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Industrie

Forum Nuance : Les voitures seront capables d'avoir une conversation d'ici 4 ans

Publié le 18 mai 2017

Par Gredy Raffin
5 min de lecture
Le 17 mai dernier se tenait pour la première fois à Paris le Forum européen de Nuance, le spécialiste de la reconnaissance vocale. Les partenaires et les prospects ont pu découvrir les nouveautés du groupe allemand, au premier rang desquelles l'intelligence artificielle. Eric Montague, le directeur marketing produit, nous a précisé la vision stratégique.

 

Le forum qui s'est tenu à Paris a donné l'occasion de dévoiler un calendrier riche de nouveautés à venir. Pouvez-vous nous replacer cela dans le contexte de Nuance ?

 

EM. Nuance a une longue histoire dans l'automobile puisque nous proposons des systèmes depuis plus de quinze ans. Nous sommes présents chez tous les constructeurs d'une façon ou d'une autre. Cette année, le grand thème est l'intelligence artificielle. Il s'agit d'ajouter une forme humaine d'intelligence aux interfaces des voitures, qui permet de mieux répondre aux besoins des occupants.

 

L'IA était un des sujets majeurs du CES de Las Vegas et du MWC de Barcelone. Comment positionner Nuance face aux solutions de Microsoft, Amazon, Apple, Google et autres Baidu ?

 

EM. En effet, ce thème est extrêmement large. Nuance veut humaniser les interactions entre les hommes et les machines. Que faisons-nous ? Nous contextualisons les échanges, nous prenons en compte l'environnement et les préférences des utilisateurs dans le dialogue. A titre d'exemple, une recherche de parking n'obtiendra pas le même résultat que vous soyez en véhicule électrique, avec un bébé, en fonction de la météo ou attaché au prix.

 

Avant de connaître l'utilisateur final, comment allez-vous pouvoir affiner les systèmes en fonction des constructeurs ?

 

EM. Cela sera fait en fonction des produits, des besoins du client et même du marché. Tout repose sur des spécificités à prendre en considération avant de livrer notre solution d'Assistant Automobile (ou Automotive Assistant de son vrai nom, NDLR). Nous ne parlons pas d'assistant Nuance, mais d'un assistant au nom de la marque que nous servons. Ensuite, il est capable d'apprendre, comme un enfant qui progresse au fil des jours.

 

Y aura-t-il des effets de niveaux de prestation qui feront fluctuer les prix ou l'intégration ?

 

EM. Nous proposons à nos clients une interface. Celle-ci varie en profondeur, du simple divertissement à des services connectés très pointus. L'assistant varie selon le produit et les services du client. Renault et BMW seront différents, par exemple.

 

Ce qui implique un tissu de partenaires. Quelle est votre ligne de conduite en matière d'écosystème ?

 

EM. Nous avons pour partenaires les équipementiers de rang 1 qui livrent les solutions et nous travaillons par ailleurs avec des fournisseurs de contenus, tels que Parkopedia, Yelp (commerces) et Foreca (météo). Nous avons un écosystème de cinquante références, couvrant une large partie des besoins. Nous ne pouvons contracter avec tout le monde. Il nous faut désormais sélectionner des solutions plus ouvertes qui élargiront le spectre.

 

Outre la fiabilité, l'industrie automobile s'attache à considérer le prix. Face aux Américains et aux Chinois, quels sont vos arguments ?

 

EM. Il n'y a pas de guerre des prix car les modèles d'affaires sont différents. Prenons les solutions d'Apple et Google, elles sont conçues et optimisées pour leurs produits et services respectifs. Chez Nuance, la plateforme personnalisable satisfait aux exigences de l'industrie automobile qui peut se l'approprier en fonction des besoins.

 

Dans quels domaines joue donc alors la concurrence ?

 

EM. Elle est chez les constructeurs, qui se livrent une course à l'équipement dans l'optique d'offrir de l'innovation à leurs clients. Nous participons de l'attractivité.

 

A quand une interaction fluide ?

 

EM. D'ici trois à quatre ans, il y aura des systèmes capables d'avoir une conversation avec le conducteur et les passagers. Ils aideront à se diriger vers un point d'intérêt ou à rester éveiller. Cela ne se fera pas d'un coup, mais progressivement, encore une fois comme un enfant, qui demain pourra parler de politique et autre.

 

2020-2021 est une échéance clé de l'industrie automobile en Suède, en Allemagne, en France, au Japon… est-ce le cas pour vous également, par répercussion ?

 

EM. Les véhicules autonomes ouvrent plusieurs perspectives à Nuance. Les plateformes embarquées sont bien plus puissantes, à l'instar des GPU de NVIDIA ou Intel, et nous autorisent plus de choses intelligentes dans les voitures. Il y a une croissance exponentielle intéressante à la création d'applications. Les véhicules autonomes, au fur et à mesure que l'on monte en niveau SAE, requièrent de plus en plus de services, notamment de géolocalisation et de commande distante. Les divertissements vont évoluer, sous l'impulsion de l'explosion du nombre d'écrans disponibles à bord.

 

Ce qui pousse à collaborer avec des fournisseurs de matériel ?

 

EM. En effet, en 2017-2018, Nuance va concentrer ses efforts sur l'interaction multimodale. Les boutons vont disparaître au profit de la gestuelle et nous faciliterons de fait la communication dans un univers très riche d'informations et de possibilités.

 

En coulisse, se prépare-t-il déjà des nouveaux modèles économiques, notamment publicitaires, pour des intéressés ?

 

EM. Oui, nous en verrons. Mais il faut se souvenir que les gens achètent un produit, un véhicule en l'occurrence, et ils ne veulent pas que la publicité soit intégrée. Elle doit être disponible à la demande, mais pas intégrée de série.

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