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Industrie

Laurent Burelle dialogue avec le jury de l’Homme de l’Année

Publié le 30 avril 2014

Par Alexandre Guillet
6 min de lecture
Sous un soleil printanier fort amène, Laurent Burelle a conversé avec les membres du jury de l’Homme de l’Année lors d’un déjeuner organisé au Cercle de l’Union Interalliée. L’occasion d’évoquer le succès de Plastic Omnium naturellement (voir JA n° 1201), mais aussi d’échanger sur des sujets plus généraux comme la filière automobile, l’innovation et la compétitivité de la France. Morceaux choisis.

Laurent Burelle, président-directeur général de Plastic Omnium, n’aime pas trop parler de politique devant un parterre de journalistes. Une attitude qui peut aisément se comprendre car soit vous dites le fond de votre pensée et vous risquez d’être mal interprété ou de heurter, soit vous évitez l’écueil en vous cantonnant à une langue de bois convenue et sans saveur. D’une manière générale, Laurent Burelle rappelle qu’il n’apprécie guère que l’Etat soit interventionniste vis-à-vis des entreprises et qu’il distribue des subventions : “Je me méfie beaucoup des subventions… Elles ont souvent des effets négatifs qu’on ne perçoit pas toujours de prime abord. D’ailleurs, à chaque fois qu’on perturbe le marché, il survient une perturbation plus forte plus tard”. Un peu selon le principe des répliques amplifiées en sismologie. Par conséquent, Laurent Burelle se revendique volontiers d’un libéralisme d’avant-guerre. Dans un esprit comparable, il souligne aussi qu’une dimension chevaleresque persiste encore dans l’industrie et qu’il y a encore des accords verbaux qui sont respectés.

Vers plus de stabilité et des efforts de simplification

A ses yeux, la fiscalité française pose aujourd’hui problème. Mais attention, “un problème qui ne date pas d’hier, cela fait quarante ans que cela dure !”. La situation aboutit à priver de nombreuses entreprises d’agilité et surtout, de capacité de prise de risque. S’il reconnaît que la donne est à cet égard différente en Allemagne ou aux Etats-Unis, il refuse aussi tout discours trop simplificateur : “Sur le marché américain, le Fisc est terrible, il ne faut pas se leurrer ! Mais au moins, il est prédictible. Et les lois américaines sont d’une manière générale plutôt stables, ce qui donne plus de visibilité aux entreprises”. En somme, comme de nombreux autres dirigeants, quelle que soit la taille des entreprises soit dit en passant, Laurent Burelle prône plus de stabilité et des efforts de simplification. En revanche, le mot de “pacte” ne sera pas prononcé… Au niveau du secteur automobile, il estime aussi que la filière peut encore se rationaliser et gagner en efficacité, en faisant notamment référence au modèle du Gifas (Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales).

“On peut dire que Renault a sauvé l’industrie automobile française”

Laurent Burelle n’aime pas trop parler des autres acteurs de l’automobile. Ce qui est là encore compréhensible, les constructeurs étant des clients et les équipementiers des concurrents, voire des sous-traitants. Pourtant, interrogé sur la prise de participation de l’Etat et de Dongfeng pour venir en aide à PSA Peugeot Citroën, il lâche, soudain grave : “Il n’y avait pas d’autre choix”. Dongfeng qui offre le loisir d’une digression vers la venue du président chinois en France. Laurent Burelle a, en effet, eu l’honneur d’être invité à Lyon lors de la visite de Xi Jinping, dans les établissements de la famille Mérieux notamment. Ce qui lui inspire ce commentaire sibyllin : “Cet homme d’Etat qui dirige la puissance économique la plus en vue et qui décide de commencer sa visite en France par Lyon, avant Paris… C’est surprenant que cela n’ait pas été davantage évoqué par nos dirigeants politiques et dans les médias…”. Sous-entendu, ce choix ne saurait être circonscrit à un simple rappel commémoratif de la Route de la soie… Un membre du jury interpelle alors Laurent Burelle au sujet de Renault et le dirigeant de Plastic Omnium assène immédiatement que les Français ont parfois la dent dure avec ce grand constructeur : “On peut dire que Renault a sauvé l’industrie automobile française. Et ce qu’ont réalisé Louis Schweitzer et Carlos Ghosn est formidable ! Et je parle bien des deux dirigeants. La prise de contrôle de Nissan n’était pas facile. Or Louis Schweitzer l’a fait car il savait qu’il pouvait compter sur Carlos Ghosn pour diriger la manœuvre”. Au chapitre des équipementiers, Laurent Burelle met en exergue que des groupes américains et japonais font valoir des marges très performantes. Il juge cela très stimulant, au même titre que la considérable force de frappe de Bosch dans l’innovation.

