Distribution automobile en France : 20 ans de transformation
En juin 2003, le Journal de l’Automobile publiait la première édition de son numéro spécial dédié au 100 plus grands groupes de distribution automobiles en France.
En nous replongeant dans les archives, nous avons pu observer ô combien la distribution automobile avait profondément évolué pendant ces deux décennies, mais que les acteurs fondamentaux pour les plus importants d’entre eux étaient déjà bien présents.
Ainsi, si l’on se penche sur les 10 premiers distributeurs, certains étaient déjà dans le classement. Ainsi PGA Motors, qui est devenu entre‑temps Emil Frey France, était le premier distributeur de France, avec un volume de 78 830 véhicules neufs vendus et un chiffre d’affaires en 2002 de 2,37 milliards d’euros.
C’était d’ailleurs le seul groupe à dépasser le chiffre symbolique du milliard d’euros, alors qu’aujourd’hui, ils sont plus de vingt. Toujours en 2003, une vingtaine d’acteurs ne dépassaient pas les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, pas un seul de notre classement est en dessous de cet autre palier.
L'évolution des groupes de distribution depuis 2003
Il est aussi intéressant de noter que parmi les 10 premiers distributeurs, cinq avaient comme marque principale Renault, trois, Peugeot, un, Citroën, et un…, Fiat, avec le groupe Hess.
Sept sont encore présents aujourd’hui : citons par ordre d’apparition, les groupes PGA Motors (depuis 2017, Emil Frey France), Bernard, Zodo (aujourd’hui GGP), Gueudet, Neubauer, qui néanmoins en perdant la distribution Peugeot, il y a quelques années, a quelque peu reculé dans le classement, mais dépasse désormais lui aussi le milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2023, Kroely et Hess.
Les trois disparus sont le groupe Tébaldini qui a été, pendant des années, le plus important distributeur Citroën de France. Son dirigeant a cédé la plupart de ses affaires à la fin des années 2000. Le groupe Schuller, qui a vendu en 2015 ses dernières concessions à PGA, ainsi que le groupe Marani (Nation).
Dix ans plus tard, dans notre édition de 2013 (activité 2012), le classement avait beaucoup évolué. Après avoir doublé ses ventes en 2011, PGA Motors commercialisait 97 200 véhicules neufs et dépassait les 3,31 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Cela restait d’ailleurs à cette époque toujours le seul groupe à être au‑dessus du milliard d’euros, bien que le groupe Bernard s’en rapprochât (880 millions d’euros).
Croissance du chiffre d'affaires
L’année 2012 n’avait d’ailleurs pas été bonne car la plupart des distributeurs affichaient des ventes et des résultats en baisse, conséquence de la crise de 2008. Dans le classement des 10 premiers, de nouvelles têtes faisaient leur apparition.
Un certain BYmyCAR, qui avec moins de 5 ans d’existence, s’imposait déjà. Il était à la 3e place en termes de volume avec 27 000 unités et au chapitre du chiffre d’affaires, il se positionnait à la 5e place avec 700 millions d’euros. Pour rappel, en 2003, les deux partenaires Jean‑Louis Mosca (Cosmobilis – BYmyCAR) et David Gerbier travaillaient ensemble et ne figuraient qu’à la 57e place de notre classement avec 4 500 voitures neuves (estimation JA).
En 2013, ce même David Gerbier figurerait à la 5e place avec 24 500 voitures neuves. Trois autres acteurs, dont certains n’apparaissaient même pas dans le top 20 dix ans auparavant, se frayent une place vers les sommets : c’est le cas des groupes Jean Rouyer, Maurin et Midi Auto.
Part de marché en hausse du top 100 de la distribution
Il n’y a évidemment pas que les chiffres d’affaires qui ont fortement progressé. En 2003, le groupe Bernard commercialisait 22 821 véhicules neufs. Si l’on projetait ses résultats aujourd’hui, il sortirait du top 10. En 2003, les 100 premiers distributeurs commercialisaient 674 621 voitures neuves, pour un chiffre d’affaires supérieur à 17 milliards d’euros, un CA d’ailleurs estimé, car tous les concessionnaires n’avaient pas répondu à cette nouvelle enquête.
Vingt ans plus tard, ils écoulaient 1 180 223 voitures et réalisaient un chiffre d’affaires de 57,5 milliards d’euros. Il est d’ailleurs intéressant de noter que si les ventes ont quasiment doublé, le chiffre d’affaires, quant à lui, a été multiplié par plus de trois.
Lire aussi : Que pèsent les 100 premiers groupes de distribution en France en 2023 ?
Ce dernier a été porté par l’augmentation du prix des voitures dont le contenu technologique a explosé, par l’apparition de nouveaux types de carrosseries, comme les SUV, par l’arrivée des modèles électrifiés puis électriques et par l’augmentation du prix de l’après‑vente.
Vers la constitution de mégagroupes européens
Depuis quelques années, le classement des 20 premiers distributeurs n’évolue plus trop. Les groupes se sont structurés en actionnant les leviers de la croissance externe. Ils ont notamment repris des affaires plus petites ou des entreprises dont les dirigeants n’avaient pas de successeurs. Cette stabilité va‑t‑elle durer ? Si l’on s’appuie sur ce qui se passe dans les autres pays européens, notamment au Royaume‑Uni, les possibilités de croissance sont encore très importantes.
Éditée par le cabinet ICDP, l’enquête Top 300 European Dealer Groups a présenté, au printemps, une liste des 300 plus grands distributeurs automobiles en Europe. Parmi eux, figurent 67 groupes français, dont Cosmobilis, Gueudet, Maurin, RCM, Eden Auto, Bernard ou encore CAR Avenue qui se placent dans le top 100. La France se positionne d’ailleurs à la 3e place dans le classement des nations qui disposent des plus importants acteurs automobiles, derrière le Royaume‑Uni et l’Allemagne.
Lire aussi : Les 50 premiers distributeurs européens
Arrivent ensuite 30 groupes français entre la 101e place et la 200e et 17 entre la 201e et la 300e. Si l’on prend ces données par le prisme des résultats financiers, les acteurs français ont réalisé un chiffre d’affaires moyen de 687 millions d’euros par rapport à une moyenne globale européenne de 927 millions d’euros.
"Ces chiffres révèlent que la France se positionne à la 3e place des pays en termes de taille de distributeur. Pour autant, elle ne dispose pas encore de mégagroupes, sauf si l’on prend séparément Emil Frey France, qui se positionnerait à la 6e place de notre classement", commente Steve Young, directeur opérationnel d’ICDP.
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