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Distribution

“Les groupes Marani et Havard sont liés capitalistiquement, mais indépendants au niveau opérationnel”

Publié le 28 janvier 2014

Par Tanguy Merrien
7 min de lecture
Il y a presque un an de cela, Eric Behra, déjà distributeur du groupe éponyme, rejoignait Alain Borio à la direction du groupe Marani avec pour mission d’impulser une nouvelle dynamique. Les deux dirigeants se sont confiés sans détour, revenant sur les forces, les faiblesses et les projets du grand groupe parisien.
Eric Behra, Alain Borio, directeurs généraux du groupe Marani.

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Eric Behra, tout en étant dirigeant de votre propre groupe, vous avez rejoint le groupe Marani en février dernier en tant que directeur général. Une situation extrêmement rare dans le milieu et qui n’a pas été sans soulever certaines interrogations. Rappelez-nous les conditions de votre arrivée et les raisons de ce choix ?

ERIC BEHRA. J’ai un malin plaisir à cultiver le côté atypique de ma personnalité. Il se trouve que tout mon parcours, professionnel comme personnel, émane de rencontres. On m’a donné la possibilité de faire un choix entre ce qui était facile et ce qui était difficile. C’est toujours la seconde option que j’ai choisie, et je ne m’en suis pas plaint. Evidemment, il a été compliqué de ne plus se retrouver à la tête de mes propres affaires pour me consacrer à d’autres. L’intérêt intellectuel de la chose était de travailler avec des marques que je ne connaissais pas (Renault, Dacia, Nissan, Fiat…). Il existait aussi une certaine curiosité de voir comment cela se passait dans un autre groupe automobile que le mien, une façon de me remettre en cause. Enfin, ce n’est pas non plus désagréable de se mettre au service d’une autre personne.

JA. Mais comment fonctionnez-vous au quotidien ?

EB. Avant même de saisir cette opportunité, j’avais déjà commencé à déléguer certaines responsabilités au sein de mon groupe en les confiant à Jean-Yves Rouzes (direction générale) et Nathalie Deboude (DAF), un binôme qui fonctionne d’ailleurs très bien et avec lequel je suis constamment en relation. Je passe donc aujourd’hui 100 % de mon temps ici.

JA. On ne peut s’empêcher de se demander s’il existe des liens entre les deux groupes ?

ALAIN BORIO. Il existe ponctuellement des synergies, notamment au niveau des achats et particulièrement en ce qui concerne les pièces de rechange. Nous groupons ainsi nos forces pour améliorer nos positions, mais d’une façon générale, il n’existe aucun lien entre les deux entités. Rien ne nous empêche en revanche d’échanger nos impressions et nos méthodes de travail.

JA. Justement, comment fonctionnez-vous tous les deux à la direction générale du groupe Marani et quelles sont vos attributions respectives ?

EB. Nous occupons la fonction de directeur général avec une prépondérance pour Alain Borio dans la mesure où il est statutaire et qu’il m’a lui-même nommé directeur général délégué. Ainsi, nous fonctionnons de manière naturelle, sachant où se trouvent nos places respectives. Nous nous complétons. Alain Borio n’est pas issu du milieu de l’automobile, ce qui constitue une force car il bénéficie d’un certain recul. Quant à moi, j’ai une certaine expérience de ce secteur, ce qui nous permet d’ajuster nos points de vue et d’en tirer le meilleur.

JA. L’autre grand changement est constitué par la séparation de la branche Havard au sein du groupe. Mais qu’en est-il aujourd’hui et quels sont les liens entre les deux entités ?

AB. Jusque très récemment, Le Garage Nation détenait 50 % du groupe Max Havard. Mais Joseph Marani a légué dans son testament à Max Havard une part lui permettant de devenir propriétaire de son groupe à hauteur de 50,001 % et de prendre ainsi son indépendance vis-à-vis du groupe Marani. Néanmoins, nous avons encore un droit de regard sur ces affaires dans le sens où nous avons un pacte d’actionnaire et ce jusqu’en 2017. Aujourd’hui, Max Havard n’a pas de part dans le Garage Nation alors qu’Edda Marani, au contraire, détient 49,99 % des parts du groupe Havard. Il y a une deuxième particularité qui réside dans le fait que nous détenons une partie des parts du capital des SCI de Max Havard : ainsi, Brie des Nations par exemple, concession Renault dirigée par Max Havard et vaisseau amiral du groupe, est détenue à hauteur de 40 % par Edda Marani. C’est aussi le cas pour d’autres affaires comme celles situées à Poitiers ou Châtellerault, ou encore la concession Mercedes de Fontenay-sous-Bois, dans laquelle Madame Marani contrôle là encore près de 50 % des parts. Pour l’heure, les affaires sont indissociables. Aujourd’hui, les deux entités formées, d’une part, par le groupe Marani et, d’autre part, par le groupe Max Havard sont liées capitalistiquement parlant, mais ces deux mêmes entités sont indépendantes au niveau opérationnel. Il existe quelques passerelles entre les deux groupes sur certaines opérations gérées communément, et c’est tout.

