Les distributeurs font face au RGPD
Selon une étude menée par Smart RGPD en mars dernier, plus de la moitié des entreprises interrogées ont déclaré ne pas savoir en quoi consistait ce règlement général sur la protection des données. Seules 18 % se sont dites conformes. Des chiffres qui reflètent aussi les errements de la distribution automobile. Pour Robert‑Claude Soria, dirigeant de Clara Automobiles (groupe Dubreuil), nul besoin d’études pour savoir que très peu d’acteurs sont à l'heure actuelle prêts. "Nous sommes un peu laissés seuls dans ce grand capharnaüm que crée ce règlement, non adapté au commerce automobile", déplore-t-il. Une complexité d’adaptation du secteur à ce règlement rendue croissante par la multiplicité des connexions à des tiers et des points d’entrée des contacts.
"Dans la distribution, les informations proviennent de plusieurs canaux : du constructeur, bien sûr, mais aussi des prestataires, des fournisseurs de données, des gestionnaires de campagnes e‑mailing et SMS, des plateformes digitales ou encore des prestataires chargés de la mise en ligne des sites, liste Robert‑Claude Soria. Autant de parties prenantes qui ne seront peut‑être pas capables de se mettre en conformité." Ce qui impliquera peut‑être, in fine, pour le groupe de distribution des changements de prestataires.
L’impossible mise en conformité des bases déjà existantes
Gros point noir de ce RGPD : la mise en conformité des bases de données déjà existantes via l’obtention du consentement. Ce que confirme Philippe Dugardin, directeur du groupe du même nom, qui admet que seuls les nouveaux contacts seront finalement en règle. "Nous serons davantage dans une démarche proactive pour les nouvelles données récoltées, mais ce travail est impossible à accomplir pour celles déjà existantes", se résigne le dirigeant. Une méthode également adoptée par le groupe Lempereur, où le consentement ne sera demandé que pour des données déjà existantes et dites sensibles, souvent générées par les services RH ou SI.
A la question de savoir si les entreprises seraient sanctionnées en raison de ce manquement à la loi, la réponse de la Cnil est restée de toute façon plutôt évasive. "Nous verrons au cas par cas", nous a déclaré Isabelle Falque‑Pierrotin, sa présidente.
"Une entrave au commerce auto"
Autre point de friction, le nettoyage semestriel des bases. En clair, tout contact resté en sommeil durant une période de six mois devra être supprimé. Trop court, un tel délai se révèle inadapté à des cycles de consommation beaucoup plus étendus dans la distribution automobile. Les concessionnaires dénoncent un risque d’appauvrissement du commerce, mais surtout une favorisation des acteurs pour qui ce règlement a été avant tout pensé. "Nous allons devoir potentiellement acheter plus régulièrement des bases de données à des tiers pour qui la loi a été faite à l’origine, pointe Robert‑Claude Soria. C’est un non‑sens !"
Philippe Dugardin lui emboîte le pas : "Obliger à supprimer les contacts non actifs au bout de six mois va faire perdre de la valeur à notre entreprise. Ce règlement aura pour effet de rendre les clients de plus en plus méfiants, et va donc finalement nous mettre des bâtons dans les roues pour faire notre métier, alors que nous ne sommes sûrement pas ceux qui utilisaient ces données de la plus mauvaise façon."
Retrouvez l'enquête complète dans le dernier numero du Journal de l'Automobile.
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