Le secteur automobile et le gouvernement préparent un nouveau contrat de filière
La filière automobile se prépare à la signature d'un nouveau contrat de filière entre les acteurs du secteur (industrie et services) qui doit permettre de redéfinir le pacte avec les décideurs politiques.
"L'électrique n'est plus une option. C'est désormais notre horizon. Les politiques nous demandent de changer de modèle, ils doivent nous accompagner sur cette transformation", n'a pas hésité à déclarer Luc Chatel, président de la PFA lors de la Journée de la filière automobile qui se tenait à Paris, le 24 octobre 2024.
Objectif : deux millions de voitures électriques produites en France en 2030
Devant un parterre de dirigeants, de constructeurs et d'équipementiers réunis pour cette troisième édition de la Journée de la filière auto au Carrousel du Louvre, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a promis d'accompagner le secteur face à la nécessité de passer en quelques années du siècle thermique au siècle électrique.
"L’État ne va pas vous laisser tout seuls !", a-t-il promis, tout en confirmant les objectifs de production d'un million de voitures électriques en France en 2027 et de deux millions en 2030. "Le rôle de l’État est de garantir un cadre stable et un accompagnement de la filière jusqu'au moment où ce soutien ne sera plus nécessaire."
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Ce discours intervient alors que l'industrie automobile française, déjà victime depuis des années de délocalisations, a grandement souffert de la crise de la Covid. La production de véhicules en France a diminué de près de 40 % entre 2019 et 2020, et n'a toujours pas retrouvé ses niveaux pré-pandémiques (1,4 million en 2022, contre 2,2 millions en 2019).
Cet accompagnement passe par une augmentation à 1,5 milliard d'euros pour les aides à l'achat (bonus, prime à la conversion et leasing social), contre 1,3 milliard d'euros cette année, mais aussi par différents types de soutien à l'industrie.
Crédit d'impôts
Au 1er janvier 2024, toute la production de batteries électriques en France pourra bénéficier d'un crédit d'impôts comme prévu dans le cadre de la loi Industrie verte parue au Journal officiel le mardi 24 octobre 2023. "Nous sommes les premiers en Europe, à l'image de ce qui a été fait aux États-Unis avec l'IRA, à mettre en place un dispositif fiscal aussi avantageux pour la production industrielle de technologies nouvelles sur notre territoire", a avancé Bruno Le Maire.
Le gouvernement entend également sécuriser l'approvisionnement en métaux rares nécessaires à leur construction, via la création d'un fonds de dépôts opérationnel au plus tard en 2024. Ce fonds sera doté d'une somme de 1,5 milliard d'euros pour sécuriser l'approvisionnement national en métaux, comme le nickel, le lithium, le cobalt, le graphite ou encore le titane. 500 millions d'euros viendront de l’État.
Parmi les mesures également évoquées, la suppression progressive de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises, les allègements de charge pour les salariés rémunérés entre 2,5 et 3,5 fois le Smic.
Le prix de l'électricité en question
Parmi les sujets en cours de négociation : le prix de l'électricité qui pénalise les industriels. "On ne peut pas continuer à investir en France dans l'automobile avec une énergie autour de 150 euros du MWh", a martelé Luc Chatel. "Je vous garantis que vous aurez un prix qui soit compétitif, tout en permettant à EDF de financier ses investissements dans le renouvelable et le nucléaire", a indiqué Bruno Le Maire en réponse.
Des engagements de soutien mais également de prévention notamment sur la solidarité de la filière. "Je serai très attentif aux relations entre les donneurs d'ordre et les PME de la filière, notamment sur les délais de paiement. Je serai très vigilant et je demanderai que la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) vérifie les engagements pris", a ajouté le ministre.
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