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Distribution

“Je n’ai aucune stratégie de croissance externe”

Publié le 9 avril 2015

Par Benoît Landré
6 min de lecture
Implanté dans l’Yonne (89), le groupe Autoreva, avec son dirigeant Yann Milliez, cultive une approche atypique de la distribution automobile, mais de plus en plus en phase avec l’évolution du paysage, qui repose sur une diversification horizontale des activités et des services.
Yann Milliez, président du groupe Autoreva.

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Le groupe a fait parler de lui l’an passé avec la reprise de deux sites Renault/Dacia au groupe Tupinier. Dans quelle situation étaient ces affaires ?

YANN MILLIEZ. La situation était compliquée. Mais comme ces deux affaires respectaient une cohérence par rapport à notre implantation géographique et notre organisation, nous avons pu rapidement profiter de synergies naturelles. Ces deux affaires ont représenté un volume de 1 500 VN et 1 000 VO en 2014.

JA. Comment vous positionnez-vous dans un paysage de plus en plus concentré ? Quelle est la stratégie qui préside au développement du groupe Autoreva ?

YM. Il faut avoir un endettement extrêmement calculé. Par conséquent, ma croissance reste conditionnée à des opportunités qui présenteraient une complémentarité à l’organisation actuelle. Par exemple, nous allons officialiser prochainement la prise du panneau Honda pour le département de l’Yonne. La marque, qui n’était plus représentée à Auxerre, va être intégrée dans l’une de nos concessions. Toutefois, contrairement à certains confrères qui sont en veille, je n’ai aucune stratégie de croissance externe. Comme je ne suis pas en demande, les constructeurs me sollicitent peu. De toute façon, sur notre périmètre, les opportunités seront rares car les positions sont figées.

JA. Que ce soit en termes de volume ou de chiffre d’affaires, vous fixez-vous une barre “symbolique” à atteindre ?

YM. Non. J’estime qu’il n’existe pas de taille critique. La seule chose qui prévaut est la gestion des ressources humaines.

JA. Quels sont les piliers de la rentabilité de vos affaires aujourd’hui ?
YM.
La rentabilité du groupe repose sur un ensemble de centres de contribution, qui vont des boutiques de stations-service, des agences de location courte durée au département location longue durée, au centre occasion multimarque, en passant par la carrosserie centralisée… Certes, chacune de ces activités n’affiche pas des rentabilités extraordinaires, mais quand on les additionne, cela donne des résultats et contribue surtout à faire travailler l’ensemble de la chaîne des métiers. C’est un cercle vertueux. Nous développons également des activités annexes, telles que l’entité Renault Sport, que nous avons ouverte en 2012 à Joigny, dans laquelle nous avons intégré le restaurant Team Cooking.

Par ailleurs, au sein d’un point de vente, j’estime que chacune des activités (VN, VO, après-vente, pièces de rechange) doit contribuer à hauteur de 25 % des résultats. Les frais communs ne doivent pas dépasser 4,5 % du chiffre d’affaires et le loyer ne doit pas excéder au maximum 1 % de ce chiffre d’affaires. La couverture des frais fixes en après-vente varie selon les marques représentées et les concessions, et dépend aussi de la sensibilité des dirigeants. Certaines de nos affaires affichent des taux de couverture de 70 à 75 %, quand d’autres se situent autour de 50 %.

JA. Avez-vous d’autres projets annexes ou complémentaires dans les cartons ?

YM. Non, car je ne perçois pas, à l’heure actuelle, d’idées phares synonymes de développement. Mais quand je me rends aux Etats-Unis, à raison de trois à quatre fois par an, j’en profite pour observer les pratiques des distributeurs. D’ailleurs, quel que soit le pays dans lequel je me trouve, je regarde la façon dont les opérateurs sont organisés.

JA. En revanche, au regard de votre site Web, on se dit que le e-commerce ne rentre pas dans vos priorités stratégiques ?

