Les agents Peugeot ne veulent pas payer pour les reprises de véhicules
Si au niveau commercial et en termes d'image de marque tout va bien pour Peugeot, il semblerait cependant que certains remous existent aussi bien au sein du réseau primaire que du secondaire. Dans le dernier Journal de l'Automobile (JA 1270), nous sommes revenus sur les tensions existantes entre Peugeot et ses opérateurs. Ces derniers reprochant notamment à la marque "son exigence en termes de politique commerciale et des marges devenues trop restreintes".
Aujourd'hui, ce sont de nouvelles tensions qui viennent d'apparaître entre les agents de la marque et le réseau de concessionnaires. En effet, dans un communiqué diffusé le jeudi 24 janvier 2018, le GAAP, le groupement des agents Peugeot, a mis à jour ces tensions regrettant "la politique commerciale appliquée par les distributeurs envers ses agents."
Concrètement, les agents reprochent aux distributeurs "de ne pas respecter la charte des bonnes pratiques mise en place notamment concernant les conditions commerciales de reprises de VO lors d'un achat d'un VN".
"Les distributeurs continuent à facturer les frais sur les véhicules repris variant de 200 à 800 euros avec parfois même un effet rétroactif", explique Florence Gete, présidente du GAAP. Pour le groupement d'agents, "les distributeurs ne font que récupérer de la marge sur le dos des agents et abusent de leur position dominante. En somme, ce sont des démarches pratiquées par les filiales que le réseau de distribution s'approprie également".
Une certaine logique pour les distributeurs
Le GAAP n'hésite pas à reconnaitre qu'il est "en conflit ouvert avec les distributeurs de la marque et qu'il est engagé dans un bras de fer". "Nous souhaitons que les distributeurs nous laissent exercer cette activité librement, sans entrave financière, ni administrative. Nous demandons que l'agent qui effectue toutes ses reprises VO associées à la vente d'un VN ne soit facturé d'aucun frais par les concessionnaires sinon de frais raisonnables pour celui qui effectuerait des reprises ponctuelles", assène Florence Gete.
Pour le GAAP, le VO est considéré "comme le dernier espace de liberté pour les agents et il n'est pas question que les concessionnaires récupèrent ce secteur d'activité", explique-t-il en référence à l'activité PR perdue au profit des plateformes PSA mises en place par le constructeur.
De leur côté, les distributeurs ne l'entendent pas de cette oreille. "Seuls les gros agents sont concernés et ce communiqué de presse publié est d'ailleurs à leur initiative", explique un concessionnaire qui poursuit : "beaucoup d'agents se prennent pour des distributeurs sans pour autant connaître les tenants et aboutissants du métier et encore moins les contraintes. Je vois dans l'attitude des distributeurs une certaine logique dans ce business de reprises VO. En effet, n'oublions pas que ce sont les concessionnaires qui portent les voitures ou paient les agios financiers. Il y a une certaine logique à ce que nous récupérions un peu ces coûts sur les reprises VO".
Tous les regards tournés vers la marque
Mais finalement, tous les regards se tournent vers la marque. Ainsi, le GAAP attend que Peugeot "prenne position". Dans le communiqué, Florence Gete n'hésite pas à parler du moins pour l'activité VO "d'un désintérêt du constructeur pour son réseau d'agents" et regrette aussi que "le constructeur se vante de ses performances commerciales et de ses bénéfices record, mais la réalité est toute autre sur le terrain".
Des propos que ne renient pas, de leur côté, certains distributeurs. "Les tensions sont réelles avec la marque aussi bien au sein du réseau primaire que secondaire. Mais je pense très sincèrement, que cette attitude est voulue par Peugeot. En attisant les braises, la marque pense aller chercher la quintessence de ses réseaux de distribution. C'est une stratégie, payante pour l'heure, certes, mais jusqu'à quand ? Comment agira-t-elle quand le vent aura tourné ? ", se demande aussi un concessionnaire. La balle est maintenant dans le camp de Peugeot.