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Industrie

Clap de fin pour Takata

Publié le 26 juin 2017

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
L'équipementier japonais n'a pas résisté au scandale des airbags. Il vient de déposer le bilan, mais ses actifs vont être repris par KSS, un équipementier sino-américain.

 

(AFP)

Le dépôt de bilan de l'équipementier automobile japonais Takata, qui laisse derrière lui plus de 1000 milliards de yens (8 milliards d'euros) de dette, marque la plus retentissante faillite d'un industriel dans l'histoire du Japon d'après-guerre. Le point sur cette affaire :

 

QUE FAUT-IL SAVOIR SUR LE GROUPE TAKATA ?

 

Takata a été fondé en 1933 dans la préfecture de Shiga (Ouest) par Takezo Takada, grand-père de l'actuel P-dg Shigehisa Takada. Il a débuté dans l'industrie textile et a conçu des bouées de sauvetage avant de se tourner vers l'automobile dans les années 50. S'inspirant des Etats-Unis, il développe alors des ceintures de sécurité en utilisant la technologie des parachutes. Il sera le premier au Japon à commercialiser des ceintures à deux points en 1960. Dans les années 1970, il propose des sièges auto pour enfants, puis en 1987 c'est au tour des airbags qu'il produit initialement pour Honda Motor avant d'étendre sa toile à d'autres constructeurs. Devenu un des premiers groupes mondiaux sur le marché des coussins et ceintures de sécurité dont il détenait 20% avant le scandale, Takata compte aujourd'hui quelque 46000 employés et 56 usines dans 20 pays pour un chiffre d'affaires de 663 milliards de yens en 2016/17 (5,3 milliards d'euros au cours actuel), dont près de 90% réalisés à l'étranger. Il compte 571 fournisseurs au Japon pour un effectif de 60000 salariés, selon la société d'analyse Teikoku Databank.

 

QUEL EST LE PROBLÈME AVEC SES AIRBAGS ?

 

Dans les années 2000, Takata commence à utiliser dans ses airbags un nouvel agent chimique, le nitrate d'ammonium. Mais, sans agent desséchant, il est incapable d'absorber l'humidité, ce qui peut conduire au fil du temps et dans des conditions climatiques extrêmes à sa dégradation et à de dangereuses explosions, avec projection de fragments sur le conducteur ou le passager. Une conception inadéquate est aussi en cause. Takata est accusé d'avoir longtemps tenté de dissimuler le problème, plaçant les bénéfices devant la sécurité des automobilistes. Honda, premier client de l'équipementier, lance un rappel dès 2008, mais ce n'est qu'en 2014 que l'affaire éclate au grand jour quand l'agence américaine de la sécurité routière (NHTSA) s'empare du dossier après une série d'incidents. C'est à ce moment-là que sont révélés au grand jour des décès remontant parfois à plusieurs années. Pour l'heure, au moins seize morts sont attribués à l'affaire, dont onze aux Etats-Unis, ainsi que plus d'une centaine de cas de blessures.

 

COMMENT TAKATA S'EST-IL RETROUVÉ EN FAILLITE ?

 

Hormis des excuses à répétition, Takata s'est montré très avare d'explications, rejetant initialement toute responsabilité, une gestion de la crise qui a contribué à amplifier la campagne de rappels et à ternir davantage la réputation de la firme. Au total, quelque 100 millions d'airbags sont concernés dans le monde, dont 70 millions aux Etats-Unis, pour un coût estimé à 1300 milliards de yens, selon l'institut de recherche Tokyo Shoko. Impossible de survivre à une telle ardoise, à laquelle s'ajoutent de nombreuses plaintes d'automobilistes. Le nom Takata disparaîtra probablement. Shigehisa Takada, héritier de la famille fondatrice, qui détient 60% du groupe, devra démissionner.

 

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Le nom de Takata devrait donc vraisemblablement disparaître, mais pas les actifs de l'entreprise. En effet, malgré le dépôt de bilan de la maison mère au Japon, mais aussi de sa filiale américaine TK Holdings placée sous la protection du chapitre 11 sur les faillites, les principales activités (airbags, ceintures de sécurité, sièges d'enfants) vont être reprises par Key Safety Systems (KSS), un équipementier américain contrôlé par le Chinois Ningbo Joyson Electronic, pour un montant de 175 milliards de yens (quelque 1,4 milliard d'euros). La transaction doit être bouclée au premier trimestre 2018.

 

"Malgré cette affaire, la force d'une main-d'œuvre compétente, de la présence géographique (de Takata) et ses exceptionnels volants, ceintures et autres produits de sécurité n'a pas diminué", a commenté Jason Luo, P-dg de KSS.

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