Michelin : des résultats en baisse qui n'entament pas la confiance des investisseurs
Michelin a vu ses performances financières reculer en 2024. Une année marquée par une restructuration importante du groupe pour améliorer sa compétitivité. Il a en effet annoncé la fermeture de plusieurs sites dans le monde, dont deux en France, à Vannes (56) et Cholet (49), qui ont provoqué de vives réactions dans l'opinion publique ainsi que dans le gouvernement.
En 2024, le chiffre d'affaires du Bibendum a enregistré un repli de 4,1 %, atteignant 27,2 milliards d'euros, tandis que son bénéfice net a diminué de 4,7 %, à 1,9 milliard d'euros. Un repli que Michelin justifie par la situation d'un marché du pneu pour véhicules neufs en déclin dans tous les secteurs. "Financièrement, Michelin aura réalisé des résultats solides en 2024 dans des conditions de marché beaucoup plus contrastées que ce qu'on avait pu imaginer fin 2023", a estimé le président Florent Menegaux lors de la présentation des résultats à la presse.
Pour autant, l'action du groupe n'a pas dégringolé à la Bourse de Paris. Au contraire, elle a même fortement progressé, preuve que les actionnaires restent confiants dans la stratégie mise en place par le manufacturier.
"Nous avons dû prendre des décisions fortes et difficiles de restructuration" en 2024, a-t-il rappelé, avec des annonces de fermeture d'usines en France, aux États-Unis, en Allemagne, des réorganisations en Chine et en Pologne et l'annonce de la vente de deux usines sur cinq au Sri Lanka. Les fermetures en France concernent 1 254 salariés et les négociations du plan de départ devraient aboutir fin mars 2025, selon Florent Menegaux.
Cap sur les États-Unis et la haute technologie
Si Michelin a terminé son travail de réorganisation en Europe, l'accent est maintenant mis sur les États-Unis. Face aux menaces de hausse des droits de douane, le groupe prévoit d'accélérer ses investissements outre-Atlantique. Toutefois, Florent Menegaux a tenu à rassurer : "Il ne s'agit pas de désengager l'Europe, mais de revoir le calendrier de nos investissements en fonction des nouvelles réalités économiques."
Parallèlement, le manufacturier français mise sur la technologie et la valeur ajoutée pour maintenir ses performances. Il a ainsi renforcé sa présence sur le segment des pneus premium (18 pouces et plus), qui représente aujourd'hui plus de 65 % de ses ventes.
Une dynamique contrastée selon les segments
Le marché de la première monte a souffert en 2024, avec une baisse des ventes de 2 % pour les voitures et les deux-roues, et un repli encore plus marqué en Europe (-7 %). Les pneus poids lourds ont quant à eux enregistré une chute de 20 % en Europe et de 11 % en Amérique du Nord et centrale.
Toutefois, le marché du remplacement a compensé une partie de ces pertes, affichant une progression de 4 % sur un an.
De son côté, le secteur agricole a subi une baisse de plus de 20 %, due à la diminution des revenus des agriculteurs. La construction a également souffert, avec un recul de 15 % en raison du ralentissement du marché immobilier.
Vers une stabilisation du marché
En dépit d'une année 2024 difficile, Michelin a su maintenir une marge opérationnelle stable à 12,4 %, grâce à sa montée en gamme. Pour 2025, le groupe anticipe une stabilisation du marché des pneumatiques, avec une croissance modérée en seconde partie d'année.
En attendant, Michelin poursuit son programme de rachat d'actions et rémunérera ses investisseurs avec un dividende de 1,38 euro par action détenue. Au lendemain de la présentation de ces résultats, le groupe bondissait de plus de 5 % dans les premiers échanges à la Bourse de Paris. Vers 8H07 GMT, il gagnait 5,60 % sur l'indice vedette CAC 40. (Avec AFP)
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