S'abonner
Industrie

Taxation des carburants : la France est-elle vraiment championne d'Europe ?

Publié le 27 août 2020

Par Alice Thuot
4 min de lecture
Transport & Environnement est à l’initiative d’une infographie permettant d’obtenir une vue d’ensemble, mais aussi par pays, sur la taxation des carburants. L’occasion de répondre à quelques interrogations et de tordre le cou aux idées reçues.
Non, la France n'est pas la championne de la taxation sur les carburants.

 

Depuis 1995, l’association européenne Transport & Environnement (T&E) rassemble des données sur la taxation des carburants dans les 27 pays de l’UE. L’occasion d’observer l'évolution de cette taxation, aussi bien à l’échelle de l’Union que des pays à travers cette infographie. On y apprend tout d’abord que la taxe moyenne sur le litre d’essence et de gazole, pondérée par les volumes consommés, n’a jamais été aussi basse depuis l’année 2000, dans l’UE.

 

Entre 1995 et cette date, elle s’est accrue, pour passer de 62 à 68 centimes d’euros. Puis, s’en est suivie une baisse continue. Résultat, cette taxation moyenne s'établit à 54 centimes, en 2019. En conséquence, la part des recettes fiscales sur les carburants dans les recettes fiscales totales ne cesse de reculer en Europe : de près de 10 % en 1995, elle s’est limitée à environ 4 % en 2019.

 

Bien sûr, ce constat ne peut être appliqué à tous les pays. En France, par exemple, la situation est bien différente. Si cette taxe moyenne n’a fait que décroître entre 1995, où elle était à 64 centimes, et 2014 (50 centimes), la courbe est ensuite monté en flèche, chaque année, jusqu’en 2018, où le mouvement des Gilets jaunes est venu stopper cette progression. Ainsi, entre 2014 et 2018, la taxe moyenne sur le litre d’essence et diesel (toujours pondérée), a pris 14 centimes, pour revenir au niveau de 64 centimes. Il convient tout de même de prendre ce chiffre avec du recul : il correspond pour rappel, au niveau de 1995, année où le revenu médian était bien sûr largement inférieur à celui de 2018. En France, en 2019, les taxes sur le carburant ont ainsi représenté un peu moins de 4 % des recettes fiscales globales, soit la moyenne de l’UE.

 

Non, la France n’est pas la championne de la taxation

 

La France est-elle réellement la championne européenne de la taxation sur les carburants ? La réponse est non. Certains automobilistes européens sont encore plus déprimés que les Français en allant faire le plein. C’est le cas des Anglais, qui ont choisi de faire converger les taxes diesel / essence, avec une taxe unique donc, de 66 centimes par litre. Les Italiens sont à peine plus gâtés, avec une moyenne pondérée par le volume de 65 centimes.

 

Nos voisins transalpins redoutent particulièrement leur plein d’essence, avec 73 centimes de taxe sur un litre, même s’ils détiennent aussi le record, derrière les Anglais, de la plus forte taxation sur le diesel avec 62 centimes. Les Néerlandais sont aussi dans ce cas : la taxe moyenne essence / diesel pondérée atteint 64 centimes et le plein d’essence est particulièrement avantageux pour l’Etat avec un record de 81 centimes par litre.

 

Toujours d’importantes différences entre la taxation de diesel et d’essence

 

S’il y a un constat plutôt similaire aux 27 pays de l’UE, c’est bien celui-ci : la différence de taxation reste importante entre le litre de diesel et d’essence. Malgré le Dieselgate et la chasse aux sorcières menés par les Etats et les villes, ce carburant reste largement privilégié fiscalement parlant dans quasiment tous les pays de l’UE. L’an passé, les taxes représentaient 63 centimes sur un litre de sans-plomb, contre 51 centimes d'euros pour le diesel. Soit un manque à gagner, selon les calculs de l’ACEA, de 24 milliards d’euros.

 

En France, même si les courbes commencent à converger, la taxe sur un litre d’essence est toujours de 8 centimes supérieure à celle sur le diesel, soit 69 centimes contre 61. Les Grecs sont les plus incités à choisir leur véhicule en diesel. La différence de taxes étant de 29 centimes entre litre d’essence et celui de diesel. Autre cas flagrant, celui du Luxembourg, qui, pour inciter les entreprises européennes à faire le plein, a taxé le litre de diesel à 33 centimes, soit le niveau minimum légal fixé par l’UE. A l’inverse, seuls deux pays de l’Union Européenne sont arrivés à une équité de taxation sur les deux carburants, le Royaume-Uni, et la Belgique avec respectivement 66 centimes le litre, le plus haut montant, et 60 centimes.

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle