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Constructeurs

Renault perd 7,3 milliards d’euros au premier semestre 2020

Publié le 30 juillet 2020

Par Damien Chalon
4 min de lecture
Le groupe affiche la plus forte perte de son histoire, conséquence de la crise du Covid-19 et des mauvais résultats de son partenaire Nissan. Le salut passera en grande partie, selon ses dirigeants, par le succès de la gamme hybride et électrique.
Renault a perdu 7,3 milliards d'euros au premier semestre 2020.

 

Le groupe automobile français Renault a subi au premier semestre 2020 la perte nette la plus lourde de son histoire, à 7,3 milliards d'euros, plombé par les difficultés de son partenaire japonais Nissan et la crise sanitaire. Le groupe, déjà en difficulté avant la pandémie de coronavirus, et qui avait annoncé fin mai 15 000 suppressions d'emplois dans le monde, dont 4 600 en France, a indiqué ce jeudi 30 juillet qu'il renonçait à toute prévision de résultat financier pour 2020 face aux incertitudes sanitaires, mais a promis un rebond.

 

"La situation est sans précédent, elle n'est pas sans appel", a commenté le nouveau directeur général, Luca de Meo, qui a pris ses fonctions au début du mois. "J'ai toute confiance en la capacité du groupe à rebondir", a-t-il ajouté. La pandémie de Covid-19 "a fortement impacté les résultats du groupe sur le premier semestre et est venue s'ajouter à nos difficultés préexistantes", a expliqué la directrice générale adjointe Clotilde Delbos.

 

Nissan creuse la dette

 

La perte historique s'explique principalement par la contribution du constructeur automobile Nissan, détenu à 43 % par Renault. Il a pénalisé le groupe au losange à hauteur de 4,8 milliards d'euros. Ces chiffres contrastent avec ceux du rival français PSA qui a réussi à gagner de l'argent au premier semestre malgré la crise, avec un bénéfice net de 595 millions d'euros.

 

Renault (qui regroupe aussi les marques Dacia, Lada, Alpine et Samsung Motors) souffre de surcapacités de production au niveau mondial. Il a donc été particulièrement frappé par la chute du marché. Mais le constructeur a prévu de réduire ses coûts de 2 milliards d'euros sur trois ans, dont 600 millions dès cette année. En janvier, il annoncera un nouveau plan stratégique "sur six ou sept ans".

 

"Nous touchons en ce moment le point bas d'une courbe négative qui a démarré il y a plusieurs années", a déclaré Luca de Meo, lors d'une conférence téléphonique, en référence à la course aux volumes attribuée à l'ancien patron Carlos Ghosn, déchu après avoir été interpelé au Japon pour des malversations présumées et qui s'est réfugié au Liban. Se définissant comme un "homme de produits", le nouveau patron a souligné qu'il allait désormais "privilégier la valeur aux volumes" et renouveler la gamme du constructeur en visant une "rentabilité liée au succès de nos modèles".

 

Le modèle PSA

 

Il a reconnu que la stratégie de Carlos Tavares, qui a repris PSA au bord de la faillite et l'a spectaculairement redressé à partir de 2014, était une "source d'inspiration". Comme son concurrent, Renault souhaite désormais se concentrer "sur les segments de marchés rentables et en croissance". Jugeant que le potentiel du groupe au losange était "sous-estimé à l'extérieur", il a loué la qualité des nouveaux modèles hybrides E-Tech et de la nouvelle plateforme électrique de l'Alliance avec Nissan et Mitsubishi, au top de l'industrie selon lui.

 

La citadine Clio et le petit SUV Captur "sont numéro un de leur segment", les Dacia se vendent bien, a-t-il mis en avant. Les ventes de la Zoe ont progressé de 50 % et permettent à Renault d'être leader européen de l'électrique, un créneau en plein boom. "Nous ne sommes pas naïfs et nous savons qu'un redressement prend du temps, a estimé Mme Delbos. Nous pensons que le troisième trimestre sera bon mais nous n'avons aucune visibilité sur le quatrième".

 

Sur les six premiers mois de l'année, le chiffre d'affaires a plongé de 34,3 %, à 18,4 milliards d'euros. La perte d'exploitation a atteint 2 milliards. Ce chiffre inclut des dépréciations d'actifs pour 445 millions d'euros, afin de prendre en compte des "hypothèses de volume revues" à la baisse "pour certains véhicules", ainsi que des provisions pour charges de restructuration pour 166 millions d'euros "principalement liées au plan de départs anticipés en France".

 

Enfin, l'échec du groupe en Chine est acté dans les comptes avec 153 millions d'euros de moins-value sur la cession des parts de Renault dans sa filiale commune avec Dongfeng Motor Corporation. Renault avait annoncé qu'il abandonnait la vente de voitures thermiques dans ce pays pour se concentrer sur les utilitaires et les véhicules électriques. (avec AFP)

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