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Industrie

PSA s’attaque à la gestion de flotte

Publié le 30 avril 2014

Par Gredy Raffin
4 min de lecture
Le groupe fait entrer les constructeurs dans une ère nouvelle, celle où ils entendent prendre le contrôle du marché de la gestion de flotte en commercialisant des formules complètes.
Il aura fallu près de deux ans pour construire cette offre réunissant Kuantic, Orange Business Services, GFD Services et Gefco autour de PSA.

La rumeur courait depuis plus d’une année, elle fait désormais grand bruit : le constructeur lance sa propre solution de services télématiques en OEM. Aussi audacieux soit-il, ce plan n’a en réalité rien de surprenant. Les constructeurs jugent avoir désormais toute légitimité pour prendre part à la chaîne de valeur, qu’ils s’appellent Nissan, Renault, Fiat ou encore Opel… PSA a tout simplement dégainé le premier. Les arguments font sens. Qui mieux que les constructeurs maîtrisent la remontée de données des véhicules ? “Notre offre couvre l’intégralité de la gamme Peugeot et Citroën. Elle présente de nombreux avantages, dont un gain de temps et d’argent, et une réassurance pour le client”, explique une source interne au groupe.

Ces clients, à savoir les loueurs et les gestionnaires de flottes, pourront commander l’activation du service à la livraison, sur la base d’un catalogue composé de trois packs. En entrée de gamme, le client accède à la gestion de parc (heures de conduite, carburant, alertes techniques et diagnostic à distance…). Au deuxième niveau, il ajoute l’éco-conduite, puis la géolocalisation au niveau supérieur. Selon des sources proches du dossier, les tarifs débutent à 5 euros et grimpent de 2 euros par niveau de service.

Stratégie multimarque avec Orange

Une fois en fonction, les données remontent vers un serveur appartenant à PSA, avant d’être mises à disposition du client sous forme de webservice. Pour certains des prestataires, il restait néanmoins une opportunité, née d’un ultime défi technique à relever. En effet, PSA entend répondre à toutes les demandes et en premier lieu le multimarquisme des parcs. Pour ce faire, le constructeur a cherché des partenaires potentiels. Il lui fallait une solution matérielle multimarque, agnostique vis-à-vis des opérateurs téléphoniques et assez fiable pour être garantie. Une mission de fourniture attribuée à Kuantic au terme d’un appel d’offres. Pour des raisons de compatibilité technique, Orange Business Services (OBS) se voit chargé de développer la plateforme de gestion associée. Il faut savoir qu’à date, Kuantic équipe 70 % des presque 60 000 véhicules opérant sous une solution OBS, d’où la bonne connaissance mutuelle. Un contrat non exclusif néanmoins : pour être éligible, il suffit de remplir les conditions du cahier des charges, à savoir être en mesure de “lire” les informations remontées par le boîtier Kuantic. Dernier membre, mais pas des moindres, GFD Services, dont les infrastructures viennent d’être révisées à la hausse afin d’être en mesure de traiter 2 millions de connexions simultanées, a été retenu en sa qualité d’intermédiaire dans la gestion des transmissions de données.

Mais l’échiquier ne serait pas complet sans les deux dernières pièces : le revendeur et l’installateur. A ce stade, le constructeur a décidé de “recruter” en interne. Les concessionnaires se chargeront de la mission commerciale, tandis que les équipes de Gefco assureront la main-d’œuvre. Une prestation qui, selon des sources proches du dossier, sera facturée près de 400 euros (soit 11 euros par mois, sur un contrat de 36 mois). Il se dit à ce titre que la marge réalisée est substantielle, puisqu’on estime à une centaine d’euros le prix de revient du matériel et à une soixantaine d’euros celui de la pose.

85 000 unités à horizon 2017

Du côté du constructeur, le revenu provient de la vente des voitures et de la facturation des données du boîtier OEM à Orange et aux autres éditeurs susceptibles d’intégrer la boucle. Chez Kuantic, c’est évidemment la commercialisation du boîtier qui rapporte. OBS gagne, quant à lui, sur la délivrance de service.

Pour cette première année de commercialisation, les prévisions tablent sur “7 000 à 8 000 unités”, avec une forte proportion de boîtiers en seconde monte. Ensuite, les volumes devraient croître chaque année et concerner 60 000 véhicules, en 2017, portant le parc à près de 85 000 unités. “Nous pensons que la bascule vers une majorité d’équipements en OEM se fera en 2016”, confie une des sources proches du dossier. Echéance à laquelle, mécaniquement, les positions de Kuantic pourraient se voir fragilisées.

Ce dont on ne semble pas s’inquiéter chez le fabricant, et pour cause la technologie brevetée, employée dans le boîtier, se place à la pointe sur le marché. A ceci, il faut ajouter que les solutions OEM sont réservées pour le moment aux produits haut de gamme. Ce qui laissera un créneau pour les boîtiers en première monte décalée, si la solution ne s’impose pas d’elle-même, comme une brique OEM, à la prochaine génération de véhicules.
 

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