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Industrie

TRW Ramonchamp : le parquet déboulonné

Publié le 12 septembre 2012

Par Hervé Daigueperce
3 min de lecture
Doutant de la légitimité du placement en redressement judiciaire de l’usine de sous-traitance automobile de TRW des Vosges, le parquet avait fait appel de la décision du tribunal de commerce. En vain.

Au-delà du cas particulier, c’est à un bras de fer post-électoral et à une juxtaposition des problématiques industrielles auxquels nous sommes confrontés dans cette affaire de TRW Ramonchamp. Le site, fabricant de petites pièces métalliques à destination des moteurs automobiles, perd en effet de l’argent depuis des années. Peu rentable, il était jusqu’à présent quasiment sous perfusion de ses grands donneurs d’ordre, dont le premier est PSA. Accumulant près de 30 millions d’euros de dettes depuis trois ans (source AFP), il était maintenu par la direction du fait des volumes envisagés avec PSA, dont la part dans le carnet de commandes s’avérait plus que significative. L’annonce de la fermeture d’Aulnay a apporté une réponse sèche aux espoirs de nouveaux volumes à engranger et précipité – ou entériné – la cessation de paiement.

Effets à retardement

La situation n’est pas nouvelle car, depuis plusieurs années – et la crise n’a rien arrangé –, les constructeurs français diminuent les volumes de commandes de leurs fournisseurs régionaux. Sans entrer dans le débat de la délocalisation, il faut se rendre à l’évidence que les usines des sous-traitants suivent les constructeurs là où ils vont et là où il y a de la croissance. Ce qui signifie une baisse lente et inexorable des commandes dans les zones de surcapacité, comme en Europe de l’Ouest. Les conséquences de la fermeture d’Aulnay et, il faudra bien s’y attendre, d’autres usines de montage automobiles, vont affecter durablement les fournisseurs de premier et second rangs. L’autre volet de la crise, énergétique, cette fois, condamne même des arrangements au sein des grandes régions. Il serait illusoire de penser que l’usine tchèque de TRW pourrait servir d’explication à ce désastre. D’autant que, pour ce type de pièces, on ne recherche plus la qualité “haute technologie” qui aurait pu faire la différence. D’après une source proche du dossier, du fait “du désengagement progressif du principal donneur d’ordre”, et donc “d’un manque de respect d’engagements de volumes”, le site de Ramonchamp ne pouvait plus rien faire, surtout après trois ans de perte continue. Pour les employés, un reclassement dans les autres usines du groupe sera sans doute proposé, mais l’éloignement géographique et des fabrications sans rapport avec celles du site des Vosges ne devraient pas recevoir un accueil enthousiaste. Et ils sont plus de 300 !

Politique friction

La décision du parquet dans ce domaine, aussi fondée soit-elle, est assez emblématique du malaise de notre industrie. Alors que le tribunal de commerce avait placé l’usine de Ramonchamp en redressement judiciaire, le parquet reprend l’affaire et doute de la présentation des comptes de cette filiale américaine. Et la direction de l’usine doit faire appel. Les syndicats et un des avocats des salariés en appellent à la maison mère – TRW US –, qui a dégagé des profits en 2011. Faudrait-il que, dans la même veine, TRW remette en question la productivité de PSA et son déficit de commandes ? La cour d’appel de Nancy, le 21 août dernier, a mis un terme à la revendication du parquet en confirmant la décision du tribunal de commerce, et valide donc l’exécution du redressement judiciaire. Elle dément ainsi le soupçon de “contournement de la loi” évoqué par le parquet, mais un pourvoi en cassation est toujours possible. Les salariés en seraient-ils mieux lotis ? Le temps, en l’occurrence, ne joue pas en leur faveur.

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