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Entre esprit de conquête et inquiétude

Publié le 24 juin 2010

Par Armindo Dias
5 min de lecture
Garagistes, concessionnaires ou responsables de centres-auto… Tous ces professionnels se doivent de disposer d'assurances dites multirisques professionnelles. Elles leur permettent de ne pas se retrouver dans une situation difficile...
Garagistes, concessionnaires ou responsables de centres-auto… Tous ces professionnels se doivent de disposer d'assurances dites multirisques professionnelles. Elles leur permettent de ne pas se retrouver dans une situation difficile...
...en cas de catastrophes. Certains assureurs cherchent donc à les séduire avec des offres taillées sur mesure. Tout le secteur de l'assurance est en revanche partisan d'une refonte de la nouvelle procédure VE.

C'est un fait. Tous les assureurs ne s'intéressent pas dans les mêmes proportions aux assurances de biens et de responsabilité des professionnels. Mais cela ne doit rien au hasard, ces "produits" participant encore de façon relativement mineure à l'activité globale des sociétés d'assurances en France (199,5 milliards d'euros de cotisations en 2009, d'après les dernières données de la Fédération Française des Sociétés d'Assurances ou FFSA) : l'an dernier, si les cotisations récoltées au titre des assurances de biens et de responsabilité ont atteint 45,2 milliards d'euros (+ 1 %), celles concernant les assurances de personnes ont atteint elles les 154,3 milliards d'euros (+ 11 %). Des évolutions très différentes ont en outre été constatées selon les catégories de cotisants. Les cotisations perçues auprès des seuls particuliers au niveau des assurances de biens et de responsabilité ont progressé de 2 % à 25 milliards d'euros alors que celles récoltées auprès des professionnels ont stagné à 20,2 milliards d'euros. Last but not least. Des branches ont enregistré des croissances et pas d'autres, celle des seuls dommages aux biens des professionnels hors agricoles enregistrant une stagnation avec des "recettes" de 5,8 milliards d'euros. Au final, il y a donc aussi bien des compagnies d'assurance qui ne s'intéressent pas aux responsables de centres-auto, aux garagistes et aux concessionnaires que des groupes qui s'y intéressent de plus en plus et d'autres qui en ont déjà séduit un grand nombre avec des assurances multirisques professionnelles qui leur sont véritablement dédiées (MMA en fait notamment partie avec une offre baptisée "MMA Pros de l'Auto"). "Nous n'avons pas de volonté de développement commercial dans ce segment", nous a ainsi fait savoir une grande mutuelle française. Un assureur traditionnel nous a indiqué pour sa part être en train de procéder à une refonte complète de son offre à destination de ce "public", sans volonté de nous en dire plus pour le moment. Les assurances multirisques professionnelles n'en restent pas moins très utiles. Elles permettent en effet de ne pas se retrouver dans une situation financière difficile en cas de perte ou de détérioration de ses actifs, que ce soit à la suite d'un incendie, d'une explosion, d'un vol ou d'une catastrophe naturelle, ces "produits" couvrant aussi les responsabilités civiles de leurs bénéficiaires. Ces derniers peuvent pourtant aller encore plus loin s'ils le souhaitent, ces contrats "tout-en-un" pouvant souvent être complétés avec des garanties ou options complémentaires. "MMA Pros de l'Auto" propose par exemple des garanties pertes d'exploitation qui permettent de couvrir ses charges fixes et de protéger son bénéfice en cas d'interruption d'activité suite à un dommage garanti comme un incendie ou un dégât des eaux (ces garanties peuvent également entrer en jeu si un collaborateur-clé de l'entreprise tombe malade ou est victime d'un accident). Bref, ils peuvent garantir la pérennité de leur activité.

"Les textes sont sans doute trop flous pour les experts"

Et le monde de l'assurance aimerait presque pouvoir en faire autant pour son propre compte avec une remise à plat de la nouvelle procédure VE. Elle est en effet jugée trop contraignante et inefficace par toute la profession. "Nous doutons toujours de sa réelle efficacité en termes d'amélioration de la sécurité des véhicules, nous a ainsi fait savoir Axa. Les véhicules non garantis en dommages n'entrent pas dans le champ de cette réglementation entrée en vigueur en juin 2009." Les véhicules immobilisés ne sont donc pas forcément ceux qui devraient l'être en priorité, les assureurs n'ayant d'ailleurs pas constaté une baisse de la sinistralité depuis la mi-2009 (voir interview ci-après du responsable marché automobile de la FFSA). Ils ont en revanche constaté que la nouvelle réglementation a entraîné à la fois des délais d'immobilisation des véhicules beaucoup plus longs et un renchérissement significatif des coûts, certaines compagnies d'assurance expliquant ce dernier point par le fait que des contrôles techniques sont demandés après les réparations dans de très nombreuses expertises VE. "Nous constatons aussi que les experts refusent de délivrer les rapports de conformité lorsque des réparations autres que celles induites par l'accident sont nécessaires", ajoute Axa. Résultat : les assurés sont obligés de les faire effectuer sur site s'ils souhaitent récupérer au plus vite leur véhicule, une situation qu'ils n'ont pas à affronter dans le cadre d'un contrôle technique dans la mesure où un délai leur est ici accordé par les professionnels. "Seul un renforcement des obligations du contrôle technique aurait permis de renforcer efficacement la sécurité tout en évitant les surcoûts et désagréments pour les assureurs et les assurés", estime finalement Axa. Mais cela pourrait très rapidement évoluer. Le comité de suivi instauré à l'occasion de la mise en place du nouveau dispositif doit en effet se réunir courant juin, une réunion susceptible d'aboutir à une clarification de la réglementation. "Les textes sont sans doute trop flous pour les experts, estime Laurent Hecquet, délégué général de l'association "40 millions d'automobilistes". Ces professionnels préfèrent certainement faire de l'excès de zèle plutôt que de voir leur responsabilité trop rapidement engagée. A l'avenir, les certificats de conformité ne devraient donc mentionner que les réparations pour lesquelles les experts ont été effectivement missionnés." Le danger est clair : si rien ne bouge, toutes les primes d'assurances pourraient être amenées à augmenter. Et autant dire que dans ce cas, tous les comparateurs d'assurances enregistreront une explosion de leurs trafics et tous les automobilistes ou presque s'intéresseront aux formules de paiement au kilomètre dites Pay As You Drive ou PAYD.

Photo : Tous les assureurs ou presque sont pour une révision de la nouvelle procédure VE. Elle a entraîné une explosion des frais d'immobilisation.

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