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Aliapur récuse le déchet

Publié le 26 mai 2011

Par Hervé Daigueperce
5 min de lecture
Profitant de l’inauguration de la plate-forme d’Eurec Sud, Eric Fabiew, directeur général d’Aliapur, a pratiqué une forme de pédagogie musclée pour évoquer le pneu à recycler, un produit, pas un déchet, et qui se valorise de mieux en mieux jusqu’à…
Les investissements pour Eurec Sud ont représenté pour Jean-Marc Buccella, 4,5 millions d’euros, (23 000 m2, 15 emplois locaux sur 17) pour une collecte sur 4 départements (34/30/66/11), 14 000 tonnes collectées et entre 15 000 et 20 000 tonnes broyées.

“Ne l’appelez plus jamais déchet”… mais produit ! Sur ce point, Eric Fabiew se veut intraitable alors qu’il égraine les 9 voies de valorisation du pneumatique et les sources importantes d’économie que cela représente. Mais avant de les détailler, il convient de parler de collecte, la mission première d’Aliapur, et des engagements des producteurs. Et de l’agacement du directeur général d’Aliapur face à certains tricheurs. La règle est pourtant simple : celui qui produit doit déclarer ce qu’il met en circulation et s’acquitter de l’éco-contribution. Est producteur, celui qui fabrique en France et qui vend en France, celui qui importe et vend sur le marché français, celui qui importe un engin avec des pneus et le vend en France. Tous doivent déclarer la quantité de pneus (neufs ou occasion) vendus sur le marché. Sur la foi de ces déclarations, Aliapur établit le nombre d’enveloppes qu’il doit traiter sur l’année, soit en 2010, 260 000 tonnes (13 000 t de moins qu’en 2009, 30 000 t de moins qu’en 2008, puisque liées aux ventes). En réalité, ce sont plus de 278 000 tonnes qui sont passées entre les mains des collecteurs agréés, (en 116 000 opérations et 40 000 points de collecte). Et ce pour de multiples raisons, du fait des tricheurs (“oubliant” de déclarer, soit 22 000 t), d’Internet (pas de déclaration de beaucoup de sites, soit 7 700 t), de l’augmentation du poids des pneus (Eric Fabiew milite pour que la déclaration se fasse sur le poids et non sur le nombre des enveloppes, passées d’une moyenne de 7,13 kg, en 2007, l’unité à 7,57 kg, en 2010), des casses automobiles qui donnent en plus des pneus “déclarés”, ceux des VHU, et ceci sans compter les effets de marché. Tout cela a conduit à une insatisfaction globale contre laquelle Aliapur ne pouvait pas grand-chose, sinon réclamer à ce que la “demande” colle davantage au marché en étant au moins semestrielle, que la valorisation par ensilage (900 000 t stockées chez les agriculteurs) ne soit pas retenue (l’Etat craignait qu’il n’y ait pas assez de voies de valorisation !) et enfin que l’amende soit moins disproportionnée. En effet, aujourd’hui, la sanction par pneumatique non déclaré, s’élevant à 7 500 euros, la procédure s’avère difficile alors que, plus adaptée et gérée par les douanes, elle gagnerait en efficacité. Sans oublier que l’Etat pourrait, alors, s’occuper d’Internet, représentant quelque 13 à 14 % des ventes, afin d’obtenir leur contribution. Car, c’est avec l’éco-contribution qu’on rémunère le travail…

La preuve par 9

Et en parlant argent, il faut rappeler qu’Aliapur a engagé 2 millions d’euros de plus l’année dernière pour libérer en urgence les points de vente engorgés de pneus usagés, soit 10 000 tonnes qui sont une “avance” sur la collecte 2011. Au-delà de cette dépense “forcée”, Aliapur fait fonctionner quelque 35 collecteurs indépendants et 13 plates-formes de valorisation, les deux étant choisis par appel d’offres, supervisé par un cabinet extérieur “parce qu’il est préférable de procéder par appel d’offres quand on a 70 millions d’euros à distribuer” commente Eric Fabiew. Bien qu’Aliapur n’ait pas vocation à gagner de l’argent, pour son directeur général, plus on optimise les process, moins la collectivité doit sortir de l’argent. En termes de valorisation, par exemple, 9 voies sont envisagées pour le seul pneumatique, réparties en 3 grandes familles, la valorisation matière (40,74 %), la valorisation énergétique (43,11 %) et la réutilisation (rechapage et réutilisation, 16,15 %). Quand en 2005, le coût de valorisation s’élevait à 12 millions d’euros, celui-ci se monte aujourd’hui à 3 millions. L’effort d’Aliapur dans le domaine est considérable et fait dire à Eric Fabiew : “Nous sommes apporteurs de matières et, souvent, l’on nous considère comme des clients alors que nous sommes des fournisseurs. Il est impératif que les valorisateurs vendent plus chers les produits issus de notre fourniture”. Et l’imagination d’Aliapur va très loin, puisqu’au-delà de la valorisation énergétique (cimenteries, chaufferies urbaines…), les produits fabriqués à partir des pneus sont impressionnants : gazon synthétique, pièces moulées, sol équestre, aires de jeux, murs de soutènement etc. Revenons aux pièces moulées : Aliapur met au point actuellement une nouvelle matière composée de granulats de pneus et de plastiques haute performance qui peut servir à la fabrication de pièces automobiles. En fait, un nouveau composant, moins cher et aussi spécifique, plus flexible, et bien sûr recyclable. Mais tout ceci ne se sait pas assez, c’est pourquoi Aliapur compte sur des plates-formes comme celle d’Eurec Sud pour devenir de véritables vitrines de l’activité à la fois de collecte et de valorisation. Pour dire, par exemple, que “les économies de ressources naturelles et d’impacts environnementaux permises grâce à la substitution de matières et de produits traditionnels par le pneu usagé en 2010, équivalent au chauffage de 76 000 logements de 80 m, l’eau nécessaire à 23 millions de douches ou 150 millions de litres de gasoil”. De quoi faire la guerre à ceux qui ne jouent pas le jeu !

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