YM. Nous sommes surtout orientés sur le commerce VO, via les sites de petites annonces, et nous exploitons les sites Mercedes-Benz. Mais ce n’est pas cela qui apporte de la contribution au chiffre d’affaires. Nous sommes implantés sur des zones très rurales où les clients recherchent encore le contact direct et la proximité, d’autant que nos affaires bénéficient de très bons emplacements et d’une visibilité optimale.

JA. Vous avez une activité de LLD sous l’entité Autoreva Lease. Rares sont les opérateurs à proposer cela.

YM. Oui, car cette activité dévore la trésorerie, et nécessite un gros cash et des hauts de bilan en béton armé. Cela implique également de bénéficier d’un maillage extrêmement fort sur le terrain, que nous avons naturellement via nos affaires.

Autoreva Lease est proposée à la fois dans l’Yonne, où nous avons implanté notre plate-forme d’assistance, mais également à Paris, via nos bureaux de Neuilly-sur-Seine. Nous touchons des PME/TPE et professions libérales avec une flotte de 500 véhicules. Les contrats courent sur 24 à 48 mois. Cette entité nous permet de fabriquer des VO de 36 mois, qui sont les meilleurs VO, et d’alimenter nos différents parcs occasion. Quand un véhicule rentre, nous informons l’ensemble des responsables occasion du groupe et le premier qui lève le doigt l’achète.

JA. Votre politique VO tourne beaucoup autour du centre multimarque Sajamax 2. Que représente ce site ?

YM. Ce centre, que nous avons implanté dans un champ de maïs à Joigny il y a vingt ans, est très connu dans le département du fait de sa position le long de la nationale 6. Il a pour caractéristique de proposer des VO extrêmement soignés et de ne représenter aucun label de constructeur. En moyenne, il génère un volume de 750 voitures. Juste à côté, nous commercialisons Dacia qui pèse 15 % de part de marché, soit trois fois la pénétration nationale. Nous sommes deux opérateurs en France à avoir choisi d’exploiter Dacia à l’écart de Renault, le groupe Gueudet et nous.

JA. En quoi consiste l’Autoreva Académie ?

YM. Nous l’avons arrêtée faute de combattants. Quand vous passez une annonce, aujourd’hui, pour recruter des juniors et les former en certificat de qualification professionnelle, à un niveau Bac+2 ou Bac+3, nous recevons cinq candidatures, contre une centaine auparavant. Par conséquent, nous ne pouvions plus qualifier suffisamment de candidats.

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Dates Cles

1983
Rachat de la concession Renault de Joigny (89) et prise du premier panneau Europcar.
1995
Création du centre occasion multimarque Sajamax 2 à Joigny.
1997
Yann Milliez reprend la concession BMW Team Lafayette à Paris (revendue en 2006).
2002
Reprise de Citroën
à Joigny.
2003/2004
Prise du panneau Mercedes-Benz (VP, VUL et VI) à Auxerre et Sens (89).
1983
Rachat de la concession Renault de Joigny (89) et prise du premier panneau Europcar.
1995
Création du centre occasion multimarque Sajamax 2 à Joigny.
1997
Yann Milliez reprend la concession BMW Team Lafayette à Paris (revendue en 2006).
2002
Reprise de Citroën à Joigny.
2003/2004
Prise du panneau Mercedes-Benz (VP, VUL et VI) à Auxerre et Sens (89).
 

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FOCUS - Un élève d’André ­Schumacher

A la sortie de ses études, Yann Milliez a fait ses armes auprès d’André Schumacher, père d’Edouard Schumacher, actuel P-dg du groupe éponyme. Il y a notamment côtoyé un autre dirigeant de groupe, Olivier Lamirault. “André Schumacher avait mis en place une organisation autour de la distribution automobile très avant-gardiste, dont j’ai pleinement profité”, admet le dirigeant d’Autoreva. Et d’illustrer : “En ouvrant le centre indépendant Sajamax 2 à Joigny en 1995, je me suis inspiré du centre VO M.A.I d’Orgeval, une machine de guerre à l’époque. De la même manière, la filiale Autoreva Lease a été calquée sur le réseau Chevalier Location du groupe Schumacher.”


 

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