Les constructeurs européens à nouveau dans le viseur de Donald Trump
C’est une véritable guerre commerciale qu’est en train de lancer Donald Trump, au nom de la protection de l’industrie de son pays. Dans le viseur : les industries automobiles concurrentes, et plus spécifiquement celles du Vieux Continent. Après avoir levé l’exemption provisoire de l’Union européenne sur les taxes sur l’acier et l’aluminium et envisagé de taxer à l’importation près de 1 300 produits chinois, le président des Etats-Unis réfléchit aujourd’hui à augmenter de manière significative le taux de taxation sur les véhicules importés.
"Des éléments laissent à penser que, depuis des décennies, les importations ont affaibli notre industrie automobile", détaille Wilbur Ross, le secrétaire au Commerce. "Les vingt dernières années, les importations de véhicules particuliers sont passées de 32 % à 48 % du total des véhicules vendus aux États-Unis. Le département du Commerce va mener une enquête détaillée, équitable et transparente pour déterminer si ces importations affaiblissent notre économie intérieure et pourraient nuire à la sécurité nationale", ajoute-t-il.
L’an passé, les Etats-Unis ont accusé un important déficit commercial dans cette industrie, avec 8,3 millions de véhicules importés, soit 165 milliards d’euros, contre 2 millions de véhicules exportés, soit une valeur de 49 milliards d’euros. 2,4 millions de modèles ont été importés du Mexique, 1,8 million du Canada, 1,7 million du Japon, 930 000 de Corée du Sud et 500 000 d'Allemagne.
Vers une taxe comprise entre 20 et 25 %
Si la réponse à cette interrogation s’avère positive, le gouvernement américain envisage de taxer les véhicules, mais aussi les camions et pièces détachées importés sur le territoire américain à hauteur de 20 à 25 %, selon les informations du Wall Street Journal, confirmées à Reuters par un responsable de l’administration américaine. A l’heure actuelle, le pays taxe de 2,5 % les véhicules légers provenant des pays avec lesquels il n’a pas d’accord commercial, 25 % déjà pour les camions et pick-up. Dans le même temps, les taxes européennes sur les importations de véhicules produits hors Union atteignent 10 %, 14 % pour les camions et pick-up.
La nouvelle n’a évidemment pas été sans conséquences à la Bourse où chacun des constructeurs japonais a accusé un recul. En Europe, les constructeurs, notamment allemands, ont mis en avant leur contribution dans les exportations américaines. Pour cause : les Etats-Unis s’imposent, derrière la Chine, comme le deuxième marché d’exportation des constructeurs allemands. Sur la base de la valeur de ses exportations, BMW a assuré être le plus grand exportateur automobile des Etats-Unis depuis 2011. De son côté, Mercedes-Benz a produit en 2017 dans son usine américaine de Tuscaloosa, en Alabama, 286 000 véhicules, exportés vers plus de 135 marchés.
Les réactions se multiplient
Volkswagen a pour sa part dénoncé le protectionnisme américain. "Personne n'a bénéficié sur le long terme d'un protectionnisme unilatéral", a affirmé un porte-parole du groupe dans une réaction transmise à l'AFP. La fédération des constructeurs automobiles VDA a également exprimé ses craintes pour ce secteur stratégique de l'industrie allemande. "Une augmentation des barrières douanières devrait être évitée", a déclaré son président, Bernhard Mattes.
Volvo Cars, dont les Etats-Unis sont le deuxième marché national après la Chine, à pour sa part tenu a rappelé qu'il "il investit et crée des milliers d'emplois en Caroline du Sud". Dans un courriel à l'AFP, le constructeur suédois précise "croire fermement aux avantages d'investir et de contribuer" à la prospérité des pays dans lesquels il réalise ses meilleures ventes. Volvo doit en effet ouvrir d'ici la fin de l'année dans cet Etat une usine d'assemblage pour sa berline S60, d'une capacité de 100 000 véhicules par an destinés à tous ses marchés. Le site emploiera jusqu'à 2 000 personnes les dix premières années, et jusqu'à 4 000 au-delà.
Enfin, si cette mesure s'avère appliquée, elle n'aurait que peu d'impact sur les constructeurs français, pour le moment peu présents aux Etats-Unis. Mais pourrait, en revanche, entraver les plans de retour sur ce marché de PSA. (Avec AFP)
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