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“C’est au CNPA, le syndicat le plus écouté et respecté par les pouvoirs publics, de fédérer la profession”

Publié le 4 février 2015

Par Frédéric Richard
6 min de lecture
Devenu une véritable branche au sein du CNPA, le contrôle technique dispose désormais d’un droit de cité plus important en interne et auprès des pouvoirs publics. De quoi en découdre face aux défis qui attendent la profession pour son président, Nicolas Bouvier.
Nicolas Bouvier, président de la branche contrôle technique du CNPA.

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Pouvez-vous rappeler brièvement l’historique de l’implication du CNPA dans le contrôle technique ?
NICOLAS BOUVIER.
Il y a quatre ans, le contrôle technique était représenté par une simple commission au sein du CNPA, ce qui ne lui conférait pas le même statut que les autres métiers de l’automobile.
A l’époque, cette commission ne regroupait que des centres indépendants, une représentativité insuffisante pour l’établissement d’une branche à part entière en interne. Puis Dekra a rejoint ladite commission, qui s’est alors divisée sous deux commissions, l’une dédiée aux réseaux et l’autre aux centres. Enfin, les deux commissions ont fusionné en une branche à part entière en juillet dernier. Il est intéressant de voir que tout s’est fait par étapes, de manière très consensuelle. Christian Sibrik, ancien président de la commission des centres, est d’ailleurs vice-président de la branche, et toutes nos réunions sont conjointes. Désormais, au sein du CNPA, le contrôle technique dispose du même statut et de la même représentation que les autres métiers. C’est fondamental, car la difficulté dans cette organisation est déjà d’y faire sa place.

JA. Quelle était votre intention en prenant la présidence de la branche ?
NB.
Je voulais, et je souhaite toujours, que tous les acteurs du métier se retrouvent au sein d’un endroit neutre, pour parler d’une même voix forte. Ne le cachons pas, le CNPA reste LE syndicat de l’automobile que l’on écoute et qui pèse dans les discussions avec les pouvoirs publics. Toutefois, culturellement, dans le contrôle technique, être concurrent et adhérer au même syndicat reste, semble-t-il, complexe. A ce jour, seul Autovision a rejoint Dekra au CNPA, mais je ne désespère pas de voir les autres opérateurs nous rejoindre. Nous ne représentons pas une énorme profession dans l’automobile par rapport à d’autres métiers, et c’est la raison pour laquelle je déplore la création du SCTV (Syndicat du contrôle technique des véhicules, porté par Martine Houlière, présidente de Securitest, N.D.L.R.), car je pense que ce genre d’initiative dilue nos messages. Avec tous les défis qui nous attendent, je pense qu’il ne faut pas se disperser. Même si, avec Dekra et Autovision, nous pesons désormais au CNPA près de la moitié du marché.

JA. Pensez-vous pouvoir fédérer les troupes à court terme ?
NB.
Peut-être est-ce prétentieux ou présomptueux, mais je pense que tout le monde se retrouvera in fine au CNPA, et que ce n’est qu’une question de temps. De manière naturelle, l’évolution se fera. Le CNPA est le plus représentatif aujourd’hui, et cela se confirmera encore avec la problématique réglementaire de représentativité et l’évolution des statuts des syndicats, qui approche. Par ailleurs, le CNPA porte les sujets d’une façon plus percutante et plus forte que les autres. Je pense qu’à un moment donné, naturellement, les opérateurs non adhérents seront frustrés de n’avoir pas les mêmes moyens pour se faire entendre. Les présidents de branche et le président national du CNPA ont accès à des interlocuteurs difficiles à toucher autrement, c’est un fait. Ce type de contacts reste nécessaire dans la vie et la défense d’une filière.

