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Industrie

Hubert Védrine prône une coalition politique pour sauver le site France

Publié le 13 juin 2014

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
A l'occasion de son assemblée générale, la Ficime a fait 5 propositions pour améliorer l'attractivité de la France et invité Hubert Védrine à s'exprimer sur le sujet.
A l'occasion de son assemblée générale, la Ficime a fait 5 propositions pour améliorer l'attractivité de la France et invité Hubert Védrine à s'exprimer sur le sujet.

A l'occasion de son assemblée générale annuelle, la Ficime, par la voix de son président Alain Rosaz, réélu à l'unanimité, et de sa déléguée générale Laurence Fauque, a décliné cinq propositions pour améliorer l'attractivité de la France.

1 : créer l'accompagnateur public de projet d'investissement étranger.

2 : faire de la France la plate-forme pour distribuer nos produits et services en Afrique, notamment via un guichet BPI ré-export.

3 : créer le crédit d'impôt compétence pour favoriser l'installation en France de centres de compétences européens, voire mondiaux.

4 : renforcer le rayonnement international de la France grâce à une véritable politique nationale de salons professionnels (avec le Bourget ou le Mondial de l'Auto comme modèles). 

5 : mettre en relation les entreprises innovantes françaises avec les groupes internationaux pouvant leur offrir des opportunités de développement (en garantissant l'indépendance des petites entreprises innovantes et la protection de leur "matière grise" par une charte).

Alain Rozas et Laurence Fauque, qui représentent tout de même 417000 emplois par le biais des entreprises adhérentes de la Ficime, ont invité Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères et secrétaire général de la présidence de la République, à s'exprimer sur les solutions qui peuvent sortir la France de l'ornière. 

S'appuyant sur son dernier ouvrage "La France au défi", publié chez Fayard, Hubert Védrine a débuté par des rappels historiques : "Quand on a parlé de la fin de la guerre froide avec la chute de l'URSS en 1992, il y a eu un moment d'emballement, d'hubris, où Européens et Américains ont pensé : «Nous avons gagné, l'histoire s'arrête.» On a alors négligé l'existence de pays émergents, sauf les grandes entreprises qui parlaient déjà de «marchés émergents». Or, ces marchés étaient des puissances politiques et économiques en devenir. Et on sait aussi que le mythe de la gentille communauté internationale est illusoire... Il y a donc eu convergence entre des économies mondiales libérales, et parfois dérégulées, la Chine et la Russie en sont des exemples différents mais saisissants, et une financiarisation importante. D'où le choc de 2008, qui a particulièrement frappé l'Europe à cause du problème des dettes."

Et de poursuivre : "Nous évoluons actuellement dans un monde où il y a de plus en plus de pays, de gouvernements, de centres de décisions. Sans oublier le pouvoir des grandes entreprises, des fonds, des ONG, des mafias, voire de certains médias. In fine, le pouvoir traditionnel a moins de pouvoir qu'auparavant. Le contexte est donc loin d'être paisible. Et la France n'est pas à l'aise avec ce contexte et avec la mondialisation. Surtout que qui dit mondialisation dit mondialisateurs et mondialisés... Maastricht avait déjà révélé ce malaise, cette méfiance. De plus, la France est aussi portée sur le déni et les chimères, les hypothèses de sortie de l'euro et de dévaluation compétitive dans notre coin en attestent. Enfin, les élites, politiques, médiatiques, intellectuelles, ont tendance à être prétentieuses. Bref, au final, la France est le pays le plus pessimiste au monde par rapport à son avenir."

Avant d'ajouter : "La France s'est pourtant relevée de situations bien pires que celle que nous vivons, mai 1940 est toujours dans les mémoires. Et notre pays fait encore valoir des atouts considérables, il n'y a qu'à regarder l'effervescence de nos entrepreneurs ou de nos associations pour le réaliser. Dès lors, pour faire fructifier ces atouts, une idée peut être mise en avant : pourquoi ne pas créer une coalition politique temporaire autour de quelques grandes priorités qui font en fait l'unanimité. Entendons-nous bien, je parle de coalition, pas d'union nationale, nous ne sommes pas en temps de guerre ou d'occupation, et il n'est pas question de faire monter à bord tous les extrêmes. Je ne parle pas non plus de coalition à l'allemande, car nous n'avons pas le même état d'esprit ni le même traumatisme historique en héritage."

Pour conclure ainsi : "Cette coalition pourrait se concentrer sur les réformes clés et nécessaires. Réduire les dépenses publiques. Mener à bien le choc de simplification. S'engager sur le respect de nos engagements européens. Mettre en place une régulation claire pour maîtriser les flux de l'immigration. Promouvoir – enfin – l'écologie, une écologie raisonnable et réconcilée avec le progrès technologique. Avec une certitude chevillée au corps, c'est encore possible, c'est possible, tout simplement."

Tout en conseillant la lecture du dernier livre d'Hubert Védrine afin d'approfondir cette proposition, on a toutefois envie de terminer par un clin d'œil. L'an passé, déjà, à l'occasion de son assemblée générale, la Ficime avait cette fois invité François Lenglet qui avait alors égratigné la génération d'Hubert Védrine : "Le libéralisme aujourd'hui montré du doigt, c'est cette génération qui l'a fait prospérer et qui l'a adoubé. Une génération qui a trusté tous les pouvoirs et qui est toujours aux manettes aujourd'hui. Et désormais, on assiste à la prédation d'une génération sur une autre : la première s'arc-boute sur un improbable remboursement des dettes quitte à sacrifier l'emploi des jeunes générations. Pendant ce temps là, la génération aux manettes viellit bien !" Pour l'assemblée générale de 2015, suggérons à la Ficime d'organiser un débat entre monsieur Védrine et monsieur Lenglet...

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