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Constructeurs

Renault : Carlos Ghosn reste au volant

Publié le 18 juin 2018

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Sans surprise, les actionnaires de Renault ont donné leur feu vert à Carlos Ghosn pour un nouveau mandat à la tête du groupe. L'occasion pour le président d'évoquer la présence de l'entreprise en Iran ou encore l'avenir de l'Alliance.

 

"Le groupe Renault va bien", s'est félicité Carlos Ghosn devant l'assemblée générale du groupe, réunie vendredi 15 juin 2018. Les actionnaires y ont voté en faveur d'un nouveau mandat d'administrateur pour Carlos Ghosn, qui ouvre la voie à son renouvellement comme PDG du groupe.

 

Les détenteurs de titres du constructeur automobile ont également approuvé sa rémunération au titre de 2017, pour un montant de 7,4 millions d'euros, malgré l'opposition de l'Etat actionnaire. La résolution a été adoptée à une majorité de plus de 56 % des voix. Sa rémunération pour 2018, qu'il s'est engagé à réduire de 30 %, a été plus largement approuvée, à près de 88 % des voix, avec cette fois le feu vert de l'Etat.

 

Le dirigeant de 64 ans, directeur général de Renault depuis 2005 et PDG depuis 2009, doit consacrer son dernier mandat à assurer la pérennité de l'alliance avec Nissan et Mitsubishi, qu'il a hissée au premier rang mondial des constructeurs automobiles. L'ensemble franco-japonais a vendu l'an dernier 10,6 millions de voitures, dépassant ses rivaux Toyota ou Volkswagen. Renault a réalisé en 2017 des ventes record (3,76 millions de véhicules) et un bénéfice net historique de 5,1 milliards d'euros, grâce notamment aux économies liées aux partenariats.

 

Carlos Ghosn avait déjà obtenu en février le feu vert du conseil d'administration pour un nouveau mandat de PDG de quatre ans. Il s'était notamment assuré le soutien du premier actionnaire, l'Etat français, détenteur de 15 % du capital. Il a cependant prévenu qu'il pourrait quitter la direction générale de Renault avant la fin de son mandat en 2022 tout en restant président du conseil d'administration et PDG de l'Alliance.

 

Le patron du constructeur français aux cinq marques (Renault, Dacia, Renault Samsung Motors, Alpine et Lada) a nommé en février un directeur général adjoint, Thierry Bolloré, appelé à lui succéder comme PDG de Renault. Cet homme de 54 ans est un grand connaisseur de l'Asie où il a passé une bonne partie de sa carrière.

 

Renault reste en Iran

 

Devant les actionnaires, Carlos Ghosn a affirmé que le constructeur automobile français allait rester en Iran, quitte à adopter "une voilure réduite", malgré le rétablissement par les Etats-Unis de sanctions visant Téhéran. "On n'abandonnera pas. Même si nous devons réduire la voilure très fortement, eh bien, nous resterons avec une voilure réduite parce que nous sommes persuadés que (...) à un moment ce marché rouvrira et le fait d'être resté en Iran nous donnera certainement un avantage", a-t-il dit.

 

"Nous n'allons pas abandonner l'Iran, nous aurons un avenir en Iran, a martelé Carlos Ghosn. L'Iran ne restera pas au ban des Etats. Cela prendra peut-être deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, ce n'est pas grave, à l'échelle de Renault ce n'est rien." Toutefois, a ajouté le patron du constructeur français, "nous n'allons pas faire ça au détriment des intérêts de Renault, nous veillerons bien à ce que notre présence en Iran ne provoque pas des mesures de rétorsion directes ou indirectes de la part des autorités américaines".

 

Renault est bien implanté en Iran, avec plus de 160 000 véhicules vendus l'an dernier, soit son huitième marché, derrière le Brésil, mais devant le Royaume-Uni. Le groupe a vendu au total 3,76 millions de véhicules dans le monde.

 

Vers une refonte de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi

 

L'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est aujourd'hui une construction aux équilibres complexes, constituée d'entreprises distinctes liées par des participations croisées non majoritaires. Renault détient 43 % de Nissan qui possède 15 % du groupe au losange. Nissan possède 34 % de son compatriote Mitsubishi. Une refonte de l'alliance pourrait passer par une modification des niveaux de participation, voire par une fusion, mais le sujet est politiquement sensible, sur fond de rivalités franco-japonaises.

 

"Ma responsabilité est de proposer et de prendre les mesures nécessaires en termes d'organisation et d'intégration pour qu'il n'y ait plus aucun doute raisonnable sur la pérennité de l'alliance, et ceci bien sûr avant l'échéance de mon mandat en 2022", a déclaré vendredi M. Ghosn. "Notre ambition est bien de consolider la position de l'alliance comme un groupe intégré leader mondial de l'industrie automobile, et ce, dans l'intérêt de toutes les parties prenantes", a-t-il ajouté, sans donner plus de précisions.

 

L'alliance avait annoncé mercredi des synergies annuelles en hausse de 14 %, à 5,7 milliards d'euros, en 2017 et a confirmé l'objectif de plus de 10 milliards d'euros de synergies annuelles d'ici à la fin 2022, illustrant le bénéfice des économies d'échelle pour chacun des membres. (avec AFP)

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