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Industrie

La Commission européenne assouplit sa posture avant son "dialogue stratégique" sur l'automobile

Publié le 29 janvier 2025

Par Catherine Leroy
4 min de lecture
La Commission européenne engagera, le jeudi 30 janvier 2025, un "dialogue stratégique" sur l'avenir de l'industrie automobile en Europe. Les constructeurs y sont invités à titre individuel, tout comme quelques équipementiers, Transport & Environnement et l'association européenne des consommateurs. Dans un document publié la veille des débats, la Commission indique être prête à des "flexibilités" sur l'application de la réglementation.
La Commission européenne va engager un "dialogue stratégique" sur l'avenir de l'industrie automobile en Europe. ©AdobeStock
La Commission européenne va engager un "dialogue stratégique" sur l'avenir de l'industrie automobile en Europe. ©AdobeStock

Jeudi 30 janvier 2025, l'Union européenne entamera un "dialogue stratégique" sur l'avenir de l'industrie automobile en Europe. Cette initiative, présidée par Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, rassemblera constructeurs automobiles et parties prenantes autour de discussions visant à redéfinir les priorités du secteur.

 

Alors que les débats s'annoncent houleux, la Commission envoie un message d'apaisement à destination des constructeurs automobiles. Dans une note publiée la veille de cet échange, elle écrit : "Nous identifierons des solutions immédiates pour préserver la capacité de l'industrie à investir, en examinant les flexibilités possibles afin de garantir que notre industrie reste compétitive, sans réduire l'ambition globale des objectifs pour 2025".

 

Sous pression française

 

Ce passage a été ajouté sous la pression notamment du commissaire européen Stéphane Séjourné qui s'était dit défavorable à des mesures punitives contre les industriels. "Sur les amendes liées aux quotas de véhicules propres vendus en 2025, je trouverais personnellement bizarre de pénaliser des acteurs que l'on essaye par ailleurs d'aider", alors que les concurrents "notamment chinois, n'ont pas les mêmes contraintes", a déclaré le Français dans les colonnes du Figaro. "C'est l'une des premières décisions que nous devons prendre rapidement pour le secteur", a insisté Stéphane Séjourné, chargé de la stratégie industrielle à Bruxelles.

 

Ce préalable va ainsi détendre des constructeurs très remontés, mais surtout divisés. Ainsi, la filière sera représentée par des constructeurs qui comptent s'exprimer individuellement, au lieu de s'en tenir à la représentation de l'ACEA. Les PDG de Mercedes-Benz, BMW, Stellantis, Volkswagen, Volvo Cars, Tesla, Volvo Trucks, Iveco, Renault, Scania et Daimler Trucks sont attendus.

 

De la même manière, quelques équipementiers sont de la partie (Bosch, Forvia, ZF, Schaeffler, Continental), mais pas le Clepa, l'association européenne des fournisseurs. Transport & Environnement est intégré dans la discussion. Tout comme l'association IndustriAll (secteur minier) et le Beuc (association européenne des consommateurs). En revanche, les syndicats représentant les services et le commerce automobiles n'y sont pas présents, malgré la demande officielle transmise notamment par Mobilians.

 

Des enjeux très politiques sur les émissions de CO2

 

Un choix étonnant puisque les enjeux prioritaires portent notamment sur les objectifs d'émissions de CO2 pour 2025 qui se présentent comme cruciaux. Ces normes imposent aux constructeurs d'accroître rapidement les ventes de véhicules électriques. En 2024, elles pèsent 13,6 % des immatriculations globales. Alors qu'elles doivent atteindre entre 22 et 25 % dès cette année.

 

Mais la demande des consommateurs ne suit pas et la question se pose aujourd'hui ouvertement de soutenir la demande sur le plan européen. Se priver d'un pan entier du secteur automobile, le commerce, étonne certains intervenants.

 

Pour répondre à l'urgence des objectifs d'émissions de CO2, les constructeurs automobiles réunis au sein de l'ACEA avaient notamment demandé de revoir la méthode de calcul de ces émissions pour lisser sur une période de trois ans (2025-2027).

 

 

Une demande officiellement appuyée par le gouvernement français dans une lettre ouverte à Ursula von der Leyen, le 27 janvier 2025.

 

La Commission européenne, selon nos informations, tente de trouver une possibilité réglementaire sans avoir à ouvrir le texte du Green Deal qui prévoit l'obligation de vente de voitures à zéro émission en 2035. Ce qu'essaient de promouvoir de leur côté les partis de droite et d'extrême droite européens. "C'est le danger de cette discussion", nous explique un spécialiste du dossier. "Et sans doute le point de non-retour de la présidente de la Commission ; car ce texte est le symbole du Green Deal du premier mandat de la Commission."

 

Des taxes douanières pour les équipements ?

 

La protection des équipementiers sera également évoquée. Lors du Mondial de l'Auto, Christophe Perillat, directeur général de Valeo, avait notamment dénoncé les droits de douane compensatoires instaurés par l'Union européenne aux constructeurs chinois. "Ces taxes sont profitables pour les constructeurs, pas pour les équipementiers. Or, 80 % de la valeur des véhicules provient des équipementiers."

 

Ce "dialogue" doit aboutir à des propositions rendues publiques vers la fin du mois de février ou au tout début du mois de mars 2025, juste après la publication du plan de Stéphane Séjourné, vice-président exécutif de la Commission européenne à la Prospérité et à la Stratégie industrielle...

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