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Industrie

Bosch : la révolution connectée

Publié le 14 mai 2014

Par Hervé Daigueperce
5 min de lecture
A Stuttgart, Volkmar Denner, le président de Robert Bosch GmbH, a une nouvelle fois prouvé l’interaction entre croissance et innovation technologique. Sur une base de 46 milliards d’euros de chiffre d’affaires…
Volkmar Denner, président de Robert Bosch GmbH.

La réussite du groupe Volkswagen et d’Audi, en particulier, ne nous étonne pas, avec leurs investissements colossaux en R&D que l’on n’ose plus comparer, par exemple, à ceux de nos constructeurs français. Lorsqu’on arrive dans le monde de leurs fournisseurs, ceux de Bosch montrent qu’on parle la même langue, puisqu’en 2013, ce ne sont pas moins de 4,5 milliards d’euros qui ont été consacrés à la Recherche, soit 10 % du chiffre d’affaires. Une démarche au service de l’innovation technologique initiée par le fondateur, que le 6e président après lui poursuit tout en imprimant sa marque, une marque connectée et au service des… services. Une révolution a vu le jour, lors de la présentation annuelle des résultats, que Volkmar Denner avait suggérée l’an dernier – mais qui avait été assombrie par le flop et l’arrêt du photovoltaïque. Un stop à deux milliards d’euros, absorbé par Bosch, non sans l’aigreur due à des pouvoirs publics nationaux et européens dont les atermoiements et errances de stratégies à long terme ont eu raison des investissements des industriels au profit des Chinois, fortement soutenus, eux.

Tournant radical et porteur

“Ladies and gentlemen, the world is becoming connected”, ainsi Volkmar Denner a-t-il introduit la conférence, plaçant délibérément la stratégie du groupe sous cette ombrelle globale et interactive. En rupture avec les précédents exercices. Si, les années passées, les options tournaient autour de la crise, de l’environnement, des énergies, des investissements de conquêtes (“être leader dans chaque région du monde sur l’équipement et le diagnostic, dans le domaine de l’automobile”, par exemple), de la mondialisation, aujourd’hui, chaque parcelle des activités de Bosch devra être envisagée sous le prisme de la connectivité et des services qu’elle permet, suscite, ou crée. Le dernier mot, lui sera d’ailleurs encore dédié : “Bosch peut connecter beaucoup de choses différentes les unes aux autres, et pas seulement au regard de son expertise dans les soft et hardware. De manière plus probante, en effet, nous sommes devenus le leader mondial sur le marché des capteurs micromécaniques (MEMS), la technologie de voûte pour l’interconnexion des objets. Tout ceci nous permet de développer de nouveaux “business models” sur les services compatibles avec Internet. C’est une opportunité majeure pour Bosch, comme fournisseur à la fois de technologies et de services.” La messe est dite, tant et si bien que les questions des journalistes et analystes n’ont pas, non plus, relevé de la tradition.

Du service en toutes choses

Il a, ainsi, été surtout question de “sécurité des données et des échanges” pour laquelle Bosch investit lourdement, des “investissements en e-mobilité”, “qui n’excluent pas ceux, importants, dans les autres sources d’énergie comme le gaz, par exemple”, de la plate-forme de recherche toute nouvelle de Renningen, près de Stuttgart, aux schémas de travail totalement libres de fonctionnement (et connectés…). De même, les perspectives de croissance ont été passées au crible de la face connectée du monde. Ainsi en attestent les prévisions de croissance en Europe, “supérieures au marché”, “qui ne se feront pas par les seules positions actuelles (Bosch réalise 55 % de ses ventes en Europe) mais aussi par la création de produits et services, liées aux nouvelles technologies de services par Internet”. Tout ceci ne se fera pas au détriment des valeurs sûres du groupe, comme le Diesel, pour lequel Volkmar Denner est prêt à prouver que “c’est la meilleure de toutes les solutions actuelles en termes de performances et de coûts sur la question du CO2”, et à rejeter les propos proférés en France, par exemple. Et quand on lui reproche de ne pas parler de “Green Project”, Volkmar Denner répond, souriant, que “toutes les économies d’énergie, les recherches sur le recul des émissions de CO2 (etc.), et bien entendu “les solutions interconnectées pour la mobilité, la production, les systèmes énergétiques et les bâtiments” en font partie, même si on ne les pare pas de cette appellation”.

Un chiffre d’affaires en hausse de 3,1 %

Plus prosaïquement, évoquons les bons résultats 2013 et les perspectives 2014. Si l’année dernière, l’arrêt du photovoltaïque avait mis à mal les comptes du groupe, cela n’a ralenti en rien la volonté de croissance. En atteste une augmentation de 3,1 % du chiffre d’affaires, soit 46,1 milliards d’euros, en 2013, versus 44,7 milliards en 2012 (à périmètre comparable, tenant compte du retrait du photovoltaïque, et des effets de consolidation et d’acquisitions et règles comptables). Corrigées des effets de change, les ventes du groupe ont progressé de 6,3 %. A ce propos, Volkmar Denner a indiqué que, “pour limiter les incidences de ces effets, dans certains pays, des efforts seraient faits au niveau du sourcing local, et vers des productions locales”. Hors charges dues au photovoltaïque, le résultat courant du groupe s’est établi à 6 % des ventes, soit 2,8 milliards d’euros, tiré par les activités automobiles, même si tous les domaines progressent, à part les techniques industrielles hors secteur de l’emballage. En incluant le photovoltaïque, le résultat aurait quand même été de 3,3 % des ventes, soit 1,3 milliard d’euros ! Enfin, pour le seul secteur automobile, le CA a progressé de 6,7 % en 2013 (10,3 % hors effets de change), à 30,6 milliards d’euros.
 

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