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Industrie

L'électrique n'est pas la seule solution pour décarboner les transports

Publié le 20 octobre 2021

Par Louis Choiset
4 min de lecture
Lors de son Club Auto, la Fiev a souhaité mettre en lumière les différentes technologies pour répondre à l'urgence climatique. Une question taraude cependant les professionnels : pourquoi se focaliser uniquement sur l’électrique ?
Des solutions, autres que le véhicule électrique à batterie, existent pour décarboner le parc automobile.

L'urgence écologique est bien réelle. Une urgence prise en compte par Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne qui annonçait, le 14 juillet 2021, sa volonté de réduire à zero les émissions des véhicules en 2035. Ce qui signifierait que tous les véhicules devraient fonctionner à l'électrique, avec batterie ou hydrogène, à partir de cette date. Les avis divergent sur cette fin annoncée de l'ère du moteur thermique, qui empêcherait l'innovation et la création d'autres solutions tout aussi efficaces et intéressantes.

 

En effet, un véhicule électrique n'émet aucune trace de carbone mais ce n'est pas le cas lors de sa construction comme l'explique Thierry Metais, président de ZF France : "Il y a aussi des usines de véhicules électriques dont l'empreinte carbone est très mauvaise. Il faudra donc penser à cette empreinte sur l'ensemble du cycle de vie. La Fiev est présente à Bruxelles pour essayer de promouvoir cela. Ce n'est pas évident de mesurer l'empreinte carbone du puits à la roue, ainsi que de se mettre d'accord sur des grilles de mesures."

 

On ne va pas arriver en 2035 en claquant des doigts et en disant que tout sera électrique sans rien changer jusque-là Antonio Pires Da Cruz IFPN Energies nouvelles

 

Un autre point qui est souvent revenu lors de la conférence :  la connectivité. Selon Thierry Metais, elle fait partie des solutions : "tout va être facilité par le digital avec des logiciels qui vont permettre de fluidifier le trafic, d'aider le conducteur à avoir une écoconduite, à rouler proprement en hybride. On sait que 85 % des véhicules hybrides rechargeables ne sont pas rechargés donc il faut que tous ces systèmes là, qui existent, soient développés. On va améliorer la mobilité avec cette connectivité."

 

Trouver des solutions alternatives à l'électrique à batteries

 

L’urgence de la situation pousse également les chercheurs à trouver d'autres solutions, notamment en termes de carburants. "On ne va pas arriver en 2035 en claquant des doigts et en disant que tout sera électrique sans rien changer jusque-là. Il y a toute une flotte de véhicules à décarboner le plus rapidement possible". C’est ce qu’affirme Antonio Pires da Cruz, Program Manager-Fuels and Emissions du centre de résultats transport d'IFPN Energies nouvelles.

 

Ce dernier a fait état notamment de travaux sur deux types de carburants. Tout d’abord, les biocarburants qui sont produits à partir de matières premières biologiques puis les carburants de synthèse. Cependant, il y aurait une limite aux biocarburants : "Le problème des biocarburants, c'est d'être en compétition avec l'alimentaire, surtout lorsqu'ils sont d'origine agricole. L'Europe a décidé de les limiter à 7 % d'ici 2030. Nous nous sommes donc intéressés à une nouvelle génération qui ne rentre pas en compétition avec l'alimentaire, par exemple les résidus forestiers ou les résidus agricoles. Une technologie pour passer de la biomasse au carburant. Nous en sommes aux premières démonstrations et il pourrait y avoir des bénéfices en termes d'émissions de gaz à effets de serre. Ainsi, avec un véhicule diesel roulant avec un biocarburant avancé de seconde génération sur l'ensemble de son cycle de vie, les émissions de gaz à effet de serre seraient compétitives, voire plus intéressantes qu'avec un véhicule électrique" affirme Antonio Pires da Cruz.

 

Les vertus de l'hydrogène

 

Le second type de carburants alternatifs est le carburant de synthèse, fait à partir d'hydrogène vert. "L'hydrogène a des propriétés très intéressantes, un pouvoir calorifique massique qui est supérieur à celui des hydrocarbures et une vitesse de combustion très importante, explique Antonio Pires da Cruz. Il brûle avec beaucoup plus d'air que l'essence, ce qui nous fait revenir à des moteurs qui utilisent mieux le carburant. Il peut être directement utiliser dans des moteurs à combustion interne sans que cela implique de grands changements. Cet hydrogène vert peut être utilisé autrement que pour nourrir des piles à combustible."

 

Autant de solutions qui pourraient permettre une meilleure transition vers l’électrique mais ces innovateurs manquent encore de soutien comme le déclare Béatrice Schmidt, PDG d’EFI Automotive : "Ce qui est important pour nous, c'est de consolider ce que l'on sait faire, de se réorienter vers les besoins de mobilité des gens. Voir quelles sont les innovations que l'on peut apporter pour répondre à ses besoins. Avec l'écosystème qui se met en place aujourd'hui, il y a énormément opportunités, d'investissements à faire et à orienter sur les bons sujets. Mais nous n'avons pas de boule de cristal. Nous avons besoin d'être accompagnés."

 

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