Avec Minautor, le moteur d'occasion a de l'avenir

Le moteur tourne déjà à plein régime. Un peu plus de trois ans après sa création, Minautor est déjà bien installé, et ne compte pas ralentir. Cette plateforme dédiée aux moteurs d'occasion est née dans l'esprit des quatre fondateurs de la holding Minerva Investments Group, qui détient Minautor à 100 %, à la fin de l'été 2019. Dès le mois d'octobre suivant, la machine était lancée.

"Nous avons commencé l'aventure avec des fonds personnels, que nous cherchions à investir. Il suffisait alors de valider l'idée et d'attaquer, expose Omar Khadouri, président et co-fondateur de Minautor. Nous avons vu en la pièce automobile un secteur où nous pouvions appliquer nos connaissances, étant tous les quatre financiers avec cinq à 15 ans d'expérience. C'est un marché à gros volume, un peu opaque et pas forcément régulé. Nous voulons augmenter sa liquidité, offrir au client final une clarification des prix, et gérer la chaîne de valeur de A à Z."

Plus de 4 000 références

Omar Khadouri, co-fondateur de Minautor. ©Minautor

Minautor, c'est donc une plateforme de vente et d'achat de moteurs d'occasion, destinée essentiellement aux professionnels, mais aussi aux particuliers. Et la start-up répond à un besoin : "Dans le microcosme des casses françaises, il y a surtout des voitures françaises. Quand on a une voiture de type nordique ou allemande, c'est plus délicat de trouver un moteur de remplacement, argumente Omar Khadouri. Quand un garagiste reçoit un client avec un moteur cassé, cela lui prend parfois deux mois pour trouver la bonne alternative. Nous voulons être le point de chute de cette problématique."

La plateforme se dit capable de délivrer un devis au client à partir de 4 000 références de moteurs d'occasion. Pour cela, elle travaille avec une cinquantaine de partenaires. Ces fournisseurs des quatre coins de l'Europe (France, Espagne, Allemagne, pays nordiques…) sont tous audités avant de collaborer avec la start-up.

Minautor fonctionne avec un algorithme, qui sélectionne le meilleur fournisseur en fonction de la demande du client. "S'il veut un moteur à très bas kilométrage, notre algorithme va s'orienter vers ce type de moteur-là, qui n'est pas forcément le moins cher. Mais si le client en veut un moins cher, alors nous nous adaptons", illustre le fondateur.

Par ailleurs, la société a accès aux stocks de ses partenaires, pour savoir si le moteur est disponible dès la demande. Une fois la commande passée, la réception s'effectue sous sept à neuf jours ouvrés, selon l'expéditeur. S'il est français, le délai est réduit à trois jours. Minautor assure de son côté le suivi de la commande et la SAV. Et tous les moteurs d'occasion envoyés passent par une batterie de tests pour vérifier leur qualité, et sont garantis six à douze mois.

Atteindre les 2 000 moteurs d'occasion en propre

Outre ses fournisseurs partenaires, Minautor dispose d'un stock de 300 moteurs en propre, qui vise à s'étendre. En effet, la start-up a réalisé, en octobre 2022, une levée de fonds de 4 millions d'euros. Celle-ci va notamment l'aider à atteindre les 2 000 moteurs d'occasion en propre d'ici à 2024. "Cela nous permettra d'envoyer plus rapidement les commandes aux clients. Notre algorithme nous indique quels sont les moteurs les plus demandés, pour mieux sélectionner ceux que nous stockerons", commente Omar Khadouri.

Actuellement, ce dernier est le seul gestionnaire de Minautor, les trois autres fondateurs étant sur d'autres businesses. Autour de lui s'est constituée une équipe d'une quinzaine de personnes : des commerciaux, une équipe technique chargée de développer les plateformes et analyser les datas pour optimiser les achats de stocks, ou encore un pôle SAV multilingue (français, espagnol, portugais).

Quotidiennement, Minautor envoie 10 000 devis, contre à peine 1 500 à l'automne 2022. "Dès nos débuts, la réponse du marché était bonne, nous avons eu beaucoup de demandes. Et les chiffres continuent de croître", se réjouit le fondateur. Les ventes se multiplient aussi forcément mais, pour l'instant, la société préfère ne pas communiquer et n'avancer que les 250 ventes mensuelles d'il y a quelques mois.

Minautor espère rapidement se constituer un stock en propre de 2 000 moteurs d'occasion. ©Minautor

Quoiqu'il en soit, la croissance se poursuit. Après avoir réalisé 2,3 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2021, Minautor a bouclé 2022 à près de 4 millions d’euros. Les chiffres suivent la popularité de la plateforme, que "la plupart de garagistes connaissent déjà", selon son président. Il poursuit : "Nous avons construit cette réputation sur notre travail. Les acteurs majeurs du secteur l'ont vu, et reconnaissent que nous aidons à fluidifier ce marché. Nous avons donc reçu un bon accueil. Quand vous apportez de la valeur ajoutée, les gens ne sont pas fermés à travailler avec vous."

Minautor déjà dans sept pays… Et bientôt plus ?

Minautor vise désormais l'agrandissement de son offre. La levée de fonds lui permettra aussi de se diversifier en proposant des boîtes de vitesses et d'autres types de moteurs que les actuels VL et VU : camion, bus, engins de construction ou encore agricoles. En ce début d'année 2023, un salarié a été recruté pour mettre en place ces nouveaux produits dans l'offre Minautor.

Mais l'expansion de la plateforme sera aussi géographique. Elle est déjà présente en France au Portugal, en Espagne, en Suisse et en Belgique. L'Italie et l'Allemagne s'ajouteront très vite à la liste. Mais Omar Khadouri ne compte pas s'arrêter là : "J'ai l'ambition de faire éclore Minautor sur d'autres continents, affirme-t-il. Certains types de moteurs qu'on trouve en Asie ou au Moyen-Orient permettent de répondre à une demande en Europe, et vice-versa. C'est donc possible, mais nous avons déjà du pain sur la planche ici. Je ne nous fixe donc pas de timeline."

Enfin, pour les particuliers, Minautor vient de signer un partenariat avec une autre start-up : Younited. Une solution de crédit instantané à destination du grand public en découlera très prochainement. "Devoir changer son moteur est généralement soudain, et le particulier n'a pas nécessairement les fonds pour encaisser cette dépense. Avec cette solution de financement, il commence à payer à J+30 après la réception du moteur, avec des mensualités. C'est un autre levier que nous apportons pour faciliter les choses", conclut Omar Khadouri.