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Import-export : la France du VO redevient bénéficiaire

Publié le 15 mai 2024

Par Catherine Leroy
7 min de lecture
Alors que les distributeurs français de véhicules d'occasion attendent un rebond du marché national, le commerce extérieur est, de manière inédite, passé dans le vert en 2023. Selon le rapport des douances, l'excédent s'élève à 356,6 millions d’euros.
Chiffres import-export VO 2023
En 2023, la France a exporté 255 893 véhicules d'occasion et en a importé 97 337. ©Le Journal de l'Automobile

Champagne ! Depuis près de huit ans que Le Journal de l’Automobile fait l'étude du bilan des douanes concernant les importations et les exportations de véhicules d’occasion, 2023 af­fiche une balance excédentaire !

 

Les échanges mondiaux de VO avec la France font ressortir un excédent de 356,6 millions d’euros, après un déficit au titre de 2022 de 134,6 mil­lions d’euros. Un retour inespéré du solde commercial dans le vert après quelques signaux positifs déjà enregistrés depuis l’année dernière.

 

Le segment des VO redresse la tête, contrairement aux échanges de vé­hicules neufs et d’équipements qui, de leur côté, restent désespérément déficitaires. En 2023, ces derniers ont accusé un trou de 23,9 milliards d’euros dont 18,5 milliards d’euros pour les véhicules et 5,4 milliards d’euros pour les équipements auto.

 

"Le développement des importa­tions de véhicules électriques contri­bue en grande partie à la détériora­tion du solde commercial enregistré pour les voitures", assurent encore les douanes.

 

Les importations de modèles électrifiés ont, il est vrai, été multipliées par vingt sur la pé­riode 2017‑2023, pour atteindre les 325 000 unités, d’après les douanes françaises. Les exportations de ces mêmes véhicules ont été multipliées par quatre seulement, à 176 000 uni­tés.

 

Un recul du volume

 

Mais ce qui est vrai pour la voiture neuve ne l’est pas forcément pour l’occasion. Les chiffres du bilan des douanes nous montrent même plu­tôt le contraire. Rien n’indique dans le détail de ces données une mise en lumière particulière à faire sur les véhicules électriques.

 

Les im­portations restent faibles (692 VEO en 2023 contre 492 en 2022) et, surtout, les exportations sont plus nombreuses (3 290 unités contre 2 696 en 2022).

 

En volume, nos exportations ont même diminué. Elles sont passées de 381 725 véhicules à 255 893 en 2023. Une baisse de 125 832 unités. Beaucoup plus que nos importations qui n’ont perdu qu’un peu moins de 7 000 unités.

 

Une nouvelle fois, c’est dans la variation des prix qu’il faut aller chercher l’origine de cet excé­dent. En réalité, le prix moyen de nos modèles exportés est passé de 5 348 euros en 2022 à 8 920 euros en 2023.

 

Du côté des importations, le phénomène s’inverse. Le tarif moyen des modèles importés en France descend à 19 785 euros contre 21 234 euros en 2022 !

 

Prix moyen des véhicules d’occasion dans les échanges (en €)
Année Importation Exportation
2023 19 785 8 920
2022 21 234 5 348
2021 17 861 7 655
2020 14 186 7 846
2019 12 842 8 231
2018 13 130 7 595
2017 13 616 7 120
2016 13 602 7 251
2015 13 308 5 054
2014 13 228 6 003
2013 10 258 6 300
2012 12 897 4 498
2011 13 412 5 678

 

Des prix plus bas en France

 

Un écart qui illustre bien la diffé­rence des prix moyens des véhi­cules d’occasion en France et dans les autres pays européens en 2023. Les offres de VO sur le territoire ont bien plus souffert de la baisse des prix que chez nos voisins eu­ropéens.

 

Résultat, nos exportations ont compté parfois jusqu’au double de celles de l’année dernière. Toutes les motorisations sont concer­nées… sauf l’électrique.

 

Ainsi, le prix moyen des modèles diesel exportés est passé de 4 731 à plus de 8 000 euros. Les mo­dèles essence ont flambé de près de 7 000 euros à 10 246 euros.

 

Les hybrides n’échappent pas à cette règle. Les véhicules HEV ont été vendus en moyenne à 19 373 euros contre 13 841 euros en 2022. En­fin, les hybrides rechargeables ont quitté le territoire à 18 823 euros contre 14 940 euros en 2022.

