Vague de pessimisme pour le monde des équipementiers
Le rapport de la FIEV (Fédération des industries des équipements pour véhicule) débute par une note optimiste : en 2018, les équipementiers présents en France ont su tirer leur épingle du jeu, malgré, pour la première fois depuis 2009, une baisse de la production mondiale de véhicules de 1,3 %, à 92,12 millions d’unités. Le résultat n’a pas été meilleur en Europe, avec recul de 0,9 % soit 21,82 millions de VUL produits. La planche de salut des équipementiers présents dans l'Hexagone ? Une production de véhicules légers sur le territoire national en progression de 2 %, avec 2 269 000 unités produites. La France s’est ainsi établie en tant que 10e pays producteur de véhicules légers au monde.
Une tendance qui a profité aux équipementiers français dont le chiffre d’affaires total a atteint 18,89 milliards d’euros, en hausse de 1,5 % par rapport à 2017. Soit, au cumul depuis cinq ans, un bond de 26 %. Une bonne santé, qui, certes ne permet pas de retrouver le niveau d’avant crise, mais mérite tout de même d’être soulignée au regard du marasme constaté dans d’autres pays européens. Dans le détail, la production à destination des clients présents en France s’est accrue de 2,7 % pour représenter 8, 691 milliards d’euros, tandis que les exportations ont généré 10,29 milliards, soit une légère hausse de 0,5 % par rapport à l’année précédente. Ainsi, leur part dans le totale des ventes est resté stable l’an passé, à 54,2 %.
Des craintes pour 2020
Cependant, malgré la bonne tenue de l’activité industrielle en France, le solde du commerce extérieur de la branche équipementiers automobiles demeure négatif, pour la troisième année consécutive. Reflet de l’internationalisation croissance des approvisionnement en pièces automobiles, ce solde a atteint -3,7 milliards d’euros en 2018. A noter, que 75 % des échanges commerciaux sont réalisés avec les pays membres de l’Union Européenne.
L’Allemagne est le premier partenaire commercial de la France, les exportations et les importations avoisinent 5 milliards d’euros. Une dépendance à l’Europe qui explique pourquoi les années à venir pourraient être moins glorieuses pour les équipementiers français. Alors qu’un ralentissement de la production automobile se fait sentir ces derniers mois, et que, parallèlement, la première monte prend de plus en plus d'importance dans l'activité des équipementiers, la FIEV mise sur une stabilisation de l’activité des équipementiers présents en France, voire une légère croissance.
Les résultats 2019 des équipementiers français montrent d'ailleurs bien une stabilisation, voire un ralentissement de l'activité, accompagné d'efforts de réduction des coûts. Au première semestre, Valeo a d'ailleurs fait état d'un chiffre d'affaires en retrait de 1 %, soit, toiut de même, une meilleure performance que prévu. Du côté de Faurecia, si le bénéfice net a progressé de 1 % sur la première partie de l'année, les volumes de ventes ont eux décliné de 2,8 %. Quant à Plastic Omnium, à périmètre et taux de change constant, le chiffre d'affaires est resté stable au premier semestre, à +0,2 %
C’est en revanche pour 2020 que la fédération fait part de ses préoccupation, au regard des prévisions de production de véhicules qualifiées "d’inquiétantes ". Son président, Claude Cham, a d’ailleurs récemment fait part aux deux plus hautes autorités de l’Etat, de sa grande crainte pour l’exercice à venir. Il a notamment attiré leur attention sur le fait que l’industrie française des équipements automobiles doit faire face à une triple mutation : technologique (motorisation), numérique (véhicules connectés), sociétale (autopartage, empreinte environnementale).
Et lance ainsi l'alerte. "Celle-ci [la triple mutation] les oblige à maintenir un très haut niveau d’investissements en recherche et développement pour satisfaire les constructeurs automobiles. Or, les besoins de compétitivité ont contraint ces derniers à programmer des transferts de production vers des pays à bas coûts. L’allègement de la fiscalité de production, respectant la neutralité technologique, devient en conséquence plus que nécessaire pour repositionner les entreprises françaises face à ce contexte de compétition internationale qui se sévérise", détaille Claude Cham.