présents, afin d’accompagner nos clients dans leurs investissements.

JA. Vous heurtez-vous à des contraintes ?
HP.
Dans les pays en voie de développement en particulier, nous sommes obligés de créer des infrastructures, des centres de traitements des données GPS, téléphones mobiles, gestionnaires de flottes pour compenser le manque notoire d’équipements. Il faut aussi s’imprégner des spécificités de chacun, à la fois du trafic routier et de la réglementation.

JA. C’est-à-dire ?
HP.
En Chine, par exemple, la loi nous impose une association avec un prestataire local, un traitement local réalisé par une équipe locale. Au Brésil, notre travail est facilité par l’obligation pour les constructeurs d’installer un boîtier de géolocalisation dans les voitures sortant d’usine. Ce sont des pays importants, mais pas évidents à conquérir, tout comme l’Afrique du Sud. Inrix a une politique qui consiste à réinvestir 100 % des profits dans le développement, soit une somme à 7 ou 8 chiffres, soutenue par une trésorerie saine.

JA. Dans un tel contexte, quelles relations entretenez-vous avec les constructeurs ?
HP.
Nous travaillons avec quatre marques automobiles, ce qui nous place en position d’acteur de référence. Nous sommes en faveur d’une standardisation des données. Cependant, nous ne croyons pas en l’approche uniforme “one size fits all” (un produit pour tous) : il faut comprendre les particularités et exigences de tous les clients, individuellement. Ce que nous parvenons à faire chez Inrix et qui justifie quelque part notre image de fournisseur flexible.

JA. Qu’en est-il des Français ?
HP. Autant il y a des initiatives à l’étranger, autant c’est encore figé en France. Renault et PSA avancent et on discute avec eux. J’espère pouvoir faire une annonce dans quelques mois, mais nous en sommes encore loin.

JA. Pour des questions pratiques, on évoque de plus en plus la solution de l’hébergement, qu’en pensez-vous ?
HP.
A l’heure actuelle, Inrix est seul à être opérationnel sur le TPEG, une technologie d’échange qui se rapproche du cloud computing. En ce sens qu’il s’agit pour le véhicule d’envoyer des requêtes, selon le protocole http, à nos serveurs de base d’informations. Ceux-ci répondent en fonction du mode de communication propre au véhicule. Ces serveurs, dont nous sommes propriétaires, sont au nombre d’une centaine. Ils sont installés aux Etats-Unis, en Europe, près de Manchester, et bientôt en Asie.

JA. Craignez-vous la montée en puissance d’une concurrence attirée par les gains substantiels de ce marché ?
HP.
Je n’y crois pas. Fournir des informations est plus compliqué qu’on ne l’imagine, et le secteur est de ce fait davantage en phase de concentration et de rationalisation. Nous ne sommes réellement que trois entreprises à toujours répondre aux sollicitations des constructeurs. Pour être considérés, il nous faut être en mesure de proposer une solution mondiale, même si le premier contrat porte sur un seul pays ou un seul continent, car l’idée, pour nos clients, est de réduire le portefeuille de fournisseurs. Ce qui rend les petits intervenants locaux moins légitimes, malheureusement pour eux.

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