Quelques enseignements de la 11e édition
En ouverture du Challenge Bibendum Michelin, Patrick Oliva, directeur de la Prospective et du Développement Durable au sein de Michelin, affirmait que “l’événement intègre bien d’autres enjeux que les énergies alternatives. Il s’agit de comprendre comment une nouvelle économie du transport et une nouvelle culture de la mobilité routière vont se développer et de montrer la voie”. Le maire de Berlin, Klaus Wowereit, soulignait aussi “l’évolution du cadre de vie dans les grandes métropoles et dans les méga-métropoles”, avançant que “l’automobile individuelle dans son acception traditionnelle n’était plus une réponse absolue. Il faut relever le défi du panachage des solutions, en intégrant le covoiturage, l’auto-partage, etc.”. Pour Matthias Wissmann, président du puissant VDA, “125 ans après, il nous revient de réinventer l’automobile !”.
Une plate-forme de networking incontournable
Pour cela, Tan Chong Meng, vice-président exécutif Commerce de Shell, prône un rapprochement entre les différents acteurs : “Aucun groupe ne relèvera les défis qui se présentent à nous en restant tout seul. C’est par les partenariats que nous trouverons la solution. Je pense notamment aux constructeurs, aux équipementiers, aux fabricants de carburants et de lubrifiants”. Montrant l’exemple, en quelque sorte, Faurecia et Rhodia ont annoncé à Berlin la signature d’un partenariat portant sur une nouvelle génération de composants structurels de sièges automobiles allégés, utilisant des plastiques techniques polyamides de haute performance. D’ailleurs, au-delà des démonstrations de véhicules et des nombreux tests réalisés sur le Challenge, la manifestation a su prendre une réelle dimension de networking. “La qualité des conférences et des personnes présentes ne cesse d’augmenter et le networking est ainsi très fécond, bien plus que sur les grands salons internationaux ou d’autres événements”, confie un consultant.
“L’avenir ne sera pas mono-technologique”
Après le flex-fuel mis en vedette au Brésil l’an passé, c’est somme toute assez logiquement le véhicule électrique qui était mis en avant à Berlin. Il ne faut pas pour autant croire que le VE est plébiscité comme solution miracle, loin de là. Ainsi, dans l’entretien qu’il nous accorde, Michel Rollier indique qu’il croit plus fermement, mais à plus long terme, à la pile à combustible. D’ailleurs, des groupes de l’importance de Hyundai-Kia ou BMW par exemple, continuent à investir très fortement sur les recherches relatives à la maîtrise de l’hydrogène. “Les problématiques qui ont engendré la création du Challenge en 1998 sont toujours présentes. Nous avons aujourd’hui la certitude que l’avenir ne sera pas mono-technologique. Ainsi les types de véhicules qui seront utilisés demain et plus tard en Europe, au Japon, aux Etats-Unis, en Asie ou en Amérique du Sud ne seront pas les mêmes”, répète ainsi à l’envi Patrick Oliva. Toutefois, le véhicule électrique a tenu le haut de l’affiche et l’intérêt du Challenge, au-delà de l’exploit remarqué du Porsche e-Boxter ou de la victoire de la Renault Fluence dans sa catégorie, résidait dans la mosaïque des moyens de transports représentés. Véhicules particuliers, mais aussi mini-voitures, avec Ligier, Méga, Microcar ou Tazzari, vélos, dont un vélo électrique pliable que Michelin a développé avec le chinois XDS, navettes, quadricycles lourds, bus et même une quasi Formule 1 avec la Formulec EF01.
Le coût de l’action face au coût de l’inaction…
Si le développement des hybrides est acquis (Audi et PSA ont d’ailleurs fait une belle démonstration de force dans ce domaine), celui des VE reste assujetti au développement des infrastructures. En France, le Livre Vert a fixé un objectif de 2 millions de véhicules électriques en 2020 et en Allemagne, le seuil du million, à la même date, a été avancé. Des ambitions jugées réalistes par les experts, à condition que le déploiement des infrastructures publiques comme privées débute significativement dès l’an prochain. D’une manière plus générale, le Forum Economique Mondial a chiffré à 400 milliards de dollars le montant des investissements annuels nécessaires pour parvenir à une pénétration de 25 % des sources d’énergies alternatives au sens large d’ici à 2030. Un investissement que les auteurs du rapport rapprochent des 4 500 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuels du secteur Transports. Reste à savoir, comme le soulignent de nombreux dirigeants, si les Etats, notamment en Europe, pourront jouer le rôle de soutien qui leur est dévolu, alors que la dette pèse souvent avec force sur leurs finances… Dans le même temps, dans la brochure “Let’s drive electric !” éditée par Michelin, des experts mettent en garde contre le coût de l’inaction ! Pour eux, un report d’intervention de 10 ans alourdirait la facture entre cinq et vingt fois ! Ils se réfèrent notamment au coût de la tonne de CO2 pour étayer leur propos : 20 dollars en 2010, environ 50 dollars en 2020 et entre 110 et 180 dollars en 2030. Et Michel Rollier de conclure : “En trente ans, le parc automobile va tout simplement doubler. Vu que nous sommes déjà à la limite au niveau environnemental, il faut amorcer le changement dès maintenant”. Rendez-vous dans deux ans pour faire le point lors de la 12e édition du Challenge.