L’innovation comme inaliénable viatique

L’innovation reste d’ailleurs le maître-mot pour Laurent Burelle. Le grand dirigeant a gardé la fibre du jeune ingénieur qu’il fut, diplômé de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich et d’un Master of Sciences, Chemical Engineering du MIT. Selon lui, c’est même la clé de la pérennité du succès de Plastic Omnium. De grandes perspectives s’ouvrent ainsi au groupe : “Les systèmes de dépollution focalisés sur l’oxyde d’azote et les solutions d’allégement des véhicules par le recours aux matériaux composites sont promis à un bel avenir. De même, nous nous préparons à devenir une entreprise de contenant d’énergie, au sens large, incluant l’empaquetage de batteries ou d’hydrogène solide par exemple”. L’innovation, la création de valeur ajoutée, peuvent aussi assurer l’avenir de la France : “D’une part, notre système éducatif est loin d’être aussi mauvais qu’on le dit, il est même très performant, c’est le rapport au monde de l’entreprise qui pèche. D’autre part, si on raisonne en kilo-neurones, la France est riche ! Bien plus riche que de nombreux pays…”. Dans ce discours, Laurent Burelle nous autorise à voir un signe d’optimisme, qu’il reformule ainsi : “J’ai foi en la France. Je suis parfois furieux par rapport à bien des choses, mais je n’ai rien d’un décliniste !”.

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FOCUS - Astagneau Denis, France Inter

- Barbe Stéphane, L’Equipe
- Bazizin Luc, France 2
- Bellu Serge, free lance
- Botella Jean, Capital
- Boulanger Pascal, TF1/LCI
- Bourroux Christophe, RTL
- Calvez Laurent, France 3
- Chapatte Dominique, M6
- Chevalier Jacques, Auto-Addict
- Chevalier Mathieu, L’Auto-Journal
- David Christian, L’Expansion
- David Marc, free lance
- Ducamp Pauline, L’Usine Nouvelle
- Etienne Thierry, Le Figaro
- Feuerstein Ingrid, Les Echos
- Fillon Laure, AFP
- Fréour Cédric, Les Echos
- Frost Laurence, Thomson Reuters
- Gallard Philippe, free lance
- Gay Bertrand, AutostratInternational
- Genet Jean-Pierre, L’Argus
- Genet Philippe, La Revue du Vin de France
- Guillaume Gilles, Thomson Reuters
- Grenapin Stanislas, M6
- Jagu-Roche Jean-Pierre, Auto Infos
- Jouany Félicien, free lance
- Lagarde Jean-Pierre, free lance
- Macchia Jean-Rémy, France Info
- Meunier Stéphane, L’Automobile Magazine
- Normand Jean-Michel, Le Monde/Le Monde 2
- Pennec Pascal, Auto Plus
- Péretié Olivier, Le Nouvel Observateur
- Robert Lionel, free lance
- Roubaudi Renaud, free lance
- Rousseau Anna, Challenges
- Roy Frédéric, CB News
- Roy Jean-Luc, Motors TV
- Verdevoye Alain-Gabriel, La Tribune
 

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