JA. Quels rapports entretenez-vous avec les pouvoirs publics, au CNPA ?
NB.
Nous avons expliqué l’évolution de la branche contrôle technique à Cathy Bieth, et je la crois sensible au fait que les débats se font maintenant au travers de l’implication forte du CNPA. Grâce à l’intermédiaire du syndicat, les discussions se tiennent dans un contexte favorable à la médiation, qui regroupe des représentants de toutes les parties impliquées dans la filière. Cette neutralité vis-à-vis des marques et des acteurs rend possible un débat dépassionné, car nous portons l’intérêt général et non plus celui de l’un ou l’autre.

JA. N’avez-vous pas le sentiment que les pouvoirs publics soient à l’heure actuelle des plus frileux dès lors qu’il s’agit de peser sur le pouvoir d’achat des ménages ?
NB.
Je n’en suis pas convaincu. Certes, nous ne remportons pas immédiatement tous nos combats, mais les victoires s’obtiennent dans la durée. Le CNPA porte des sujets qu’il ne lâchera pas, celui du SIV par exemple, consistant à permettre aux centres de CT d’établir des certificats d’immatriculation, au même titre que d’autres acteurs de l’automobile. Cette diversification est fondamentale pour notre métier, car si nous gagnons ce combat, cela ouvrira la voie à d’autres activités complémentaires. Mais attention, toujours pour des sujets compatibles avec notre mission première.

JA. En quoi le CNPA constitue-t-il un passage obligé pour traiter ce dossier, par exemple ?
NB.
Sans le CNPA, on ne pouvait pas mener ce débat. Quand nous avons choisi de nous lancer dans cette initiative, nous avons pu rencontrer et discuter avec les autres branches du CNPA concernées, le VP notamment. Après discussions, nous avons pu constater qu’ils n’étaient pas hostiles à l’extension de l’accès au SIV pour les acteurs du CT. Ce consensus interne a permis de faire porter le message par le président du CNPA lui-même. Ce n’est pas rien. Aujourd’hui, nous avons donc été bien entendus, il ne subsiste plus qu’une personne dans un ministère qui fait barrage, qui en fait une question de principe, mais nous y arriverons, car il n’y a objectivement aucun problème.

JA. D’autres chantiers en discussion avec les pouvoirs publics ?
NB.
L’article 17 bis de la loi sur la transition énergétique, si elle se maintient en état, prévoit des contrôles de pollution pour la vente de véhicules d’occasion. Mais il ne s’agirait pas des contrôles réglementaires. Nous militons activement pour que ces contrôles additionnels soient exclusivement pratiqués par les centres de contrôle technique, car c’est leur vocation et ce n’est pas à des acteurs de la réparation de se charger de cette prestation.

JA. Que dire de la mise en place de l’OTC LAN, pour juillet 2016 ?
NB.
Nous ne sommes pas contre, bien au contraire. L’évolution des normes du CT constitue une nécessité, nous sommes donc pour cette interconnexion des matériels de contrôles avec l’informatique du centre. Mais l’OTC LAN signifie de gros investissements pour les centres, sur de nouveaux matériels ou des adaptations sur l’existant. Cette mise aux normes a été décidée pour offrir quelques remontées de données supplémentaires pour l’administration, mais ne présente aucun bénéfice pour le centre ou les clients. Et surtout, il ne faut pas oublier qu’en juillet 2017, la transposition de la directive européenne en droit français pourrait tout changer. Si l’on n’en sait absolument rien aujourd’hui, l’administration pourrait imposer des nouveaux investissements relatifs à la nouvelle réglementation seulement un à deux ans après l’OTC LAN. C’est à ce titre que le CNPA demande à tout faire d’un coup, quand on connaîtra un peu plus précisément le contenu de la transposition. Pour l’heure, le ministère nous oppose une fin de non-recevoir, mais nous poursuivons les discussions.

JA. Quelles autres évolutions réglementaires portez-vous ?
NB.
Je pense que dans un avenir proche, il nous faudra faire évoluer le contrôle technique en corrélation avec la technologie grandissante dans les véhicules. Notamment pour le contrôle des fonctions gérées par l’électronique, type ESP et autres assistances. En Allemagne, c’est le cas. Les contrôleurs pratiquent des tests via l’OBD du véhicule.

 

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