Véhicules historiques : le défi de la transmission des savoirs
L'automobile ancienne est un patrimoine. Un patrimoine vivant. Voilà résumé le combat mené par Hubert Haberbusch, patron de HH Services, qui répare et restaure de vieilles autos, mais aussi vice‑président de la FFVE en charge de la transmission des savoirs. Une bataille gagnée par cet Alsacien, puisque sa société a été la première, en 2007, à obtenir le label d’Entreprise du patrimoine vivant (EPV). Aujourd’hui, il y en a une vingtaine dans l’automobile. En 2017, il a même été reconnu maître d’art par le ministère de la Culture.
Le 25 novembre 2020, Hubert Haberbusch a encore été récompensé par la Fiva (Fédération internationale des véhicules anciens) en recevant le prix de la Culture Fiva dans la catégorie apprentissage, formation et projets de sensibilisation. "Les véhicules anciens font partie du patrimoine de la France. La valorisation des métiers de restauration et d’entretien de ce patrimoine est essentielle pour le pérenniser. Mon travail est une passion pour moi, depuis plus de 50 ans. Je fais en sorte de transmettre cette passion et ce savoir aux jeunes générations, car c’est un véritable trésor culturel !", a‑t‑il déclaré à l’occasion.
4 CQP dédiés aux anciennes
Une volonté de transmission qu’Hubert Haberbusch a concrétisée pour son entreprise. En effet, alors que la retraite approche, deux de ses employés ont repris le flambeau en janvier 2021. Mais au‑delà de son cas, il a œuvré pour la mise en place de formations dédiées à la voiture ancienne. Un travail de longue haleine mené avec la FFVE, le CNPA et l’Anfa. "Mais la machine est lancée ! C’est primordial", se félicite‑t‑il. Depuis cet automne, des certificats de qualification professionnelle dédiés sont sur les rails : le CQP mécanicien-réparateur de véhicules anciens et historiques et le CQP tôlier véhicules anciens et historiques. Deux CQP qui peuvent être complétés par un niveau « expert ».
Pour tenter d’en assurer le succès, le CNPA s’est battu avec les pouvoirs publics pour aligner les aides aux entreprises embauchant des alternants en contrat de professionnalisation sur celles de l’apprentissage, à savoir 5 000 euros pour un mineur et 8 000 euros pour un majeur au cours de la première année. À cela, peuvent s’ajouter, pour les adhérents du CNPA et de la FFVE, 2 000 euros supplémentaires.
Jean‑Louis Blanc, président de la FFVE, précise d’ailleurs "qu’il y aura 50 bourses par an". "Cette charte de parrainage commune pour la promotion de formations de qualité est un acte fort envoyé en direction de nos professionnels pour les inciter à inscrire des apprenants dans ces CQP. Il nous appartient maintenant conjointement de le faire savoir. Il y a urgence, car les ateliers de nos adhérents refusent trop souvent du travail, faute de compagnons qualifiés", explique Michel Loreille, président du métier véhicules historiques du CNPA.
Assurer la transmission des savoir‑faire
Des formations, pour l’heure, proposées dans 4 centres en France et qui vont nourrir les entreprises du secteur, souvent en manque de main-d'œuvre, mais aussi de repreneurs. Cela peut faire naître des vocations, surtout à l’heure où près de la moitié des patrons des sociétés du secteur sont proches de la retraite. Ainsi, la formation proposée par le Garac se déroule sur 14 mois avec 21 semaines en entreprise. Pour cette première rentrée, les deux CQP accueillent 18 alternants dont 10 en mécanique et 8 en tôlerie. Un bon début selon l’école d’Argenteuil. Ces formations mettent ainsi en lumière toute la filière de la voiture ancienne, qui compte tout même plus de 20 000 emplois selon la FFVE. Mais l’arrivée d’un alternant chez un restaurateur représente plus qu’un simple emploi.
En plus des CQP, il y a une sorte de formation continue, car les véhicules historiques demandent foule de métiers de plus en plus rares ayant trait "à l’électricité, à l’usinage ou encore à la réparation des radiateurs par exemple", liste Hubert Haberbusch. Des choses que l’on n’apprend plus forcément à l’école et qui sont transmises par l’artisan. Des travaux que des réseaux de constructeurs, qui commencent à s’intéresser à l’ancienne, ne proposent que très rarement et sous‑traitent justement à des petits ateliers spécialisés.
La transmission est donc le point clé, le cheval de bataille du vice‑président de la FFVE. La sauvegarde et la transmission de ces savoirs permettent au patrimoine automobile de rester vivant en roulant. Finalement, la seule récompense qui tienne pour un passionné. Car il ne faut pas occulter la passion dans ce domaine. Mais ici comme ailleurs, les générations se renouvellent et avec elles les collectionneurs. Ainsi, la montée en puissance des youngtimers permet d’élargir aussi bien le recrutement que le nombre de passionnés.
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Les CQP véhicules historiques en France
Depuis la rentrée 2020, de nouveaux certificats de qualification professionnelle (CQP) ont fait leur apparition en France, grâce aux efforts conjoints du CNPA, de la FFVE et de l’Anfa. Il s’agit d’un CQP mécanicien-réparateur de véhicules anciens et historiques et d’un CQP tôlier véhicules anciens et historiques. Deux CQP qui existent aussi en niveau « expert ». De quoi répondre à la demande de main-d'œuvre des entreprises et artisans du secteur qui sont au nombre de 4 000 selon la FFVE. Pour l’heure, ces certificats sont proposés dans quatre établissements en France : la CCI Sud formation à Alès (30), le Garac à Argenteuil (95), le CFA CMA à Arras (62) et, enfin, la MFR Centre de formation aux métiers de la mécanique de Saint‑Martin‑en‑Haut (69). Un démarrage qui n’a pas été aidé par la crise du Covid, mais Jean‑Louis Blanc, président de la FFVE, indique qu’il y aura au moins 12 à 15 nouveaux centres qui proposeront ces CQP en 2021.
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