GM : très chère grève
Les négociations avec GM "sont en train de mal tourner", a déclaré, dimanche 6 octobre 2019, le syndicat des dizaines de milliers de salariés du groupe en grève depuis le 16 septembre pour réclamer de meilleurs salaires et avantages sociaux. "Après avoir fait des progrès sur des sujets importants il y a deux jours, l'entreprise a montré sa réticence à rémunérer à sa hauteur le travail accompli des employés", a écrit Terry Dittes, vice-président du syndicat UAW pour General Motors.
GM a fait savoir, vendredi 4 octobre, qu'il acceptait de maintenir la couverture santé des salariés pendant tout le mouvement de grève, le premier d'une telle ampleur depuis 2007. Un geste qui suggérait qu'un accord était en passe d'être trouvé ce week-end, même si les négociations achoppaient sur les salaires et la pérennisation de l'emploi pour les nouvelles recrues, d'après des sources proches du dossier. En plus de hausses de salaire et de meilleurs avantages sociaux, l'UAW réclame l'amélioration de la situation des salariés embauchés après le sauvetage historique de GM de la faillite en 2009 par l'administration Obama.
Mais selon les syndicats, dimanche matin le constructeur aux quatre marques (Chevrolet, Buick, Cadillac et GMC) n'a "pas répondu" à la proposition "très détaillée" qu'ils lui avaient soumise vendredi soir. Le groupe "est revenu à sa proposition antérieure, très peu modifiée", et déjà rejetée auparavant par les syndicats, précise Terry Dittes.
Près de 50 000 salariés du constructeur sont en grève depuis mi-septembre. La production du groupe est à l'arrêt aux États-Unis, ce qui affecte aussi des usines canadiennes et mexicaines où 6 000 ouvriers ont été mis au chômage technique faute de pièces. L'UAW voudrait aussi que le géant de Detroit réactive quatre usines mises à l'arrêt en novembre 2018, dont une dans l'Etat industriel de l'Ohio, affecté par les délocalisations. GM affirme pour sa part avoir offert plus de 7 milliards de dollars de nouveaux investissements dans des usines américaines, proposé de créer 5 400 emplois supplémentaires et d'augmenter les salaires.
D'après les experts de RBC Capital Markets, le manque à gagner pour GM oscille entre 75 et 100 millions de dollars par jour, ce qui représente déjà entre 1 et 1,4 milliard de dollars. JPMorgan Chase fait un autre calcul et arrive à un coût qui dépasse déjà le milliard de dollars pour GM. En effet, selon la banque, GM a produit environ 2 millions de véhicules aux Etats-Unis l'an dernier, soit 38 500 par semaine. Le rythme hebdomadaire atteint même 57 500 unités si l'on ajoute les productions canadiennes et mexicaines. Par conséquent, l'arrêt de la production depuis le 16 septembre a coûté environ 480 millions de dollars à GM lors de la première semaine et 575 millions pour la deuxième évalue JPMorgan Chase. Une partie de cette production perdue pourra, sans doute, être rattrapée dans les mois à venir. Si la grève prend fin. (avec AFP).
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