La crise n'a pas eu raison des liens entre Vedecom et les industriels

La situation de crise sanitaire et économique n'a pas mis à mal la relation entre les industriels et le monde de la recherche. C'est en tout cas le constat que nous dresse Philippe Watteau, le directeur général de l'Institut Vedecom. Dans un entretien accordé au Journal de l'Automobile, il rapporte que "les industriels ont maintenu les investissements dans notre structure". Pour lui, c'est d'autant plus remarquable que cela n'a pas été le cas dans d'autres secteurs d'activité.

Tout récemment, le cabinet McKinsey, par la voie de Thomas Morel, le directeur de la branche automobile, en France, laissait comprendre que les investissements de R&D pourraient s'amenuir un temps, sinon faire l'objet d'un arbitrage plus méticuleux. Une perspective que Philippe Watteau épouse. "Au travers de notre structure, dit-il, les différents constructeurs et équipementiers entendent accentuer la mutualisation des efforts".

Alors se dessine les traits de ce fameux "monde d'après" tant annoncé. "Nous avons vu des TGV devenir des moyens de transport sanitaire de longue distance et plusieurs autres initiatives. Nous pensons que la modularité des véhicules va prendre de l'importance", met notamment en exergue, le directeur général de l'Institut Vedecom. Mais, il y aura aussi de nouvelles technologies du quotidien. Dans les tuyaux depuis longtemps, certaines vont prendre un attrait particulier. Les modules de traitement de l'air de l'habitacle ou la recharge par induction font parties de celles-ci.

Plus de moyens dans le véhicule autonome

Le grand gagnant pourrait cependant être le concept d'automatisation. Après plusieurs années à promouvoir cette évolution de la mobilité, "la période de confinement nous a montré combien il est nécessaire d'organiser le transport des personnes et des biens", pointe Philippe Watteau. "Nous avions une conviction, nous y avons vu une confirmation", acte-t-il. Et les exemples n'ont pas manqué.

Au cours des deux derniers mois, nombreuses ont été les démonstrations de livraisons dans les pays les plus développés. Ici des colis de produits achetés sur internet, là des approvisionnements en médicaments, mais toujours en minimisant les interventions humaines. "La France n'a pas raté le coche, défend le directeur général de l'Institut Vedecom, mais il est clair que nous devons mettre plus de moyens en œuvre pour ne pas accuser de retard". La course à l'automatisation s'est accélérée dans ce contexte de paralysie générale que nul ne pensait possible.

14 projets déposés durant le confinement

A noter qu'en pratique, l'Institut Vedecom a pris des dispositions pour avancer à un rythme élevé, au cours du mois d'avril. Les mesures de chômage partiel plaçaient l'ensemble des équipes à l'arrêt le vendredi pour s'assurer d'une pleine exploitation des 80 % de temps de disponibilité. "Nous étions à front renversé avec les constructeurs et équipementiers dont la R&D est tombée à moins de 50 %, si elle n'a pas été totalement gelée", décrit le directeur.

Cette stratégie trouve sa cause dans les échéances européennes. L'Institut ne voulait pas manquer les opportunités, quand bien même les dates butoirs tombaient en plein milieu du confinement. Aux 12 projets en cours pourraient potentiellement s'ajouter 14 autres, auxquels le laboratoire versaillais a répondu. Etant donné qu'ils sont indépendants de ceux des constructeurs, les cerveaux ont pu se concentrer sur ces dossiers urgents.