 

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Seuls les prix des modèles électriques exportés ont chuté pour atteindre 14 541 euros contre 22 268 euros en 2022. Une chute qui corrobore la faiblesse de la demande des vé­hicules 100 % électriques en Eu­rope. Mais aussi un marché, en va­leur, plus faible en France que dans les autres pays.

 

L’année dernière, les prix les plus bas dans les ventes à particulier étaient remarqués en France et en Espagne. Sur un indice 100, mi‑2023, seules l’Allemagne, l’Italie et la Belgique dépassaient ce niveau.

 

Valeur des véhicules exportés (en €) Nombre de véhicules exportés
2023 2022 2023 2022
Total dont 2 282 519 240 2 094 657 720 255 893 381 725
diesel 1 486 303 636 1 339 877 478 185 602 283 237
essence 615 155 825 646 695 616 60 041 92 442
hybrides 77 900 395 25 191 020 4 021 1 820
hybrides rechargeables 55 319 447 22 858 162 2 939 1 530
électriques 47 839 937 60 035 444 3 290 2 696

 

Les hybrides tiennent la route

 

Le phénomène s’observe également du côté des importations. Là aussi, les véhicules 100 % élec­triques ont connu une baisse de leur tarif. Ces derniers arrivaient sur le marché français au prix moyen de 31 847 euros en 2022. L’année dernière, le montant moyen a tout juste dépassé les 24 000 euros.

 

Les véhicules diesel souffrent également de ce moindre intérêt. Avec les modèles électriques, ce sont les principales motorisations qui perdent de la valeur.

 

Car les hybrides, rechargeables ou non, tout comme l’essence gardent le cap. Les PHEV, pourtant décriés, conservent la faveur des clients avec un prix moyen qui grimpe jusqu’à plus de 40 000 euros, contre 38 008 euros en 2022.

 

Valeur des véhicules importés (en €) Nombre de véhicules importés
2023 2022 2023 2022
Total  dont 1 925 870 446 2 229 283 585 97 337 104 328
diesel 523 904 801 599 239 858 32 043 31 341
essence 970 511 863 1 302 411 317 52 147 62 337
hybrides 160 872 351 166 241 160 6 113 6 324
hybrides rechargeables 253 950 183 145 722 624 6 342 3 834
électriques 16 631 248 15 668 626 692 492

 

La Pologne, terre d’accueil des VO

 

Au global, le solde de la balance commerciale est donc sauvé grâce aux exportations de véhi­cules diesel. Nos échanges sur cette motorisation ont permis un résultat de 962 millions d’eu­ros, générant la vente de modèles pour 1,486 milliard d’euros et 153 559 unités. Enfin, l’électrique affiche un résultat positif de 31,2 millions d’euros.

 

Avec 32 592 unités, la Pologne reste le principal pays où nous exportons nos véhicules d’occasion. C’est presque cinq fois moins que l’année dernière, mais avec un prix moyen qui est passé de 919 euros à 5 024 euros. Le Portugal, la Litua­nie et l’Espagne restent également les principaux pays destinataires de nos exportations, en volume.

 

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Dans ces derniers, tout comme en Allemagne, en Italie ou même en Belgique, ce sont les modèles diesel qui tiennent le haut du pavé. Mais le Portugal est en même temps le pays qui reçoit le plus de voi­tures électriques issues de France.

 

L'Allemagne pour les importations

 

Le trio des pays où nous allons chercher des VO reste stable. L’Al­lemagne figure en tête de nos ap­provisionnements avec 25 179 vé­hicules et une part de marché de presque 26 %.

 

En revanche, l’Es­pagne et la Belgique ont gagné du terrain et ces deux pays réunis pèsent autant que l’Allemagne.

 

À chaque fois, nous allons y cher­cher des motorisations thermiques. Sur 97 337 véhicules im­portés au total, 86 % possèdent des moteurs essence ou diesel, à un prix moyen de 17 500 euros. En revanche, seuls 692 véhicules électriques ont été importés et 12 455 hybrides, rechar­geables ou non.

 

Au‑delà de ces modèles d’occasion classiques, on trouve aussi une importation de Grèce d’une voiture valant 210 000 euros, ainsi qu’une exportation vers le Bahreïn de 197 223 euros !

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