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Industrie

L’industrie française est asphyxiée

Publié le 12 mars 2013

Par Armindo Dias
4 min de lecture
Les industriels ont fait savoir que leur taux de marge avait atteint une cote d’alerte à l’occasion d’une conférence organisée par le Groupe des fédérations industrielles (GFI).
Des allégements de charges supplémentaires sont nécessaires pour relancer l’économie, selon le GFI.

Les industriels français ont lancé un cri d’alarme lors d’une conférence de presse organisée par le GFI (celui-ci rassemble près d’une vingtaine d’organisations représentatives du secteur industriel, parmi lesquelles le CCFA). Ils estiment en effet que le taux de marge de l’industrie française a atteint une cote d’alerte. “Il est passé de 34 % en 2000 à 22,2 % au dernier trimestre 2012, indique Pierre Gattaz, le président du GFI. Le taux de marge de l’industrie allemande est passé, lui, de 28 % à 34 %.” Or, la marge est essentielle : elle permet d’investir, d’innover et d’embaucher. Autant dire, donc, que les industriels français souhaitent tout sauf assister à une augmentation des prélèvements obligatoires… ce qui a été annoncé récemment par le gouvernement pour 2014. A leurs yeux, c’est sur le coût salarial qu’il convient d’agir, le coût salarial horaire dans l’industrie manufacturière française étant à peu de chose près identique à celui de l’Allemagne (voir tableau).

Un choc de compétitivité

“A défaut du choc de compétitivité massif maintes fois réclamé sur le coût du travail, l’industrie ne pourrait compter que sur sa compétitivité hors coût, nécessairement plus lente à agir”, prévient Pierre Gattaz. L’industrie française risque donc de “rater le coche” de la croissance mondiale. Or, selon le Centre d’observation économique et de recherches Coe-Rexecode, elle se fera hors zone euro à hauteur de 99 % sur la période 2012-2014. Les industriels souhaitent en profiter, mais jugent, pour ce faire, que le gouvernement doit leur donner une nouvelle bouffée d’oxygène, estimant insuffisants les 20 milliards d’euros d’allégements de coût du travail dont doivent bénéficier les entreprises via le dispositif dit de Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice). “Seuls 4 milliards d’euros sur ces 20 milliards sont routés vers l’industrie et il y a eu quand même 20 milliards d’euros de prélèvements obligatoires supplémentaires qui ont été décidés depuis 2011 en France”, rappelle Pierre Gattaz.

Des allégements supplémentaires

Les industriels trouvent donc logique de demander à ce que le gouvernement procède à un allégement du coût du travail supplémentaire de 50 milliards d’euros, condition nécessaire, selon eux, à un retour de la compétitivité en France. “Nous estimons aussi qu’il convient d’appliquer strictement la Loi sur la modernisation de l’économie, ou LME”, poursuit le président du GFI. En matière énergétique, ils estiment par ailleurs que les débats en cours ne doivent pas aboutir à un renchérissement du coût d’accès à l’énergie. “Les prix du gaz en France sont déjà trois à quatre fois supérieurs à ceux existant aux Etats-Unis et celui de l’électricité pour les industriels électro-intensifs est déjà supérieur d’environ 30 % à celui pratiqué outre-Rhin”, relève Philippe Goebel, le président de l’Union des industries chimiques (UIC). Le secteur considère par ailleurs qu’il serait dangereux d’instaurer une taxe carbone ou une taxe sur les fluides frigorigènes uniquement en France. Elle ne ferait que fragiliser un peu plus les industriels français. Et bien sûr, ils n’ont pas besoin de cela.

La production en recul de 2,2 %

Selon Coe-Rexecode, l’an dernier, la production industrielle française s’est contractée de 2,2 %, avec une baisse pour la seule industrie automobile de 10 %. “Nous avons assisté depuis début 2013 à un décrochage de la France par rapport aux autres pays de la zone euro et plus particulièrement à l’Allemagne”, note Denis Ferrand, le directeur général de Coe-Rexecode. Le Centre d’observation économique a aussi constaté que, si l’excédent brut d’exploitation – EBE – de l’industrie manufacturière française a retrouvé de la vigueur l’an dernier, il représente toujours à peine plus d’un quart de celui de l’industrie allemande. “Les perspectives d’embauche se sont dégradées et le crédit bancaire au secteur industriel n’a cessé de reculer depuis quatre ans en France”, souligne aussi Denis Ferrand. Bref, il y a urgence !
 

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