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Avec l'électrification, l'après-vente automobile se repositionne dans la chaîne de valeur

Publié le 26 septembre 2024

Par Nabil Bourassi
5 min de lecture
D'après une étude conduite par TCG Conseil, la transformation du secteur automobile pourrait remettre l'aftermarket au cœur du marché. Mobilians plaide en faveur d'une prise de conscience des professionnels de l'après-vente pour une montée en compétence et saisir cette opportunité de marché.
Mobilians étude transformation du secteur automobile
L'après-vente sera au cœur des nouveaux besoins de service demain. ©AdobeStock-Jack Tamrong

La transformation de l’industrie automobile n’est pas qu’une affaire de constructeurs, c’est un immense enjeu pour le marché de l’après-vente comme le confirme une étude Mobilians conduite par le cabinet TCG Conseil. Elle fait écho à une première étude qui avait été conduite en 2018, autrement dit une éternité au regard des bouleversements du secteur.

 

Avant d’affiner son analyse, l’étude a dressé une photographie du marché automobile français à horizon 2031. Elle table sur un parc de 48 millions de véhicules (particuliers et utilitaires compris), soit une progression conséquente comparée aux 45 millions d’aujourd’hui. Les voitures de plus de douze ans représenteront 46 % du parc, contre 41 % aujourd’hui. 

 

TCG Conseil a établi deux hypothèses de marché. Premier scénario, les voitures électriques représenteront 75 % des ventes du neuf et 20 % du parc en 2031. Deuxième configuration plus pessimiste par rapport aux objectifs de décarbonisation, la pénétration de ces véhicules se limitera à 50 % du marché du neuf, et plafonnera à 15 % du parc.

 

La réparation-maintenance baisse en volume...

 

Dans le premier scénario, l’étude anticipe un volume d’opérations de réparation-maintenance à 48 438 millions, soit un ratio d’incidentologie unitaire de 1,01. Dans le second scénario, le volume atteindrait les 49 254 millions d’opérations, soit un ratio de 1,02. Dans les deux cas, le volume d’opérations est en baisse puisqu’en 2022, il était de 49 456 millions, pour un ratio de 1,09. 

 

Le cabinet estime que, dans le même temps, les prix suivront une trajectoire rigoureusement parallèle à l’inflation. En d’autres termes, les garages seront contraints notamment par la concurrence des réseaux de marques qui multiplient les contrats d’entretien et qui voudront également s’accaparer le marché des VO les plus anciens grâce à des prix attractifs. 

 

Sur les voitures électriques, les automobilistes sont une écrasante majorité à constater que les coûts d’entretien sont inférieurs (27 %) voire très inférieurs (49 %) à ceux constatés sur des voitures thermiques.

 

...mais reste stable en valeur

 

Les garagistes sont donc pris dans l’étau de la baisse des volumes et des prix moyens. L’étude estime que dans le scénario d’un marché à 20 % du parc en électrique, le marché de la réparation-maintenance s’élèverait à 18,8 milliards d’euros, contre 19 milliards aujourd’hui. Néanmoins, dans le scénario 2, ce marché atteindra les 19,3 milliards d’euros.

 

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Car la voiture électrique n’est pas exempte d’inconvénients en matière de maintenance. Il existe de nombreux postes de maintenance qui disparaissent des coûts du fait de la fin de la chaîne de traction thermique. Il n’empêche que les réparations de carrosserie sont plus nombreuses et plus coûteuses. De même que pour le changement de pneu (+20 %). Le surcoût d’une réparation de voiture électrique par rapport à une voiture thermique est de 25 % d’après l’étude. Les dommages sur les batteries, ou les choix de matériaux utilisés (aluminium, fibre de carbone) constituent des frais supplémentaires. À l’inverse, la forte hausse de l’utilisation de pièces de réemploi (qui passerait de 4 à 25 %) et la baisse des chocs sévères dont la part sur le total des accidents passerait de 26 à 20 %, sont plutôt favorables à la baisse des coûts.

 

Le "yoyo" de la valeur résiduelle

 

D’ailleurs, comme le rappelle Marc Bruschet, président des concessionnaires VP de Mobilians, "le contrat massif de voitures électriques par Hertz a fait sauter son patron". Le loueur américain avait sous-estimé le coût de l’entretien, mais également le "yoyo" de la valeur résiduelle, il avait dû rompre son contrat avec Tesla. Autre exemple, la Norvège, l’un des pays les mieux équipés en voitures électriques au monde, constate près de deux fois plus de collisions. 

 

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En outre, l’étude estime que la multiplication des systèmes d’aide à la conduite (Adas) n’a pas encore atteint la maturité pour avoir un impact sur les incidents. Les freinages d’urgence ne sont obligatoires que depuis la dernière norme GSR2 en vigueur depuis juin dernier. 

 

Mais TCG Conseil table sur des effets rapides à moyen terme de cette généralisation des Adas. Selon lui, le nombre de réparation-collision devrait tomber à 6,3 millions en 2030, soit un million d’opérations en moins par rapport à aujourd’hui. En valeur, néanmoins, le coût total augmenterait pour atteindre les 10,2 milliards d’euros, contre 9,5 milliards aujourd’hui.

 

La formation, enjeu majeur pour la filière

 

Pour Xavier Horent, délégué général de Mobilians, cette étude impose d’interroger la filière sur son degré de préparation face à la transformation technologique en vigueur. "La formation n’est pas encore vue comme un levier majeur de compétitivité, or ce sera majeur", a-t-il déclaré. Il juge qu’il appartient également aux pouvoirs publics d’accompagner la filière dans cet effort de formation. Le délégué général de Mobilians estime que la transformation en cours dans l'industrie automobile devrait replacer l'après-vente au cœur de la chaîne de valeur.

 

Pour Marc Bruschet, un autre aspect de cette étude a attiré son attention : la part de marché des réseaux de marque sera en baisse à l’horizon 2030. Elle passe de 22 à 20 % en volume et de 29 à 25 % en valeur. Selon lui, les réseaux doivent repenser leur stratégie pour constituer des clients captifs. Il pense notamment à des formules de package de la vente de VO avec des contrats d’entretien et des financements.

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