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Industrie

“Créer un écosystème de l’innovation”

Publié le 11 mars 2015

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Présente à la Conférence Automobile Connectée, la secrétaire d’Etat chargée du Numérique, Axelle Lemaire, a tenu à rappeler l’importance de ce sujet dans l’automobile comme ailleurs, invitant start-up et grands groupes à multiplier les synergies.
Présente à la Conférence Automobile Connectée, la secrétaire d’Etat chargée du Numérique, Axelle Lemaire, a tenu à rappeler l’importance de ce sujet dans l’automobile comme ailleurs, invitant start-up et grands groupes à multiplier les synergies.

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Madame la Ministre, que recouvre exactement aujourd’hui en France ce vaste mot de numérique, notamment au plan économique ? Quelles peuvent être vos missions à court et moyen termes ?
AXELLE LEMAIRE.
C’est un terme sur lequel nous pourrions disserter pendant des heures. Que recouvre le numérique ? Sur le plan économique, c’est un secteur qui représente déjà 3,5 % du PIB, chiffre qui pourrait grimper à 10 % d’ici 2020, et qui pèse désormais davantage que l’agriculture, par exemple, alors que ces 3,5 % proviennent essentiellement de la consommation de produits informatiques, d’achats en ligne et de la fourniture d’équipements dans le secteur privé. De manière plus large, le numérique est d’abord synonyme d’innovation, technologique ou non, et correspond à une révolution qui doit transformer l’ensemble du tissu économique et industriel. Aujourd’hui, il est intéressant de constater que ce secteur vient perturber les modèles et les industries traditionnels grâce à des technologies qui touchent à l’utilisation, à la captation ou encore à l’exploitation des données. Le numérique bouleverse tellement tout qu’il est nécessaire d’anticiper ses évolutions en fédérant les acteurs. Les frontières de la concurrence se sont déplacées. Elles sont désormais moins locales, moins nationales, moins européennes, et sont véritablement internationales. Nous, pouvoirs publics, devons anticiper ces évolutions et accompagner la transformation des industries.

JA. Que peut-on attendre de la rencontre du numérique avec une vieille industrie comme l’automobile, née au début du XXe siècle, et de leurs rythmes de développement bien différents ?
AL.
Il est important de ne pas rester aveugles face à ces évolutions. Nous devons être lucides, être réactifs, prendre des risques et nous inscrire dans cette évolution qui s’accélère et qui est de plus en plus liée aux idées créées par de petites structures. C’est en regardant les choses de cette façon que nous réussirons à être devant les autres et, effectivement, je pense que l’industrie automobile doit se poser cette question et réussir ce défi. Les ponts avec l’écosystème des start-up doivent s’intensifier. Il faut multiplier les alliances entre elles et les grands groupes. Pour ces derniers, c’est aussi le meilleur moyen de voir d’où viendra le danger et de s’y préparer en se frottant à l’innovation.

JA. Ces rapprochements sont-ils l’une des clés pour relever le défi de la croissance des start-up et leur permettre de passer à un âge plus adulte ?
AL.
Effectivement, nous avons de plus en plus de créations d’entreprises en général puisque nous en avons dénombré 550 000 en 2014, dont un grand nombre de start-up. Le problème est que celles-ci ont ensuite du mal à franchir un cap. Les grands groupes ont leur rôle à jouer pour leur permettre de croître, et si possible de croître en France, mais c’est en réalité un véritable défi qui consiste à créer un écosystème de l’innovation. C’est une donnée qui doit être intégrée dans la stratégie des constructeurs automobiles, qui doivent comprendre qu’ils ne peuvent plus évoluer seuls avec comme unique concurrent leur voisin d’à côté.

JA. Alors que le numérique modifie énormément de secteurs, certains chercheurs réclament davantage de numérique dans les formations. Est-ce un sujet qui avance dans l’esprit des pouvoirs publics ?
AL.
Oui, tout à fait. L’approche doit être globale. Il faut préparer les enfants à être des adultes autonomes dans un environnement numérique. Ce qui ne signifie pas forcément créer des générations entières d’ingénieurs informatiques ou de mathématiciens. Il faut des spécialistes de la donnée, il faut que nos formations s’adaptent, mais il est encore plus important que, dès le collège par exemple, l’apprentissage du code soit une réalité, ce qui sera fait à compter de la rentrée 2016. L’introduction d’une approche numérique dans l’ensemble des disciplines fait aussi partie du plan e-Education qui a été lancé par le président de la République. Le numérique doit être un prétexte à l’innovation pédagogique. Nous n’en sommes plus à équiper les écoles en tablettes ou à les connecter à Internet. Nous en sommes à un autre stade, où les outils numériques doivent constituer une porte d’entrée vers une nouvelle forme d’apprentissage.
 

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