JA. Que représente le groupe Marani aujourd’hui ?

AB. Le groupe emploie 395 personnes, distribue 4 500 véhicules neufs et 6 000 véhicules d’occasions pour un chiffre d’affaires de 167 millions d’euros. Les marques commercialisées par le groupe sont Renault (Garage des Nations à Paris 12e / Relais des Nations à Fontenay-sous-Bois), Dacia (Garage des Nations/Relais des Nations), Nissan (Garage des Nations), Ford (Montreuil, Vincennes, Paris Picpus), Honda (Saint-Maur), Hyundai (Kremlin-Bicêtre) et les marques du groupe Fiat sous l’enseigne CAB Nation (Paris 13e, Chelles, Créteil, Chennevières-sur-Marne, Anthony et Morangis) (N.D.L.R. : le groupe Marani/Havard avait écoulé 14 716 VN en 2012).

JA. Quels sont aujourd’hui vos impératifs, maintenant que vous dirigez le groupe Marani ?

EB et AB. Nous avions fait le constat que, bien qu’étant un groupe, celui-ci ne fonctionnait pas comme une entité, mais comme un agrégat de plusieurs affaires, sans qu’il existe une “culture groupe”. Or, il nous était important que tous les membres et collaborateurs du groupe se connaissent et sachent quelles étaient les prérogatives de chacun. Il était donc primordial de repenser cette “culture groupe”. Au-delà de ce postulat de départ, Edda Marani nous a confié une mission : pérenniser les affaires du groupe dans le temps, moderniser les concessions, faire entrer le groupe dans une nouvelle ère, ne plus vivre sur nos acquis… Depuis 2012, nous avons investi 2,5 millions d’euros dans le cadre de modernisations et de restructurations de nos sites. Tous ces points composent le schéma directionnel d’Edda Marani et notre ligne de conduite. Celle-ci constitue ce que nous appelons une première étape qui devrait s’étaler sur deux ans afin de remettre le groupe en ordre de bataille. Parallèlement, Edda Marani a aussi émis le souhait que nous puissions saisir toutes les opportunités qui se justifieront, notamment dans le but d’accélérer la visibilité et la croissance du groupe.

JA. Quand vous parlez de développement, il s’agit d’augmenter la présence du groupe dans des marques que vous représentez déjà ou de saisir de nouveaux panneaux ?

EB. Les deux. Evidemment, vous vous doutez bien que nous n’en parlerons pas encore et rien ne se fera sans l’aval d’Edda Marani. Il existe des pistes, nombreuses, mais tout ceci se fera dans la plus grande concertation. Mais encore une fois, pour l’heure, nous restructurons, nous renommons les directeurs de plaques, de sites, nous modernisons les affaires avant de nous intéresser, par exemple, à distribuer une marque Premium. Renault mérite aussi que son volume soit plus important et plus dense. Mais il est encore trop tôt pour évoquer tout cela.

JA. Le groupe Marani est d’ailleurs spécialisé dans la distribution des marques Renault et Fiat, qui ne traversent pas les meilleures périodes de leurs histoires…

EB. Certes, les volumes ou les rentabilités moyennes ne sont pas mirobolants dans ces marques de manière générale. Mais qui dit moyenne dit aussi qu’il y a de bons et de mauvais élèves. Au sein du groupe Marani, nous visons tout simplement l’excellence et nous faisons partie de ceux qui gagnent de l’argent avec ces marques, ce qui signifie que tout est possible. Nous rappelons aussi que le groupe est très capitalisé et maîtrise 90 % de son immobilier en qualité de propriétaire. Fin 2012, il dégageait des marges de profits supérieures à celles constatées dans d’autres groupes. Pour l’exercice 2013, nous nous doutons que nous n’atteindrons pas de résultats excellents, d’autant plus que nous subirons parallèlement les conséquences de nos restructurations. Il est possible que nous perdions de l’argent en 2013. En 2014, nous retrouverons l’équilibre de gestion avant de renouer avec les profits en 2015, année à partir de laquelle le VO ne sera plus le seul point fort du groupe.
 

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