La Concession de l’année… 2025 ?
Autrement dit, faut-il continuer à vendre les automobiles comme il y a cinquante ans ? Pour le moment, on continue comme si de rien n’était, et on répond à la chute du marché par la concentration des affaires, le rachat des concessions par les constructeurs, qui en font des succursales et s’efforcent (parfois avec succès) de les revendre ensuite. On n’innove en rien. Les conséquences de cet état de fait sont néfastes pour le portefeuille des consommateurs, parce que l’outil de distribution, surdimensionné par définition, coûte cher ; mais cette onérosité ne se traduit pas par une rentabilité exceptionnelle des concessions, bien au contraire. On perd donc sur les deux tableaux. Ceci pourra-t-il durer encore longtemps ? Le passé nous renvoie certes l’image d’un microcosme automobile immuable ; mais le passé ne compte pas : il n’y a rien de commun entre le marché des années précédant la crise de 1993, et le marché actuel. “Jadis et naguère”, on avait le droit d’être insouciants, malgré quelques coups de semonce lors des chocs pétroliers. “Dorénavant”, il vaudrait mieux s’attacher à transformer la distribution automobile, en commençant par se libérer des oripeaux de la profession.
La fin des oripeaux…
Les oripeaux sont des “vieux vêtements bizarres qui ont conservé un reste de clinquant” (Larousse). Il y en a dans les concessions comme chez les constructeurs : c’est tout ce qui coûte cher, fait belle impression et ne rapporte rien. On les appelle, dans la profession, “critères qualitatifs”. On doit les respecter, c’est la règle. Mais aujourd’hui, une concession qui veut continuer à opérer sans perdre d’argent doit être capable de s’adapter rapidement aux évolutions multiples, fréquentes et contradictoires du marché, en termes de volumes, prix, segments, marques et modèles. Tout ce qui la cloue au sol, tout ce qui la rend semblable, voire identique, à la concession voisine, tout cela est faussement rassurant et réellement nuisible, voire pernicieux. En laissant le champ libre aux initiatives de ceux qui, parmi les concessionnaires, ont des idées innovantes en matière de distribution automobile, il serait possible aux concessions d’évoluer vers de nouveaux modèles d’entreprises. La concurrence et l’émulation feraient que les plus efficaces s’imposent, en attendant que de nouvelles innovations les rendent, à leur tour, obsolescentes. Le secteur disposerait enfin d’un système de distribution évolutif, qui “colle” au marché et coûte moins cher aux consommateurs, sans qu’il soit nécessaire que les constructeurs ne subventionnent les concessions. Mais ce serait alors la fin des “restrictions verticales” dans le secteur de la distribution automobile, et personne ne souhaite, chez le constructeur comme dans les réseaux, qu’on en arrive là.
... n’est pas pour demain
D’un point de vue strictement logique, les accords d’exemption ont fait leur temps, en ce qui concerne la vente des automobiles. Rien, sinon les habitudes et les rigidités, ne justifie en effet la survie d’un contrat de concession tel qu’il est conçu et appliqué depuis des décennies, qui empêche les consommateurs de choisir entre plusieurs types d’entreprises de distribution, et qui empêche les concessionnaires d’organiser leur entreprise comme ils l’entendent et de choisir librement les marques et modèles qu’ils veulent vendre… Un tel système, par sa cherté et son déficit d’efficacité, nourrit la crise de la demande. Mais, qu’à cela ne tienne ! Après le 31 mai 2013, ce sera pire. Le principal avantage du système actuel, qui est celui de laisser la porte ouverte à un multimarquisme modéré, sera aboli dans les faits, grâce à la clause de non-concurrence qui pourra être appliquée pendant cinq ans. La “Concession de l’année 2025” sera donc vraisemblablement très classique, et même un brin rétro, comme la brillantine et les lessiveuses. Le marché sera difficile, les marques chinoises auront débarqué, cassant les prix. Et les consommateurs les plus avisés achèteront leurs voitures ailleurs que dans les concessions. Un peu comme aujourd’hui ? Plus et mieux, sans doute.
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